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La création artistique marocaine exposée à Paris
Publié dans Les ECO le 10 - 09 - 2019

La création artistique marocaine a brillé une fois de plus au Salon Maison & Objets de Paris, un rendez-vous international de référence dans l'univers de l'architecture, du design et de la décoration.
Au cœur de cette gigantesque exposition (plus de 100.000 m²), qui a installé ses quartiers au Parc des Expositions de Villepinte, les designers et créateurs marocains ont trouvé à leur disposition une quinzaine de stands pour dévoiler non seulement leur savoir-faire mais également toute la richesse et la beauté du patrimoine à la fois ancestral et contemporain du Royaume. Et ce, dans les domaines de la décoration, des bijoux, de l'habillement et des produits de bien-être.
Ce n'est pas la première fois que le Maroc prend part à ce Salon prisé par les professionnels de l'art de vivre, de la décoration intérieure et du design. Mais à chaque fois, les stands mis à la disposition des créateurs marocains, par la Maison de l'Artisan, cet établissement public en charge de la promotion de l'Artisanat du Maroc, sont pris d'assaut.
L'édition 2019 n'a pas dérogé à la règle. En effet, une quinzaine de marques marocaines, rigoureusement sélectionnées pour participer à ce Salon qui se tient en deux temps du 6 au 10 septembre puis du 17 au 21 janvier prochain, ont suscité l'engouement.
Ambassadrices du savoir vivre marocain à l'international, ces marques originaires de plusieurs villes du Royaume ont charmé plus d'un avec leurs créations mettant en avant la diversité et la richesse de l'artisanat marocain (céramique, dinanderie, maroquinerie, cosmétique, fragrances...).
«C'est grâce à l'appui et au soutien de la Maison de l'Artisan, qui subventionne à hauteur de 80 pc notre participation, que l'on peut se permettre d'être présent à ce genre de Salon », a confié à la MAP Amal Oudrhiri, une exposante à l'origine du projet Ayou.
Ayou, qui signifie « Mère » en Amazigh, est né de « la volonté de perpétuer le savoir faire marocain dans la création de tapis berbères, un savoir faire qui commence à se perdre », a-t-elle dit. Ayou c'est aussi une aventure pour découvrir, protéger et promouvoir les traditions millénaires des tisseuses berbères de l'Atlas marocain, dans le respect de l'éthique humaine et environnementale.
Conçu comme un véritable projet solidaire, Ayou fait appel à des femmes originaires de villages des régions d'Azilal, d'Ait Bouguemmaz... « Ces femmes fières travaillent chez elles. Chacune à un métier installé dans son foyer. Mais pour pouvoir adhérer à notre projet et travailler avec nous, ces artisanes, qui sont payées au juste prix, sont tenues de maintenir leurs enfants à l'école », a expliqué Amal Oudrhiri. « C'est un peu notre façon à nous de contribuer à la lutte contre la déperdition scolaire », affirme-t-elle.
« En deux ans et demi, nous avons constaté une évolution économique et sociale chez ces femmes, et un changement dans leur vie quotidienne. Elles sont plus sûres d'elles, curieuses des nouveautés qu'on leur apporte (dessins, croquis)", assure-t-elle.
Ce même amour pour l'artisanat marocain on le retrouve chez Maison Mefteh qui avait représenté le Maroc, pour la première fois, lors de la Biennale Internationale Métiers d'Art & Créations tenue en mai dernier au Grand Palais à Paris.
La Maison Meftah, basée à Agadir, qui participe de façon indépendante à ce Salon, est née du rêve de deux frères Ilyas et Adil, de perpétuer un savoir-faire ancestral dans la dinanderie d'art, à travers une réinterprétation avant-gardiste de cet héritage. Objets d'art, sculptures ou éditions limitées, leurs créations, ajourées avec une grande finesse technique, prennent le nom d'Artefacts. Elles se caractérisent par une alchimie continuelle entre tradition, perpétuation, et innovation.
Mounia Mefteh, co-fondatrice de cette jeune Maison a confié à la MAP sa fierté de « pouvoir représenter le Maroc et de pouvoir être les ambassadeurs du Maroc dans l'excellence à travers le monde ». « C'est notre première participation à ce Salon et nous sommes très fiers de ses retombées », a-t-elle dit, ajoutant que « notre projet est né d'un rêve. Celui de pouvoir perpétuer le savoir faire millénaire des artisans du Maroc dans le travail du letton et du bronze ».
