Alger a répondu à l'appel royal par un retour dans le passé. Nos voisins veulent ressusciter l'UMA, coquille vide dépassée par les événements. C'est pourquoi la réponse des Affaires étrangères était opportune, tant sur la forme que le fond. Primo, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, a respecté les usages diplomatiques en recevant l'ambassadeur algérien afin de lui expliquer la position marocaine, quant à sa promotion, avant de rendre publique sa réponse. Secundo, en esquivant le fond de la proposition marocaine, qui mentionne des contacts et même des négociations bilatérales, Alger noie le poisson et ne fait pas montre d'une réelle volonté de rapprocher les points de vue. Comment expliquer, alors, ce retour surprise à «l'esprit» UMA, organisation paralysée par le conflit algéro-marocain depuis belle lurette ? Soyons francs, l'esprit de communauté fonctionne mal dans les pays arabes. La Ligue arabe est devenue une agence spécialisée dans l'événementiel qui se contente d'organiser des sommets. Le Conseil de coopération du Golfe est tiraillé du fait du conflit entre l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis d'un côté, le Qatar de l'autre. Quant à l'UMA, vous connaissez l'histoire, quoique le ministère des Affaires étrangères a tenu à rester courtois en épargnant à l'UMA toute critique et en qualifiant la réponse algérienne de démarche s'inscrivant dans le cadre de la relance de la construction régionale. Tout plaide donc pour un statu quo. Le site d'information algérien TSA cite une «source autorisée» qualifiant l'initiative marocaine de «non-événement». Cela dénote, encore une fois, du fait qu'il n'y ait aucune volonté de résoudre les problèmes communs aux deux pays, du côté d'Alger. Apparemment, la situation de gel politique en Algérie, accentuée par la paralysie de l'institution présidentielle, risque de faire perdurer le bras de fer.