Rien ne s'arrange dans le secteur de la Santé publique au Maroc. La colère des médecins ne fait que grandir face au silence continu du gouvernement, et d'autres formes de protestations seront bientôt envisageables par le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SISMP) dans le but de "provoquer" une réaction. La bataille qui perdure depuis un an et demi, alliant grèves nationales, demande de démissions collectives, et quelques réunions avec le ministère de la Santé n'a pas porté ses fruits. Selon le secrétaire général du Syndicat indépendant des médecins de secteur public, "le résultat a beaucoup tardé parce que le gouvernement ne communique pas sur sa position. Nous nous sommes mis d'accord sur les points à améliorer en urgence, mais les parties prenantes de cette problématique n'agissent pas." Ces parties prenantes impliquent notamment le ministère de la Santé, le ministère de l'Economie et des finances, mais principalement le chef de gouvernement à qui reviendra le mot de la fin pour une amélioration rapide et efficace. "Le gouvernement rechigne à prendre les mesures nécessaires même quand le ministère de tutelle a admis la légitimité de nos revendications. Personne ne s'engage à trouver des solutions applicables au plus vite, chaque côté en responsabilise un autre, et le secteur subit les conséquences de cet atermoiement", déclare le secrétaire général du SIMSP. De nouvelles dates de grève ont été annoncées le 4 novembre, dans un communiqué émis par la SIMSP. Une grève de 24 heures sera donc entamée le lundi 19 novembre, et une autre de 48 heures du 22 au 23 novembre. Selon ledit communiqué, les services d'urgence ne seront pas concernés. D'éventuelles listes de demande de démissions seront remises au ministère de la Santé également, et les médecins s'habilleront tous en noir le 28 novembre, pour transmettre leur désespoir. "Notre fierté en dépend !" Les médecins du secteur public "refusent de jouer l'intermédiaire entre le citoyen et le secteur privé". L'absence du matériel nécessaire pour les examens, ou les soins, bloquent l'avancement du processus du traitement et "le patient lie ce retard à l'incompétence des médecins publics". "Nous sommes plusieurs médecins du secteur public opérant dans différentes régions à avoir décidé de déposer une démission collective. C'est à mon sens la preuve infaillible que nous sommes en particulier affectés par ce dysfonctionnement tout autant que les citoyens", explique Dr. Alaoui Almontadar dans une déclaration faite aux ECO.ma, en réponse à tous ceux qui s'attaquent aux médecins pour remettre en question les vraies raisons de leur lutte. Le ministère de la Santé lance un concours pour 133 postes. Un pas qui est loin de régler le problème de grande pénurie des ressources humaines que connaît le secteur public depuis 2014. Un manque qui risque d'être à son comble si les médecins continuent de déposer leurs démissions. "Il n'y a pas d'abandon de poste. Mais travailler, devient synonyme de torture morale pour tous les médecins qui luttent de façon permanente sans résultat", déplore le secrétaire du SIMSP Le boycott de la campagne de santé scolaire, et de toutes les activités administratives non-médicales sera également envisagé par les médecins. D'une autre part, une étude de terrain sera publiée pour mettre l'accent sur les causes de l'immigration massive des professionnels de la santé afin de démontrer les difficultés que rencontrent ces derniers.