Le rapport sur les salaires de l'Organisation internationale du Travail (OIT), autre des années 2018 et 2019, a fait cette année un focus sur les inégalités de genre. Utilisant les salaires horaires moyens pour estimer l'écart salarial entre hommes et femmes, – d'après les données provenant de 73 pays qui représentent à peu près 80% des travailleurs du monde – l'écart salarial entre hommes et femmes à l'échelle mondiale est d'environ 16%. On relève des différences importantes entre les pays, l'écart moyen entre le salaire horaire des hommes et celui des femmes allant de 34% au Pakistan à −10,3% aux Philippines (ce qui signifie que, dans ce pays, les femmes gagnent en moyenne 10%de plus que les hommes). Les experts et rapporteurs de l'OIT se posent cette question : Les hommes sont-ils mieux payés que les femmes parce qu'ils ont une meilleure instruction, ou parce qu'ils ont d'autres caractéristiques ou attributs observables qui sont associés à une plus forte productivité du travail? Selon des méthodes introduites par Fortin, Lemieux et Firpo, le rapport décompose l'écart salarial entre hommes et femmes (en différents points de la répartition et dans l'ensemble) en deux éléments, à savoir: une première composante qui peut s'expliquer par des différences d'attributs professionnels entre les hommes et les femmes – à cet égard, l'accent est mis en particulier sur le rôle de l'éducation – et une deuxième composante qui ne s'explique pas par ces attributs. Par «attributs professionnels», nous entendons les caractéristiques dites «du capital humain» (principalement l'âge, l'expérience et l'instruction), les caractéristiques qui définissent les emplois occupés par les individus (par exemple, catégorie professionnelle ou temps de travail) et les caractéristiques relatives au lieu de travail où a lieu la production (secteur industriel, situation géographique, etc.). S'il existe des disparités importantes d'un pays à l'autre, le rapport constate que, dans l'ensemble, le niveau d'instruction et les autres attributs professionnels n'expliquent que partiellement l'écart salarial entre hommes et femmes en différents points de la répartition des salaires. La part inexpliquée de l'écart salarial hommes-femmes prédomine dans presque tous les pays, quel que soit le groupe de revenus auquel ils appartiennent.