S'il y a un événement politique à retenir sur les 20 ans de règne, il s'agit bel et bien de la réaction face au mouvement du 20 février 2011. Cela a été un cas d'école. Flash-back : Les rues de plusieurs pays arabes sont en ébullition, deux présidents sont déjà tombés et d'autres secoués violemment. Aucun pays n'est à l'abri d'une révolution populaire. Au Maroc, il y a un mouvement spontané, dit «20 Février», qui a atteint plus de 50 villes où des dizaines de milliers de citoyens ont manifesté simultanément afin de réclamer des réformes économiques et politiques. Je rappelle qu'à l'époque, on redoutait le pire et on attendait de savoir comment allait réagir le pouvoir. La réponse était, on ne peut plus, claire. Un, laisser les gens manifester pacifiquement. Deux, les médias publics ont ouvert leurs plateaux à des personnalités jadis bannies afin qu'elles s'expriment librement sur le paysage politique du pays et son avenir en marge de ce qui se passe dans le monde arabe. Trois (last but not least), tout le monde attendait la réaction du roi face à ce mouvement et la réponse a été à la hauteur de l'événement, tant par la rapidité de la réaction que par les décisions révolutionnaires annoncées par le souverain en un mémorable 9 mars 2011. Le lendemain, nous titrions à la Une: «Merci Majesté». Merci d'être intervenu à temps afin de protéger notre pays des facteurs de déstabilisation, mais surtout de prôner un tournant politique historique en confiant un certain nombre d'attributions au chef de gouvernement qui n'est plus un Premier ministre dépourvu de pouvoirs. La Constitution, qui allait voir le jour trois mois plus tard, traduisait cette volonté d'amorcer ce virage marqué par le partage des responsabilités entre le palais, le Parlement et le gouvernement. Ce fut donc une page essentielle dans le parchemin des 20 ans de règne, plébiscitée à l'échelle nationale et citée en exemple de par le monde.