Le programme de 110 millions d'euros de la BERD a permis d'accompagner 230 projets d'efficacité énergétique en 5 ans, soit une moyenne de 46 projets par an. La finance climat a de beaux jours devant elle au Maroc ! C'est, en résumé, le message que les banquiers marocains, encore très réticents à l'idée de soutenir des projets de l'économie verte, devraient retenir à l'issue de la cérémonie organisée, hier, à Casablanca, par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et ses partenaires pour récompenser les meilleurs projets d'efficacité énergétique financés via le MorSEFF (Morocco Sustainable Energy Financing Facility). En effet, en l'espace de 5 ans, la BERD et ses partenaires stratégiques ont pu engager 110 millions d'euros, enveloppe qui a permis d'accompagner 230 projets, soit une moyenne annuelle de 46 projets qui permettent de réduire les factures énergétiques des intéressés d'environ 40%. Tous les ingrédients réunis Comme l'a souligné Aziz Rabbah, le ministre de l'Energie, des mines et du développement durable, qui a présidé la cérémonie aux côtés d'Alessio Cappellani, chef adjoint de la délégation de l'UE au Maroc, «pratiquement tous les ingrédients sont actuellement réunis pour booster l'économie verte au Maroc. Les technologies existent et sont à la portée de tout le monde. L'intérêt grandissant pour l'efficacité managériale, financière, hydrique et énergétique est également manifeste. Le financement est là, et nous sommes en train de faire évoluer le cadre réglementaire». Bref, «il faut mettre tout ça dans une moulinette pour en sortir la meilleure recette qui permettra à tout le monde de s'engager et de se retrouver», conclura le ministre. Et pour commencer, il recommande aux partenaires du MorSEFF de tirer les leçons des 230 projets accompagnés, notamment en créant des boîtes à outils (tool kits) qui faciliteront sa lecture et surtout sa duplication prochaine. Cela permettra certainement à la communauté bancaire marocaine de regarder enfin la finance climat d'un meilleur oeil, ce qui lui permettra de satisfaire le royaume qui attend depuis longtemps son engagement. Car, comme l'a également souligné Markus Fashina, directeur de KfW Maroc, «investir dans le climat, c'est rentable». Tout le monde veut aujourd'hui produire mieux en consommant et en polluant moins. Ce qui est possible à travers l'efficacité énergétique qui permet d'économiser en moyenne 40 à 45% sur la facture énergétique à travers l'introduction de l'énergie solaire ou de l'énergie éolienne. La démonstration a été faite à travers les 16 projets primés par le MorSEFF. Seize investissements marocains dans l'énergie durable ont permis de réaliser des économies d'énergie de plus de 82 GWh/an et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 23.700 tonnes équivalent CO2, ce qui équivaut à plus d'un million d'arbres plantés. Ces projets récompensés, qui ont bénéficié à 80% aux PME, comprenaient des solutions techniques de pointe et des investissements d'efficacité énergétique dans les secteurs de l'agriculture, de l'hôtellerie et de la transformation. La Banque Populaire et la BMCE Bank précurseurs Selon Marie-Alexandra Veilleux- Laborie, directrice de la BERD pour le Maroc qui a coordonné tout le projet, «les prix décernés aujourd'hui récompensent des décisions commerciales exceptionnelles qui visent à améliorer la résilience et la compétitivité des entreprises marocaines. Avec des banques partenaires, nous avons démontré le bien-fondé d'investir dans des technologies plus performantes qui contribuent également à réduire les émissions de gaz à effet de serre, aidant plus de 230 entreprises à réduire leur consommation d'énergie, à diminuer leurs coûts et à améliorer leur compétitivité». De son côté, Alessio Cappellani, chef adjoint de la délégation de l'UE au Maroc, a déclaré que «l'Union européenne est heureuse de fournir un soutien financier au Mor- SEFF, qui, par ses résultats, est parvenu à convaincre l'industrie marocaine ! Ce programme a également ouvert de nouvelles possibilités pour les banques locales, qui ont pu innover en appuyant des projets verts. Tout ceci contribue à faire converger la vision politique marocaine et la vision stratégique à long terme de l'UE en vue de parvenir à une économie prospère, moderne, compétitive et neutre pour le climat d'ici à 2050».