La publication du profit warning de SMI a jeté un froid sur la place casablancaise. Un coup dur pour les compagnies minières qui représentaient des valeurs de choix dans les portefeuilles; la faute à la forte volatilité des cours des métaux à l'international et à la baisse du taux de change. Managem, maison-mère de SMI, n'est pas en reste: le titre affiche une contre-performance annuelle de 29,55%. Les analystes attendent les résultats semestriels avant de se prononcer sur la valeur. 2018 est décidément une année tumultueuse pour Managem. La compagnie minière est frappée de plein fouet par les tribulations des cours des métaux à l'international et des fluctuations du dollar. Une des filiales du groupe en a d'ailleurs fait les frais. La société métallurgique d'Imiter (SMI) a récemment publié un profit warning sur ses résultats semestriels. Les performances de la filiale argentifère de Managem ont été essentiellement marquées par le repli des cours de l'argent couplé à la baisse du taux de change. Il faut dire que les compagnies minières de la place connaissent pratiquement toutes le même sort, impactées par la volatilité des cours des métaux à l'international durant le premier semestre de l'année en cours. «Il faut dire que les marchés financiers et l'humeur des investisseurs ont rapidement changé au cours de ce premier semestre ... période où la volatilité est revenue sur les devants de la scène après l'accalmie de 2017», rappelle cet analyste. En effet, les compagnies minières ont pu tirer profit d'une évolution favorable des cours durant l'exercice précédent. Cette année, la situation est tout autre. Les cours des métaux ont connu une certaine progression pendant les premiers mois avant de chuter drastiquement les mois d'après. L'or a, par exemple, dégringolé pour côtoyer son plus bas depuis décembre en raison de la fermeté du dollar, sur fond de tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Les autres métaux précieux n'ont pas fait beaucoup mieux: l'argent, le platine et le palladium s'inscrivent également en baisse. Une des principales causes de la volatilité des cours était en effet l'augmentation marquée des risques économiques relatifs aux échanges commerciaux. Leur point commun: la position fortement protectionniste affichée par le président américain Donald Trump. Les marchés ont certes réagi, mais négativement, à mesure que divers revirements de situation survenaient. Pendant le premier trimestre, le ton était à l'instabilité en raison des renégociations de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) (prolongement du second semestre 2017). Même si l'or s'est bien défendu en 2017 et a surperformé pratiquement toutes les autres classes d'actifs depuis 2001. En revanche, ce sont les nouveaux tarifs instaurés par le président américain sur les importations d'acier et d'aluminium qui ont pris les marchés de court. Et comme c'était à prévoir, la Chine a répliqué en proposant ses tarifs sur certains produits américains comme le soja, le maïs et le porc. Les deux pays ont laissé la porte ouverte à d'autres négociations et discussions, mais la perspective d'une guerre commerciale ne réjouit pas les investisseurs. Dès lors, les cours des matières premières, des métaux précieux, des actions, ainsi que la confiance des investisseurs et les rendements obligataires ont piqué du nez. Autre hypothèse avancée par des analystes, la baisse des cours du pétrole a pu peser sur l'or. Le métal précieux fait en effet office de protection contre l'inflation; or, le recul du pétrole a pour effet de ralentir la hausse des prix, ce qui peut entraîner une baisse de la demande en or. L'argent suit, du coup, le même mouvement. Aujourd'hui, toute prévision d'évolution des cours des métaux est peine perdue. Face à un avenir incertain et à un contexte mondial instable, les investisseurs se désengagent de plus en plus des compagnies minières. L'action Managem a perdu plus de 9% le jour même de la publication du profit warning de sa filiale SMI. Sur l'année, le titre affiche une contre-performance de 29,55%. À ce stade, aucun analyste ne souhaite se prononcer sur le titre, «pas avant la publication des résultats semestriels des différents opérateurs du secteur». Fatma Haddad Analyste chez AlphaMena Durant cette dernière semaine, Managem a souffert (performance 1 semaine à -19,8%) du profit warning publié par la Société métallurgique d'Imiter (SMI), filiale de Managem détenue par celle-ci à hauteur de 80,3%. La SMI est passée par un premier semestre 2018 difficile, caractérisé par la baisse des cours mondiaux de l'argent de 4%, ainsi qu'une régression du taux de change dollar/dirham de 7%. Pour le S1 2018, la SMI s'attend à un CA de l'ordre de 341 MDH (-250 MDH en rythme annuel) et à un résultat net négatif autour de -105 MDH (contre 95 MDH au S1 2017). En effet, la baisse de la production globale de l'argent (l'argent étant le core business de Managem, contribuant à hauteur de 25% au CA 2016) a engendré une réduction de 41% des teneurs des tonnages traités durant le S1 2018. La société s'attend également à ce que cette tendance se poursuive pendant le reste de l'exercice 2018. D'une manière générale, le contexte actuel des prix des métaux est défavorable (-15,1% YTD pour le cuivre et -5,8% pour l'or au 18/07/2018). En effet, le marché global des métaux a subi des mutations importantes suite à la guerre déclarée par Trump (en imposant des tarifs sur les importations chinoises). Managem a, en effet, de quoi s'inquiéter puisque le résultat net de SMI représente 52,5% du RNPG de Managem (résultat ajusté tenant compte de la plus-value de 501,7 MDH réalisée sur la cession de 61,2% du capital de LAMIKAL à Wanbao Mining au Congo). Managem est vulnérable tant que le contexte mondial est instable.