Quel rôle les médias ont-ils à jouer dans l'intégration régionale ? Si la question a fait l'objet d'un débat lors de la première édition du Forum de Rabat, tenue mercredi dernier , les interventions des panélistes auront largement répondu à cette interrogation autour d'un débat richement animé par Hanaâ Foulani, rédactrice en chef des «Echos quotidien». Au cours de la journée, on aura vu des experts, économistes et acteurs de la scène politique et diplomatique africaine enchaîner les interventions, appelant à une cohésion régionale et la construction d'une coopération africaine sud-sud. Un «rêve» comme le qualifie Oumar Yugo, président du Cercle international des décideurs (CID), qui a toutefois besoin d'un soutien médiatique pour pouvoir se réaliser. Les révolutions du printemps arabe l'ont prouvé, la force médiatique joue un rôle important dans la cohésion des peuples. Dans le cas de l'Afrique, le rêve d'une cohésion médiatique continentale est un peu plus compliqué. C'est du moins ce qu'il ressort de l'intervention du président de la SNRT et 2M, Faïçal Laraïchi, qui souligne la difficulté de la réalité locale, et plus exactement nationale. Concurrence internationale des chaînes arabes, manque de soutien étatique, dépendance au dictat de l'audience, et donc à celui de l'offre commerciale, mais également diversité des cibles, sont autant de facteurs qui rendent l'expansion d'un réseau médiatique régional complexe, explique le dirigeant de la SNRT. Encore que ce projet ne relève pas tout à fait de l'utopie. Nous en voulons pour preuve, l'expérience d'Africable. Le cas «Africable» Convié à cette conférence débat, Ismaïla Sidibé, PDG d'Africable, aura partagé son expérience en ce qui concerne son projet de chaîne africaine, ou plus exactement de groupe de chaînes de télévisions africaines. Actuellement Africable couvre pas moins de 13 pays d'Afrique et est regardée par près de 300 millions de téléspectateurs à travers le continent. Bien enthousiasmante, l'intervention de Sidibé, aura tout de même permis de rappeler les freins politiques et financiers qui s'opposent à ce type de projet. Qu'à cela ne tienne, si un projet télévisuel panafricain a pu voir le jour, pourquoi celui d'une radio serait-il impossible ? À ce titre, les invités au Forum de Rabat auront eu l'occasion d'apprendre de la bouche de Younes Boumehdi, président de Hit Radio que la station musicale et «100% jeunes» a entamé les démarches nécessaires pour émettre dans plus pays africains notamment au Mali, le Togo et le Tchad. «Nous travaillons depuis une année sur le projet d 'Hit radio Afrique», confie Boumehdi. Et ce n'est pas Amadou Mahtar Ba, président d'African Media Initiative qui le contredira, ce sont les jeunes qui font la force de ce continent. Et ceci aussi bien au niveau économique et entrepreneurial que social et culturel. D'où l'importance de garder en tête l'avènement des nouveaux médias dans cette région du monde. À en juger les propos des intervenants, le continent africain a évolué de manière exponentielle en matière de connectivité au cours de ces dernières années. Preuve en est, le service de bancarisation via le mobile est l'un des plus répandus au Nigeria où le taux de pénétration d'Internet est l'un des plus importants sur le continent. L'Afrique est donc connectée, et est appelée à l'être encore plus. C'est donc aux médias «classiques» de s'adapter à ces évolutions, mais également d'en tirer profit pour encourager un développement régional à la hauteur des ambitions économiques. sophia akhmisse