Le projet d'Engie et de l'AMEE en cours d'élaboration était le clou de la rencontre sur les «performances économiques dans l'hôtellerie» organisée par AOB Group à Marrakech. Les Rencontres africaines de l'efficacité énergétique, organisées avant-hier à Marrakech, sous l'égide du ministère de l'Energie, des mines et du développement durable, par AOB Group en partenariat avec l'AMEE, la CCG, la SMIT, Engie, l'IPEEC, l'IGSD, Accor Hôtels et Casa Novation, ont tenu toutes leurs promesses. Axées sur le thème des «performances énergétiques dans l'hôtellerie », elles ont connu la participation de plusieurs acteurs des secteurs hôtelier et bancaire et surtout d'Aziz Rabbah (photo), ministre de l'Energie, des mines et du développement durable, qui a tenu en personne à prendre part à la rencontre pour deux principales raisons. D'abord, pour poursuivre naturellement ce que son département a commencé avec l'AMEE en matière d'implémentation de l'efficacité énergétique dans les niches, en l'occurrence les établissements d'enseignement, les hammams, les fours de l'artisanat et donc les établissements hôteliers (gros consommateurs de ressources énergétiques) de Marrakech, la capitale touristique du royaume, qui serviront de pilote pour une expérience qui sera par la suite étendue à tout le Maroc. Ensuite, de saisir l'occasion pour délivrer des messages qui concourent à accélérer le processus d'adhésion des hôteliers à l'efficacité énergétique. Comme entrée en matière, le ministre a déclaré qu'«à chaque problème d'efficacité énergétique correspond une réponse spécifique». Autrement dit, il n'y a pas de solution miracle que l'on peut dupliquer à l'infini quel que soit le problème d'efficacité énergétique auquel il faut faire face. Financer autrement les hôteliers Comme premier message délivré à ceux qui construisent un établissement hôtelier, Rabbah leur dit qu'il faut faire très attention à la phase de conception parce qu'un bon pilotage de cette phase de conception permet de gagner en moyenne 10% d'économie sur la future facture énergétique. Second message : le ministre conseille aux hôteliers de travailler en synergie, ce qui leur permet de pouvoir recourir à des solutions partagées. L'exemple d'Engie et de l'AMEE témoigne en effet de l'importance de travailler en synergie. Cela permet à la fois, de payer moins cher pour un même niveau de service, de ne pas se soucier de mécanique, de maintenance, d'entretien et donc de panne et de se concentrer davantage sur son coeur de métier. Troisième message, Rabbah pense sérieusement qu'il faut obliger les sites touristiques à travailler dans le respect de l'efficacité énergétique. Quatrième message qui porte sur le financement, sujet de grandes frictions entre les banquiers et les hôteliers, comme l'a souligné Salaheddine Naciri, le président de l'Association de l'industrie hôtelière de Marrakech (AIH) : le ministre a déclaré devant l'étonnement perceptible des hôteliers et d'une partie de l'assistance d'ailleurs que «les financements bancaires existent». Tout en annonçant que ce sera l'objet de la rencontre plus élargie qu'il va présider le lendemain à Casablanca, Rabbah a expliqué «qu'en matière d'efficacité énergétique, il est possible d'opter pour un type de financement qui a un design tout autre. C'est-à-dire que les intégrateurs de solutions pourront s'occuper de l'aspect financement et le prendre entièrement en charge dans leur offre globale. C'est à eux d'aller négocier avec les banques qui vont les accompagner. Ensuite, se proposeront des solutions aux hôteliers moyennant un achat qui se réglera à travers des loyers». L'exercice est déjà jugé par certains d'un peu risqué. Il faudra en effet que l'intégrateur de solutions ait toutes les garanties nécessaires (mettre la CCG par exemple dans la boucle) pour que quelle que soit la situation, il soit payé. Sinon, il risque gros. En tous cas, la situation ne semble pas effrayer Engie et l'AMEE. Les deux partenaires ont décidé de lancer le tout premier District Cooling (Réseau de chaud-froid) au Maroc, notamment au quartier hivernage de Marrakech. Le projet était, d'ailleurs, le clou de la rencontre. Il consiste à collecter la chaleur dans les bâtiments desservis pour l'évacuer au niveau d'une centrale de refroidissement. D'un coût de 17 millions d'euros (environ 185 MDH), celui d'Engie et de l'AMEE sera dimensionné à 20 MW et devra fédérer 25 bâtiments sur une distance de 7,5 km, dont principalement des hôtels situés au quartier Hivernage, pour pouvoir être rentable sur une durée de vie de 25 ans grâce à des paiements de loyers. Ceci étant, les atouts du réseau de froid par rapport aux systèmes de climatisation individuels sont indéniables : impact environnemental moindre, réduction des émissions de gaz à effet de serre, capacité à exploiter des énergies diversifiées (dont des sources renouvelables et de récupération), suppression des contraintes sur les bâtiments…