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L'appel de Tanger pour la sécurité en Afrique
Publié dans Les ECO le 01 - 07 - 2010


par jamal amiar
n Des officiels et des experts représentant plus de 40 pays et organisations internationales ont lancé ce début de semaine à Tanger un appel afin d'assurer une meilleure coordination et une meilleure efficacité des systèmes de sécurité collective au Sahel, en Afrique du Nord et en Afrique de l'Ouest. Réunis à l'initiative de la Fédération africaine des études stratégiques (FAES) pour traiter des défis sécuritaires dans la zone Sahara-Sahel et côte atlantique, les experts ont jugé la problématique abordée «cruciale pour la région et pour le monde». Depuis quelques années, la zone du Sahara et du Sahel abrite des groupes armés criminels et politiques qui se déplacent avec aisance sur des territoires que les Etats ne contrôlent pas de manière toujours efficace. Selon la déclaration finale, «ces 48 heures de débats à Tanger ont permis plus de lisibilité» sur la situation régionale. La situation de la sécurité dans la région se caractérise de plus en plus par des actions criminelles telles que des kidnappings suivis de demandes de rançon et d'actions terroristes contre des diplomates occidentaux comme en Mauritanie et au Mali ces derniers mois, une recrudescence du trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et les marchés européens via des points de transit situés dans le Sahel ou sur la côte atlantique ouest-africaine.
Une nouvelle réunion est prévue à Marrakech au mois de janvier 2011, pour faire le point sur les progrès réalisés en matière de mesures de sécurité collective. Selon le Nigérien Babacar Diallo, qui a donné lecture des conclusions de la rencontre, celle-ci s'est tenue dans un contexte de recherche de bonne conduite de la mondialisation économique et de recherche de la sécurité collective au niveau de la région Afrique, mais aussi de la région Moyen-Orient et de la péninsule coréenne. Ici comme ailleurs a-t-il indiqué, «le pari de la sécurité ne peut se gagner que dans la coopération et l'unité». Les politiques et les experts réunis à Tanger n'ont naturellement pas manqué d'exprimer leur préoccupation pour la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel et en Afrique de l'Ouest, qui «porte préjudice au développement économique et social».
L'insécurité provoque une
détérioration du niveau de vie
Les experts ont mis en garde contre le possible développement des risques de piraterie maritime dans l'espace atlantique africain. De telles évolutions pourraient provoquer une détérioration du niveau de vie de la région en décourageant les investissements et en provoquant une hausse généralisée des primes d'assurance. Par ailleurs, l'insécurité a un impact direct et immédiat sur le niveau de vie des populations, puisqu'elle détourne les ressources du développement économique et social vers les budgets sécuritaires. Dans son appel de Tanger, la Fédération africaine des études stratégiques demande la poursuite des études pour la compréhension des menaces à la sécurité dans l'espace de l'océan Atlantique et appelle à l'adoption de stratégies globales de sécurité dans la zone du Sahel et la région atlantique africaine. Les experts recommandent la mise en œuvre d'une politique régionale et sans exclusive de lutte contre toutes les formes de criminalité au Maghreb et en Afrique de l'Ouest. Outre l'Appel de Tanger et la tenue d'une prochaine réunion à Marrakech en janvier 2011, politiques et experts africains ont appelé à la mise en place d'une structure de veille sur la sécurité en Afrique, dont le siège serait établi à Tanger.
ALe G8 promet une «action intégrée et concertée»
Les pays industrialisés se sont engagés lors du dernier sommet G8 au Canada à lutter contre le terrorisme par une «action intégrée et concertée» qui devra bénéficier notamment aux pays ou régions fragiles comme le Sahel, la Somalie et le Yémen. «Etant donné la nature complexe de la menace terroriste, il est essentiel que le G8 mène une action intégrée et concertée pour y faire face», soulignent dans une déclaration spécifique les Etats-Unis, la Russie, le Japon, le Canada, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Allemagne. Les pays du G8 ont affirmé aussi leur «détermination à coopérer face à des enjeux-clés, y compris la sécurité frontalière et l'intégrité de l'identité, la prévention du terrorisme chimique, biologique, nucléaire et radiologique, la lutte contre le financement du terrorisme, la réponse à l'extrémisme violent, à la radicalisation menant à la violence». Et de préciser que «la société civile a un rôle crucial à jouer» pour une lutte antiterroriste efficace.
Mohammed Benhammou,
président de la Fédération africaine d'études stratégiques (FAES)
μ«Il ne faudrait pas que le continent sombre dans un chaos géopolitique»
Les Echos quotidien : Comment en quelques années le Sahara et le Sahel sont-ils devenus les foyers d'insécurité, de terrorisme et de criminalité que l'on connaît ?
