Le Maroc améliore son score au niveau des libertés économiques. C'est le verdict révélé en fin de semaine dernière par la fondation Heritage dans son Index 2012 qui qualifie tout de même cette amélioration de modeste. En tout cas, le think tank américain attribue au royaume le score de 60,2, en amélioration de 0,6 point par rapport à l'année précédente, ce qui le classe au 87e rang dans le 2012 Index. Toujours selon le même classement, le Maroc occupe le 9e rang sur 17 classés dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Aussi, le score du royaume le place juste au dessus de la moyenne mondiale et régionale. Il faut dire que c'est la quatrième année d'affilée que les libertés économiques sont jugées en progression au Maroc. Il regagne même, à la faveur de son score de cette année, le statut d'«économie modérément libre», dont il n'avait plus bénéficié depuis 2001. Le progrès graduel mais notable du Maroc en matière de libertés économiques est en partie dû à un «un engagement constant du gouvernement pour des réformes économiques, qui ont favorisé une évolution dynamique du secteur privé», estime-t-on du côté de la fondation Heritage. La compétitivité s'améliore Cela s'est traduit par une amélioration de la compétitivité et une diversification de la base productive. Le think tank y voit d'ailleurs la principale raison du maintien d'un taux de croissance moyen annuel de 5% durant les cinq dernières années. Toutefois, il y a des défis qui nécessitent des réformes institutionnelles plus profondes pour être surmontés. Ainsi, Heritage recense deux grandes lacunes qui handicapent les libertés économiques dans le royaume, la liberté du travail et l'environnement légal. Toutefois, là ou le bât blesse réellement c'est au niveau de ce dernier critère. En effet, la fondation Heritage fustige dans ce sens «un cadre judiciaire inefficace et vulnérable à l'ingérence politique et à la corruption». Les mots sont lâchés et l'un des principaux maux des libertés économiques au Maroc identifié. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que ce constat est fait. Il suffit de s'attarder sur les derniers rapports de Doing business pour se rendre compte que c'est une question redondante. Plus récemment, lors d'un entretien exclusif accordé aux Echos quotidien la semaine dernière, l'ancienne secrétaire d'Etat américaine aux Affaires étrangères, Madeleine Albright, a déclaré que «l'environnement légal est très important pour les investisseurs potentiels qui ne veulent pas risquer de faire face à des décisions arbitraires de la justice». Ce chantier est donc des plus urgents et le nouveau ministre de la Justice, Mustapha Ramid, qui a d'ailleurs vu l'intitulé de son ministère rallongé de l'expression «et des libertés», est plus qu'attendu sur la question. Il prend à charge d'améliorer sensiblement l'environnement légal, l'un des principaux talons d'Achille du climat des affaires dans le royaume. Le 2012 Index de la fondation Heritage est d'ailleurs plus qu'éloquent en la matière. En effet, la primauté de la loi est l'un des seuls critères au niveau des libertés économiques ou le Maroc est en deçà de la moyenne mondiale. Ainsi, le royaume est classé au 72e rang au niveau des droits à la propriété et au 87e au niveau de l'absence de corruption. Le poids de l'informel L'autre critère sur lequel le Maroc enregistre la contre-performance la plus notable est celui de la liberté du travail. «Le marché du travail n'est ni souple ni dynamique, et un large segment de la population active reste marginalisée dans le secteur informel», déplore-t-on du côté de la fondation Heritage. Le classement du Maroc sur ce critère est catastrophique, au 174e rang, avec une notation de 27,6, là ou la moyenne mondiale dépasse les 60 points. C'est dire le gap qui sépare le royaume des autres pays comparables sur cette question. À contrario, les bonnes nouvelles viennent du côté des critères de la liberté d'entreprise, de la liberté d'investissement ou encore de la liberté financière, où le Maroc peut se targuer de scores largement au dessus de la moyenne mondiale, se classant sur ces critères, respectivement, aux 47e , 50e et 39e rangs. Ces classements sont honorables et d'un niveau que l'on souhaiterait voir appliqué au classement global du royaume pour les libertés économiques. Toutefois, pour ce faire, nul échappatoire à une prise en main sérieuse aux maux qui handicapent le Maroc sur les autres critères.