Le gouvernement espagnol aurait saisi le haut-commissaire européen en charge de l'environnement afin d'arbitrer le sujet des exportations marocaines vers le marché espagnol de l'énergie tirée des centrales à charbon. Le prochain conflit maroco-espagnol serait-il énergétique? Toute porte à le croire, à en juger les vives réactions suscitées par la hausse des échanges énergétique entre l'Espagne et le Maroc, à l'avantage de ce dernier. Selon l'opposition espagnole et un eurodéputé, l'énergie marocaine produite par les centrales thermiques à charbon est polluante, chose qui devrait pousser le royaume chérifien à passer à la caisse. Bruxelles s'est même intéressée à ce sujet, d'après les révélations d'un journal spécialisé dans le secteur énergétique, El Periodico de la Energia. Celui-ci parle d'une éventuelle enquête menée par la Commission européenne sur les exportations espagnoles d'énergie en provenance des centrales thermiques marocaines à charbon. De son côté, l'opposition s'en est prise au gouvernement espagnol, l'accusant de précipiter la fermeture des centrales espagnoles pour importer une énergie «qui n'est pas propre», à moindre coût, échappant aux exigences européennes en termes d'émission de CO2, a estimé le leader de l'opposition, le Parti populaire. Anticipant la grogne du secteur minier espagnol, l'un des plus craints vu sa grande capacité de mobilisation, le gouvernement aurait déjà saisi la Commission européenne, selon El Pais. À cet effet, il semblerait que la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, ait saisi le commissaire européen chargé du dossier du climat et de l'énergie, l'Espagnol Arias Canete. Le 19 février, la responsable espagnole a alerté le commissaire européen sur le préjudice que suppose, pour les groupes électriques espagnols, l'importation d'une énergie bon marché. La ministre a sollicité l'intervention du haut responsable communautaire afin de mettre en place un «mécanisme garantissant le libre commerce et la concurrence tout en préservant l'environnement», souligne El Pais. «Suite à l'entrée en service de deux centrales thermiques à charbon au Maroc, les centrales espagnoles qui font usage de l'énergie fossile sont lésées en matière de compétitivité vu qu'elles doivent faire face à des coûts en matière d'émissions de CO2 contre des installations extracommunautaires qui n'intègrent pas les coûts de la taxe CO», aurait réclamé la ministre espagnole dans une missive. Sur ce registre, ces révélations ont aussi suscité la colère du ministre régional en charge de l'Emploi et de l'industrie au gouvernement de la Principauté des Asturies, région minière par excellence, touchée par la fermeture des centrales. Selon ce responsable, l'Union européenne devrait prendre des mesures concernant les importations énergétiques espagnoles en provenance des centrales à charbon du royaume, non soumises au système européen d'échanges de quotas d'émissions. «À l'instar de ce qui s'est passé avec l'acier en Chine, nous courons le risque d'exporter de l'emploi et d'importer du CO2», s'est-il justifié. La question a fait également réagir Jonas Fernandez, l'eurodéputé originaire de cette région, lequel a appelé l'UE à faire face au «dumping environnemental » de pays tiers à travers «un cadre de protection stable et permanent».