«Notre ambition est de pousser les limites de la technique traditionnelle, perpétuer ce savoir faire avec un regard et une perspective complètement avant-gardistes», assure Mounia Mefteh, installée à Paris. D'ailleurs, «notre identité est un travail fait à la main avec la plus fine lame de la scie Bocfil utilisée dans le domaine de la fabrication des bijoux en or et en argent. Un vrai travail d'orfèvres ». « On travaille sur des éditions limitées et numérotées », affirme-t-elle non sans fierté.
«Nous sommes très contents de notre première présence à ce Salon car nous avons reçu la visite d'ArchiSTORM, une agence d'architecture française reconnue à l'international et l'un des magazines d'architecture les plus légitimes de la place. L'agence nous a ramené une trentaine d'architectes qui viennent découvrir des pièces exceptionnelles et nous avons eu la chance de faire partie de cette sélection ».
L'amour et la préservation de l'artisanat marocain n'est pas une affaire de Marocains uniquement. Nadia Noel, co-fondatrice avec Vanessa Di Mino de la céramique Chabi Chic, une marque marocaine qui fait voyager non seulement l'artisanat mais aussi le savoir vivre marocain partout dans le monde, en sont de ferventes défenseures.
Installées à Marrakech depuis une dizaine d'années, ces amoureuses du Maroc ont sublimé l'artisanat marocain populaire «chaabi» en lui apportant une touche de modernité pour devenir «chic». «On essaye de faire au mieux pour exporter l'artisanat marocain dans le monde entier. De jolies enseignes travaillent actuellement avec nous comme la galerie Lafayette et de grosses sociétés aux Etats Unis», s'est enorgueillie Nadia Noel dans une déclaration à la MAP.
«Nos produits sont faits main. Nous dessinons nous mêmes nos modèles et les exportons dans le monde entier. Nous profitons de ce Salon, aidés par la Maison de l'Artisan, pour présenter nos nouvelles collections et cela marche très bien ».
D'autres marques marocaines sont également présentes à ce Salon. L'occasion pour celles-ci d'exposer leur création et leur savoir faire et de prospecter de nouvelles opportunités à l'export.
Il s'agit notamment de Naterra, tanneur et maroquinier responsable, créateur d'une ligne de sacs en cuir végétal, Paloma Stella, spécialisée dans la création de bijoux tendances bohème-chic et ethniques, ARTINOO, une communauté d'artisans spécialisés dans la création d'objets décoratifs faits main, et Bazar Du Sud (Marrakech), l'un des plus anciens fabricants de tapis marocains et textiles berbères exportés dans le monde entier.
AMAL (vannerie), créateur de meubles en matières végétales locales, Botanika Marrakech (cosmétique), et Le Nouvel Atlas (objets décoratifs contemporains et classiques), sont également présents à l'édition de septembre du Salon.
"Le Salon Maison et objets" fait partie des rituels de la Maison de l'Artisan qui veille à la promotion et au positionnement de l'artisanat marocain à l'intérieur du Royaume comme à l'international", a indiqué dans une déclaration à la MAP Jihad Jabouri, responsable à la Maison de l'Artisan.
"Nous avons participé à cette édition à travers 14 exposants qui opèrent dans différentes filières notamment la décoration, les tapis, l'ameublement, la vannerie et les bijoux, et bien d'autres produits", a-t-elle dit, ajoutant que cette participation s'est déroulée en présence du Directeur général de la Maison de l'Artisan Abdallah Aadnani.
Selon cette responsable, "étant habitué à ce genre de Salon, la Maison de l'Artisan a procédé à une sélection raffinée des exposants pour être au niveau de cette rencontre de renom".
Cette participation offre également à la Maison de l'Artisan l'occasion de prospecter les nouvelles tendances et nouveautés du marché de l'artisanat et de promouvoir l'artisanat national, a ajouté Mme Jabouri.
Si le Salon Maison & Objets a permis aux designers et créateurs marocains de montrer leur savoir faire et d'exposer leur création, il a également été un espace de rencontres avec les fournisseurs et les prescripteurs et offert l'occasion de prospecter de nouvelles opportunités à l'export. De belles et prometteuses perspectives qui s'annoncent pour eux!


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