La mutation du marché des capitaux est lancée. Avec la mise en place du nouveau règlement de la Bourse, les professionnels s'attendent à une transformation au cours des deux à trois ans à venir. Selon le scénario le plus optimiste, le marché sera plus liquide, disposant des produits les plus sophistiqués et ouvrant l'accès aux PME. Le marché boursier a son nouveau règlement général. Une nouvelle version qui vient d'être adoptée et qui entrera en vigueur avant fin 2019. Elle aura la particularité de conférer à la société gestionnaire de la Bourse plus de flexibilité dans la mise en place des outils nécessaires au développement du marché. «Une flexibilité qui permettra au marché d'évoluer vers les standards internationaux et ainsi d'avoir la capacité de s'adapter plus facilement aux attentes des émetteurs et des investisseurs locaux et étrangers», commente Karim Hajji, directeur général de la Bourse de Casablanca. Selon lui, la place financière connaît une évolution profonde qui nécessite l'organisation de la réglementation. Grâce à ces nouvelles dispositions, la Bourse de Casablanca aura, entre autres, la possibilité d'ajuster les règles relatives à l'admission à la cote des instruments financiers, à leur séjour et à leur radiation. Ce nouveau règlement fixe, notamment, les modalités d'admission et de séjour relative à la nouvelle organisation avec un marché principal et un marché alternatif, dédié aux titres émis par les petites et moyennes entreprises. La réforme du règlement général apporte plusieurs nouveautés. Elle fait référence non plus aux valeurs mobilières, mais aux instruments financiers qui comprennent dans le cadre de ce nouveau règlement, les titres de capital, les tires de créances et les titres des organismes de placement collectif. «L'objectif étant de créer de nouvelles opportunités d'investissement et favoriser l'intégration du marché marocain au sein des différentes places régionales», déclare Hajji. Une ambition confirmée par l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), qui souligne que le nouveau cadre réglementaire permettra au marché marocain de devenir plus attractif et efficient. «Il jouera un rôle beaucoup plus important dans le financement de l'économie nationale», affirme Nasser Seddiqi, directeur émetteur à l'AMMC, indiquant que celle-ci reste très dépendante des financements bancaires. Cela représente également une opportunité pour les professionnels de la Bourse qui tablent sur une mutation du marché dans les deux ou trois années à venir. «Les changements opérés actuellement convergent vers un marché multidirectionnel qui nous permettra de construire des produits plus sophistiqués et d'être connectés à d'autres marchés en même temps», explique Rachid Outariatte, président de l'Association professionnelle des sociétés de Bourse (APSB). En attendant, ce nouveau cadre permettra de régler le manque de liquidité persistant, considéré comme le talon d'Achille du marché des capitaux. «Cela va permettre d'améliorer indirectement cette liquidité… au moins pour les nouvelles introductions en Bourse. Le nouveau règlement instaure un minimum de flottant qui varie entre 10 et 25% selon la taille de l'entreprise», explique Hajji.