Au terme du troisième trimestre 2018, les banques marocaines ont connu une bonne dynamique commerciale, mais les résultats ne semblent pas suivre la cadence. Si certains groupes arrivent à se démarquer, d'autres affichent à peine des résultats stables. Avec la mise en place des normes IFRS 9, le coût du risque a connu une certaine hausse pour bon nombre de banques. Détails Comme indiqué dans le dernier rapport McKinsey «New rules for an old game: banks in the changing world of financial intermediation», la croissance du secteur bancaire se tasse (voir aussi www.leseco.ma). En effet, au vu des derniers résultats trimestriels des établissements bancaires marocains, la croissance y est certes, mais reste plus au moins limitée. Attijariwafa bank présente un produit net bancaire (PNB) de 16,7 MMDH, soit en hausse de 3,5% à fin septembre 2018, porté par une progression de la marge d'intérêt (+9%) et la marge sur commissions (+7%). La banque a également réussi à améliorer son coût du risque. Celui-ci s'est réduit de 12% à 1,42 MMDH. Quant aux bénéfices, le résultat net part du groupe (RNPG) s'est apprécié de 3% à 4,2 MMDH. Du côté de la BCP, le RNPG s'est élevé à 2,6 MMDH au terme du troisième trimestre 2018, soit en progression 9,1% par rapport à la même période un an auparavant. Une performance portée par la croissance des activités et l'amélioration significative du coût de risque (-18% à 2,05 MMDH). La banque enregistre aussi une hausse de 3,3% de son produit net bancaire à fin septembre 2018 (environ 12,3 MMDH), soutenu par une bonne performance de l'activité de collecte et de distribution de crédits, au Maroc comme à l'international. La banque a également réussi à améliorer sa marge d'intérêt (+9,4%) ainsi que sa marge sur commissions (+5,83%), contrairement aux revenus des activités de marché (-19%). BMCE Bank of Africa, quant à elle, affiche, au terme de ce troisième trimestre 2018, un produit net bancaire en hausse de 2,03% à 9,5 MMDH en glissement annuel. Une progression limitée par la baisse de 2,2% de la marge nette, malgré le bond de 12,6% de la marge sur commissions. Le coût du risque du groupe bancaire a augmenté de 3,16% à 1,22 MMDH. Le RNPG affiche à son niveau un repli de 11,5% à 1,41 MMDH. BMCI a réalisé un produit net bancaire de 2,88 MMDH à fin septembre 2018, soit en hausse de seulement 0,5% en glissement annuel. Une évolution marquée essentiellement par la hausse des opérations de marché (+22,7%) et de la marge sur commissions (+3,1%) contre une baisse de la marge d'intérêt (-2,3%). Le groupe affiche, par ailleurs, une bonne dynamique commerciale avec des crédits en hausse de 5,2%, contre une progression de 1,6% des dépôts. Le Coût du risque consolidé, quant à lui, a augmenté de 3,2% à 342 MDH, suite à l'entrée en vigueur de la nouvelle norme IFRS9. Le RNPG, s'est enregistré en baisse de 3,1% à 460 MDH. Crédit Agricole du Maroc affiche un produit net bancaire quasi stable (2,5 MMDH) par rapport à la même période de l'année, porté par la bonne tenue de la marge d'intérêt (+17%) et la marge sur commissions (+5%). La dynamique commerciale du groupe est pourtant avérée avec une amélioration de 9% des crédits distribués et une hausse de 5% de l'épargne collectée. Le RNPG ressort au final en hausse de 6% à 434 MDH. Crédit du Maroc, a publié de son côté un produit net bancaire en hausse de 6,1% à 1,72 MMDH. Les emplois clientèle du groupe ont progressé de 6,4% en glissement annuel pour atteindre 39,8 MDH (sachant que les créances en souffrance ont reculé de nouveau de 13,5%). La collecte globale affiche, quant à elle, une augmentation de 1,8% par rapport à fin septembre 2017 à 48,5 MDH. Il en résulte un RNPG en hausse de 18% à 381 MDH. Par ailleurs, la banque fait partie des rares établissements à pouvoir contenir leurs coûts du risque, en capitalisant sur «sa politique prudente et rigoureuse en matière de gestion des risques». Le groupe affiche un coût du risque en baisse de 13,1% à 237 MDH avec un taux de couverture en amélioration de 6 points à 91,8%. CIH Bank a réalisé un RNPG en nette hausse, passant de 236,63 MDH, à fin septembre 2017, à 357,4 MDH un an plus tard, soit un bond de 51%. Le PNB a, quant à lui, atteint 1,66 MMDH, soit une hausse de 12,3% sur la même période. Le coût du risque a par contre augmenté de 19%. Enfin, la Société Générale a enregistré, au terme de ce troisième trimestre, un PNB d'un peu plus de 3,5 MMDH, en hausse de 16%. Le RNPG progresse de son côté de 5% à environ 759 MMDH. Le coût du risque s'est quant à lui creusé de 13% à 568 MDH. En somme, le PNB de l'ensemble des banques du secteur affiche une petite hausse au terme de ce troisième trimestre à cause du resserrement notable des marges d'intermédiation liée à la concurrence avérée du secteur. CIH Bank se place ainsi en tête du podium en termes de plus forte croissance du PNB, suivi du Crédit du Maroc puis AWB. La banque Rouge et Bleu affiche également une bonne dynamique commerciale et devance ainsi, au bout de ces trois trimestres, le trio habituel (AWB, BMCE, BCP). Une performance qui contrebalance avec un coût du risque en forte augmentation, contrairement au Crédit du Maroc, AWB ou encore la BCP qui ont pu alléger leur coût du risque. Il faut dire que pour la plupart des banques, la hausse de ce coût du risque reste reliée à l'entrée en vigueur de la nouvelle norme IFRS9 et donc à l'augmentation du montant global des provisions. En effet, sur le plan réglementaire, l'année 2017 a été marquée par le chantier d'adoption de la norme comptable internationale «IFRS 9», dont l'entrée en vigueur a été fixée au 1er janvier 2018 et la poursuite des travaux sur la réforme de la classification des créances. Rappelons que selon la norme IFRS 9, les prêts doivent être classés dans l'une des trois catégories suivantes : phase 1, phase 2 et phase 3. Ainsi, les prêts peu risqués sont classés dans la phase 1 et devraient être provisionnés à hauteur d'un montant égal à la perte qui devrait être subie au cours des 12 prochains mois. Quand un prêt subit une «augmentation significative du risque de crédit», il passe à l'étape 2 et nécessite des provisions jusqu'à la dernière échéance du prêt. Enfin, les prêts à risque de crédit sont classés dans la troisième phase et sont provisionnés de la même manière qu'en IAS 39.