50,2% des 683 internautes qui ont répondu à la consultation en ligne de Flm, se sont déclarés satisfaits de la trajectoire de la croissance économique. De l'autre côté, ils sont 49,8% à ne pas être satisfaits de la situation actuelle. Ainsi, ceux qui sont satisfaits de cette trajectoire de la croissance économique pensent tout d'abord à l'amélioration continue du PIB non agricole malgré l'atonie du BTP dont la hausse de la valeur ajoutée est nettement inférieure à 1%. En particulier, l'industrie d'extraction, le tourisme et le tertiaire sont sur une bonne trajectoire de croissance. De même, il s'agit quasiment d'une croissance endogène en l'absence de stimulus monétaire ou d'une relance massive des investissements voire d'une relance à la keynesienne. Quant à ceux qui ne sont pas satisfaits de la trajectoire de la croissance économique, ils le sont certainement à cause du niveau absolu de la hausse du PIB, qui est insuffisant pour résorber le chômage et déclencher un désendettement automatique. À titre d'exemple, au niveau budgétaire, le HCP s'attend à une dette du Trésor qui devrait atteindre 65,7% en 2018 et 65,9% en 2019 contre 65,1% du PIB en 2017. De même, selon le HCP, le chômage devrait s'établir à 10,6% à fin 2018. Pire, si le taux d'activité s'était maintenu à son niveau de 2009, le taux de chômage aurait atteint 16%. Dans le détail des derniers chiffres économiques, le HCP a annoncé que le PIB devrait s'accroître en volume de 3,1% en 2018 et de 2,9% en 2019, après 4,1% en 2017. Précédemment, le HCP tablait sur une croissance de 2,8% en 2018 et estimait celle de 2017 à 4%. Ce relèvement des prévisions est en grande partie lié à la bonne surprise pluviométrique et une campagne nettement plus élevée que la moyenne. Ainsi malgré l'effet de base défavorable avec la bonne campagne de 2017, la valeur ajoutée du secteur primaire progresserait de 3,1% en 2018 avant un retrait de 0,3% en 2019, après la croissance de 13,2% en 2017.Toutefois, la prévision de croissance du HCP est inférieure à celle de Bank Al-Maghrib. En effet, la prévision de BAM avec une croissance globale de 3,6% du PIB en 2018 dépend de l'amélioration de la valeur ajoutée agricole de 5,7%. Or selon le HCP, la valeur ajoutée ne devrait croître que de 3,1%. Ainsi, il faudra vraisemblablement attendre le bilan définitif de la qualité des récoltes pour trancher à ce niveau. Pour les activités non agricoles, la croissance prévue par le HCP est de 3,1% en 2018 et de 3,2% en 2019 contre 2,8% en 2017. Il s'agit d'une amélioration qui demeure toutefois lente notamment à cause de l'atonie de certains secteurs comme le BTP. Aussi, il ne faut pas oublier l'interaction avec la valeur ajoutée agricole dont la croissance va décélérer en 2018 et 2019. Sur un autre registre, les prévisions du HCP, reposent aussi sur du réalisé et de l'estimé car l'activité économique nationale aurait progressé selon le HCP de 3%, au deuxième trimestre 2018. Aussi l'arrêté des comptes nationaux au premier trimestre 2018 fait ressortir une croissance économique nationale de 3,2% quand les prévisions du troisième trimestre font ressortir un niveau de hausse du PIB de 3,2%. Au niveau du détail de la croissance non agricole, le niveau estimé pour 2018 T2 est de 3% contre 3,4% en 2018 T1 ainsi qu'une prévision de 3,3% pour le troisième trimestre. Au premier trimestre, la valeur ajoutée du secteur secondaire, en volume, a réalisé une augmentation de 4,1% au lieu de 0,7% le même trimestre de l'année 2017. Cette hausse résulte notamment de l'amélioration des valeurs ajoutées de l'industrie d'extraction de 16,6% au lieu de 1,8% même si celle du bâtiment et travaux publics n'a augmenté que de 0,4% au lieu de 0,2%. De même, la valeur ajoutée du secteur tertiaire a affiché une légère augmentation de 3% au lieu de 2,9% le même trimestre de l'année 2017. Le tertiaire a été notamment marqué par une amélioration des activités du commerce avec 4,5% au lieu de 4,3% et des services financiers et assurances avec 3,3% au lieu de 2,9%. Farid Mezouar DG de FL Market Est-ce que la trajectoire de la croissance est satisfaisante ? Disons que la conjoncture économique est dans une zone grise claire avec un redémarrage, certes poussif, de la croissance non-agricole. Aussi, l'économie marocaine délivre cette croissance malgré l'atonie du BTP et la relative morosité du secteur privé qui ne cesse de lancer des signaux d'alarme. De plus, il existe une interdépendance entre le chômage et la croissance car l'atonie de l'emploi se traduit par un pessimisme des ménages et une consommation insuffisante, ce qui rejaillit négativement sur le PIB. Comment obtenir une croissance plus importante ? Il est difficile de se prononcer car la prospective économique n'est pas une science exacte. Toutefois, l'investissement privé et la consommation qui sont les deux moteurs importants de la croissance, doivent être stimulés. Ainsi des incitations fiscales généralisées à l'investissement peuvent être réinstaurées à l'image des provisions pour investissement. De même, la relance de la consommation passe par celle de l'emploi via des mesures temporaires comme une version moderne du service civil pour les jeunes diplômés.