Franky Zapata, "l'homme volant", que le public a découvert lors des cérémonies du 14 juillet, avait décollé jeudi matin près de la plage de Sangatte (Pas-de-Calais) à bord de son flyboard afin de tenter de traverser la Manche. La tentative a échoué suite à sa chute en mer au moment où il devait se ravitailler, avant d'être secouru conscient. Selon plusieurs sources, il serait tombé dans les eaux anglaises juste à côté du bateau de ravitaillement en kérosène et l'équipage l'a secouru. Il était conscient au moment de l'intervention pour l'extraire de l'eau, selon une conversation radio "Il va bien et il est en train d'être ramené sur le littoral. Il a été secouru par les plongeurs du bateau. Il a rassuré son épouse qu'il a eue au téléphone", a déclaré le maire de Sangatte, Guy Lallemand. "Il y a eu un souci au niveau du ravitaillement entre les eaux françaises et anglaises. Du coup, il n'a pu effectuer la procédure. Donc la traversée de la Manche est annulée", a sobrement déclaré une porte-parole de l'équipe Zapata en refusant de confirmer explicitement sa chute. Peu après la nouvelle de la chute, l'ambiance était pesante sur la plage de Sangatte. L'équipe était en train de remballer le matériel, le public était en partance. Pour effectuer cette traversée d'environ 35 km, 110 ans après l'exploit de Louis Blériot, premier aviateur à avoir franchi le détroit par les airs, Franky Zapata devait ravitailler sa machine volante en kérosène côté anglais. Champion d'Europe et du monde de jet-ski, ce Marseillais de 40 ans misait sur une traversée d'une vingtaine de minutes pour rallier les côtes anglaises dans la zone de St Margaret's Bay, en volant à environ 140 km/h et à 15 ou 20 mètres au-dessus de l'eau. Vers 09h05, debout sur une sorte de plateforme, les pieds solidement coincés comme dans des chaussures de snowboard, il avait décollé à la verticale, dans un vrombissement assourdissant, d'un parking proche de la plage de Sangatte-Blériot-Plage, devant plusieurs dizaines de curieux qui applaudissaient et une importante équipe de production. Dans sa combinaison noir et rouge, le visage dissimulé derrière la visière de son casque noir, il a survolé la digue puis disparu en quelques secondes à l'horizon, au-dessus de la mer -où naviguaient au loin quelques voiliers-, se dirigeant grâce à un joystick tenu dans une main. Des bateaux devaient le suivre jusqu'à son atterrissage près de Douvres. Le flyboard, une machine volante autonome alimentée en kérosène stocké dans son sac à dos, est doté de cinq mini-turboréacteurs qui lui permettent de décoller et d'évoluer jusqu'à 190 km/h debout dans les airs, avec une autonomie d'une dizaine de minutes. Pour cette traversée de la Manche, large de quelque 35 km, il devait donc se ravitailler en route côté anglais, à 18 km des côtes françaises, en se posant sur un bateau pour changer de sac à dos. Franky Zapata avait en effet dû revoir la logistique après "l'avis défavorable" émis début juillet par les autorités françaises qui pointaient notamment la "dangerosité" de la zone et son trafic particulièrement dense. Elle l'a finalement levé mardi soir après avoir obtenu de "nombreuses garanties" concernant la "sécurité". "Traverser la Manche est un challenge physique et technique que nous préparons depuis six mois. Il a fallu notamment repousser les limites de consommation de la machine", a déclaré Zapata mercredi lors d'essais sur le littoral, fier d'avoir "créé une nouvelle manière de voler". Le 14 juillet, lors du défilé militaire sur les Champs-Elysées, Franky Zapata avait offert un épatant spectacle futuriste: fusil en main, il avait volé à plusieurs dizaines de mètres du sol sur son invention, "100% développée en France" au Rove (Bouches-du-Rhône).