Mohammed Benhammou : Je crois que les dernières années ont connu une lutte acharnée des Etats-Unis et d'autres puissances contre Al-Qaïda et le terrorisme, essentiellement dans les foyers de l'Afghanistan et de l'Irak. On peut dire que l'action menée dans ces deux théâtres d'action par les Américains et leurs alliés a apporté un certain succès même si elle n'a pas réussi à l'éradiquer entièrement. La guerre menée contre le terrorisme et les sources de financement a permis de contenir Al-Qaïda dans des zones où elle était très active. On sait aussi qu'il existe des liens entre terrorisme et crime organisé. Les terroristes se nourrissent de ces activités. D'où le développement de kidnappings, de trafic de drogue et d'armes et de contrebande dans les zones du Sahel, du Sahara et de la côte atlantique africaine. Cette guerre contre les financements et contre Al-Qaïda a poussé celle-ci à trouver d'autres refuges. Le Sahel en est un, d'abord physique, car c'est un désert aux frontières étatiques poreuses. Il y a des difficultés de connaissance du terrain pour le contrôler et d'autres climatiques.
Il existe aussi un problème politique dans le sens où nombre d'Etats de la région vivent des crises, sont en sortie de crise et en même temps confrontés à une situation sécuritaire complexe. Le Sahel s'apprêtait donc à être un refuge physique pour Al-Qaïda. C'est un lieu pour s'entraîner, se réfugier et mener des opérations de kidnapping ou de contrebande pour se procurer les ressources nécessaires à la poursuite de son action. Le Sahel est également le carrefour de plusieurs routes de la criminalité internationale. On y trouve contrebande de biens et de produits alimentaires, trafic de drogue en provenance de l'Amérique latine vers l'Europe et trafic d'armes avec des kalachnikovs que l'on peut se procurer à 15 dollars contre 260 dollars dans le circuit normal. On estime à 10 millions le nombre d'armes de poing et de petit calibre qui circulent dans cette zone. Enfin, si le cœur de l'action terroriste se trouve au Sahel, ses poumons se trouvent sur la côte atlantique, là où se déroulent les trafics de marchandises, de drogue et les opérations d'enlèvements. À l'intérieur des terres, on s'entraîne et on se réfugie sur un territoire que l'on maîtrise. Le cœur du terrorisme et de la criminalité se trouve au Sahel et ses poumons sur la côte atlantique
Quels efforts peuvent être faits au niveau de la gouvernance des Etats pour améliorer la lutte contre l'insécurité ?
Il faut les efforts nécessaires pour gérer les oppositions politiques, édifier un Etat de droit et réunir progressivement les conditions d'accès à la démocratie. La problématique majeure à laquelle nous sommes confrontés est que nous sommes face à l'échec de l'Etat-nation en Afrique. Cinquante ans après leur indépendance, plusieurs Etats et régimes n'ont pas pu ou su donner ce sentiment d'appartenance à l'Etat; les clivages ont certes à voir avec la nature des Etats qui ont été créés. Du coup, chaque fois qu'une opposition politique se crée, elle prend un aspect tribal et l'opposant se transforme en chef rebelle, en chef de camp. Il y a un problème de gouvernance, un problème de distribution du pouvoir et des richesses dans ces pays. Il faut aller vers plus de gestion pacifique, sans violence, des conflits, sinon on ne résoudra aucun problème de fond et le cercle vicieux se poursuivra. Il ne faudrait pas que le continent sombre dans un chaos géopolitique à un moment important pour la sécurité internationale et à un moment de retour des grandes puissances en Afrique.
Que peuvent faire les Etats de la région ensemble pour lutter contre l'insécurité qui prévaut
dans la région ?
Il y a deux types de réponse, interne et régionale. La réponse interne est qu'il y ait des politiques qui favorisent le développement humain, le développement politique et social; il faut instaurer un système de bonne gouvernance sur tous les plans. Le deuxième type de réponse à l'échelle régionale est la nécessité de coopération régionale et transrégionale qui implique tous les pays sans exclusivité aucune pour élaborer une stratégie commune et mettre en place des structures qui permettent d'affronter le fléau du terrorisme et de la recrudescence des trafics de drogue, d'armes et d'humains. Les menaces sont globales et il faut aborder le fléau de la criminalité sur le même pied d'égalité que celui du terrorisme, car ces deux fléaux se nourrissent l'un de l'autre. La coopération en soi crée un meilleur climat de sécurité.


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