Le monde intellectuel arabe est en deuil. Samedi, l'un des plus grands romanciers contemporains, Ibrahim Aslan, est décédé à l'âge de 77 ans, des suites d'une longue maladie. Natif de Tanta en 1935, Aslan, qui grandit au Caire, plus précisément au quartier populaire d'Imbaba, est considéré comme un intellectuel autodidacte. Après des études primaires, il continue son apprentissage, en lisant le Coran et les Mille et une nuits, s'intéressant ainsi à la poésie et à la littérature arabe. Fonctionnaire à la Poste, il décide, au début des années 1970, de démissionner de son poste pour rejoindre la page culture du quotidien Al-Hayat. En 1972, Aslan publie son premier recueil de nouvelles, «Bouhayrat al massae» (Le lac du crépuscule), bien accueilli par les critiques. Onze ans après, en 1983, plus exactement, l'écrivain, connu pour son engagement politique et ses positions contre l'ancien régime égyptien, publie son premier roman «Malek al Hazin» (Le Héron). Ce roman, considéré comme une remémoration par l'écriture, de l'âge d'or du quartier d'Imbaba, a été adapté au grand écran par le cinéaste talentueux Daoud Abdel-Sayed sous le titre «Al Kit Kat». Le succès qu'a remporté «Le Héron» auprès des critiques et des libraires permet à Ibrahim Aslan d'avoir la reconnaissance de ses pairs, à travers tout le monde arabe. Viennent ensuite, un autre recueil de nouvelles «Youssef wal ridae» (1987) et les romans «Wardiyat leil» (Equipe de nuit, 1992) et «Assafir Al Nil» (Les oiseaux du Nil, 1999), qui seront tous les deux traduits en langue française. Des romans qui n'ont fait que consolider la place qu'occupe Ibrahim Aslan dans le paysage intellectuel arabe.