Le procès controversé du PJDiste, Abdelali Hamieddine, devrait s'ouvrir ce mardi à Fès. Le juge en charge de l'affaire a décidé de reporter le procès au 12 février 2019, suite aux demandes des avocats des deux parties. La séance a duré une heure, en présence de l'ancien chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, et d'autres dizaines de dirigeants du PJD. Un important dispositif policier était mobilisé aux abords de la Cour d'appel. Pour rappel, Hamieddine est poursuivi dans une affaire pour laquelle il avait déjà été jugé en 1993: des affrontements entre étudiants islamistes et de gauche avaient à l'époque entraîné la mort d'un de ces derniers, Mohamed Ait Ljid. Le haut responsable islamiste, alors étudiant, fut condamné à deux ans de prison pour "participation à une rixe au cours de laquelle sont exercées des violences ayant entraîné la mort". En juillet 2017, des proches de la victime ont déposé une nouvelle plainte devant le juge d'instruction, qui a décidé en novembre dernier de poursuivre le responsable islamiste avec requalification des faits. "Ce procès n'a pas lieu d'être. Hamieddine a déjà été jugé et cette décision judiciaire est définitive", a argué mardi un de ses avocats, Abdessamad Idrissi, peu avant l'ouverture du procès. "Selon les principes élémentaires du droit, on ne peut condamner une personne à deux reprises" pour les mêmes faits, a-t-il noté. "Il faut laisser la justice faire son travail", a rétorqué l'un des avocats de la partie civile, Jaouad Benjelloun Touimi. Le PJD a exprimé son "soutien unanime" à Hamieddine, alors que le chef de gouvernement Saad Eddine El Otmani a qualifié d'"incompréhensible" la décision du juge d'instruction. Le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, a remis en question l'indépendance de la justice, soulevant un tollé chez les magistrats. Plusieurs associations de magistrats ont dénoncé des "dépassements" et une "surenchère politique".