En lançant officiellement leur marché commun, les pays du continent comptent augmenter de 60% les échanges intracontinentaux d'ici 2022. Pour le Maroc, l'entrée en vigueur de l'accord de la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECA) ne peut qu'être bénéfique grâce à ses 1.000 conventions bilatérales signées avec les partenaires africains durant les 20 dernières années. Cela rappelle les débuts de l'Union européenne (UE) qui s'est construite sur la base d'un accord économique et commercial. La Zone de libre échange continentale africaine (ZLECA) est officiellement entrée en vigueur jeudi dernier après sa ratification par 24 pays membres de l'Union africaine. Cela fait un mois, depuis le 29 avril dernier que le quorum de 22 pays a été acquis, auxquels se sont joints récemment le Burkina Faso et le Zimbabwe. Le Maroc a été parmi les premiers pays africains à avoir appelé à la mise en place de la zone et à la ratifier. Cela fait plus d'un an que l'initiative de Paul Kagamé, président du Rwanda, mûrissait pour enfin prendre forme en temps opportun. Elle permettra de faire tomber les barrières douanières pour plus de 90% des échanges entre pays africains. La Zone libre est sans conteste la locomotive et le porte drapeau du calendrier 2063 de l'Union africaine. La ZLECA, c'est 1,2 milliard de consommateurs et une valeur ajoutée prévisionnelle de 2.500 milliards de dollars. Ce lancement, qualifié d'étape historique par Albert Muchanga, Commissaire de l'UA pour le Commerce et l'industrie, intervient comme une réponse préventive aux éventuelles crises et ondes de chocs qui naîtraient des présentes et futures guerres commerciales. Celle qui oppose les USA à la Chine ou encore à l'UE montre que le temps d'une Afrique dépendante des facteurs économiques exogènes est révolu. Il fallait agir vite pour se préparer au pire en boostant les échanges entre pays africains et créer ainsi une intégration économique et commerciale régionale. L'ambition est d'augmenter les échanges intra-africains de 60% d'ici 2022, comme l'a rappelé Mustapha El Khalfi, ministre chargé des Relations avec le Parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement, jeudi à Rabat à l'issue de la réunion du Conseil de gouvernement. À 150 milliards de dollars, les échanges au sein du continent représentent seulement 15% comparé à ceux réalisés avec le reste du monde. À titre de comparaison, ce taux est de 59% en UE, 51% en Asie et 37% en Amérique du Nord et 20% en Amérique du Sud mais l'Afrique affiche une ambition à toute épreuve pour se prendre en main et le fait savoir. Le ton a déjà été donné à la foire commerciale intra-africaine qui s'est tenue en fin d'année 2018 au Caire. Dépassant les attentes, les accords commerciaux signés durant cette foire ont totalisé 27 milliards de dollars qui seront injectés dans des projets structurants dans nombre de pays africains. D'un point de vue géostratégique, la ZLECA octroiera une force de négociation aux pays africains membres dans le cadre de l'offensive commerciale chinoise baptisée «la route et la ceinture». Pour le Maroc, cette zone de libre échange ne peut qu'être bénéfique grâce à ses 1.000 conventions bilatérales signées avec les partenaires africains durant les 20 dernières années. Le royaume est aussi devenu une terre d'accueil pour les migrants africains et les étudiants du continent qui sont au nombre de 8.000 dans les différentes filières. Il est leader continental dans plusieurs secteurs, banques, télécoms, infrastructures, ingénierie, agriculture. Il jouera certainement un rôle de première main dans l'intégration commerciale africaine à l'intérieur de la ZLECA. Les échanges entre le Maroc et les autres pays africains ont connu une croissance annuelle de plus de 12% depuis 25 ans. Le Maroc est aussi actionnaire depuis janvier 2018 de la Banque africaine d'import-export (Afreximbank). Celle-ci avait organisé son premier séminaire au Maroc en novembre de la même année à Casablanca.