La 1ère table ronde a été tenue sur le thème «D'une rive à l'autre, pour un regard juste sur les migrants». Et de deux pour «Les Panafricaines» du Forum des femmes journalistes d'Afrique ! Pour cette édition, les migrations ont été au cœur des débats. Ambiance. Emotion forte en ouverture de la 2e édition du Forum des femmes journalistes d'Afrique «Les Panafricaines», le 26 octobre Casablanca. «Les Panafricaines» est initié par le Groupe 2M et porté par Radio 2M. Dans une salle comble et en présence de 204 journalistes femmes venues de 54 pays du continent, ce forum annuel a lancé les débats sur le traitement médiatique des questions migratoires. Fathia El Aouni, rédactrice en chef principale de Radio 2M et chef de ce projet a rappelé les enjeux de ce thème chargé : «Les migrants qui font l'actualité sont montrés du doigt, souvent stigmatisés. Nous médias, sommes tous responsables de ce regard, c'est nous qui formons l'opinion publique et nos confrères européens y contribuent en dépeignant une Afrique en souffrance». Pendant deux jours et à travers sept ateliers thématiques, les participantes ont abordé les différents sujets liés à cette thématique mondiale et ses enjeux continentaux et les pistes d'amélioration du traitement médiatique. La nécessité de Codes d'éthique Intervenant en ouverture du forum, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale a tenu à rappeler quelques chiffres. «80% des migrants africains sont réguliers et 20% seulement sont irréguliers, soit 7,2 millions. Et sur ce contingent de migrants africains irréguliers, les 4 cinquièmes restent en Afrique», expose-t-il. Pour le chef de la diplomatie marocaine, «le propos n'est pas de dire que le problème n'existe pas ou de le sous-dimensionner. Le propos est de montrer par des chiffres objectifs et vérifiables que le spectre migratoire n'est parfois qu'un épouvantail en paille». À partir de ces données, les débats étaient bien lancés. La première table ronde avait pour thème «D'une rive à l'autre, pour un regard juste sur les migrants». Ana Fonseca, chef de la mission de l'Agence des Nations Unies pour les migrations à Rabat insiste sur les biais de la terminologie : «Les classifications de migrant «illégal» ou «clandestin» n'ont pas de sens, un migrant est d'abord un être humain». Même son de cloche de Larry Macaulay du Nigéria, réfugié politique en Allemagne et fondateur de «Refugee Radio Network» : «Les distinctions entre le bon et le mauvais migrant ne doivent pas exister». Les intervenants ont pointé du doigt aussi la montée du populisme en Europe et notamment en Italie. Rafaella Consentino, reporter pour la chaîne «Rai» et spécialisée dans les questions migratoires : «Le contexte local est hostile aux migrants, le discours politique du gouvernement n'est pas propice à ce traitement». Pour cette raison, Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l'homme appelle à la rédaction de codes d'éthique de journalistes sur la thématique de la migration. «En Europe, ces chartes n'étaient pas suffisantes, certes, mais elles peuvent être utiles dans un premier temps. An Afrique, on doit réfléchir à la rédaction de ce type de texte au niveau national et même continental avec l'Union africaine». Et de conclure : «Le traitement médiatique de la migration doit se faire dans une perspective de droit. Quel que soit le statut du migrant, ils sont des titulaires de droits fondamentaux».