Les forces du régime syrien sont entrées dimanche dans la ville clé de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie dominé par les jihadistes, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Les forces du régime sont entrées à Khan Cheikhoun pour la première fois depuis qu'elles en avaient perdu le contrôle en 2014", a indiqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH, alors que les combats entre forces du régime et jihadistes se poursuivaient. La majeure partie de la province d'Idleb et des segments des provinces voisines d'Alep, de Hama et de Lattaquié échappent toujours au contrôle du régime de Bachar al-Assad, huit ans après le début de la guerre. La région d'Idleb, dominée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda) et abritant quelques groupes rebelles, est la cible depuis fin avril de bombardements quasi quotidiens du régime et de son allié russe. Depuis quelques jours, les forces prorégime, soutenues par l'aviation russe, avancent sur le terrain et étaient aux portes de Khan Cheikhounn qui est située sur une autoroute clé qui traverse Idleb et relie Damas à Alep, deux villes sous contrôle gouvernemental. "Les forces du régime ont progressé dans des quartiers du nord-ouest de la ville et ont pris le contrôle de plusieurs bâtiments mais des affrontements violents se poursuivent", a ajouté Rami Abdel Rahmane. Les combattants jihadistes et rebelles ont opposé une "résistance féroce" aux forces prorégime et ont "eu recours à des attaques suicides" pour repousser leur avancée, a précisé le directeur de cette ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie. Aujourd'hui quasiment vidée de ses habitants, Khan Cheikhoun abritait environ 100.000 personnes avant le début de l'escalade militaire en cours, dont une majorité de déplacés venus d'autres régions, notamment de la province voisine de Hama. Depuis fin avril, au moins 1.400 combattants jihadistes et rebelles et plus de 1.200 combattants prorégime sont morts dans les affrontements à Idleb, selon l'ONG. Depuis fin avril, plus de 860 civils ont péri dans les bombardements, selon l'OSDH. Et plus de 400.000 personnes ont été déplacées dans cette région de trois millions de personnes, selon l'ONU. Un accord sur une "zone démilitarisée" dans la région d'Idleb conclu en septembre 2018 par Ankara, parrain des rebelles, et Moscou, n'a été que partiellement appliqué, les jihadistes ayant refusé de se retirer. Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 370.000 morts et déplacé des millions de personnes.