Seuls 29% des 834 internautes ayant répondu à notre consultation en ligne ont exprimé leur optimisme quant à la mutation en cours du secteur du crédit à la consommation. À l'inverse, ils sont 71% à exprimer leur pessimisme. En effet, le secteur du crédit à la consommation poursuit sa mue, marquée par la concentration ainsi que l'imbrication de son activité avec celle des banques. Aussi, le driver actuel des encours du secteur est le financement des véhicules (54% du total), qui a affiché en 2017 un taux de croissance de 15,5% contre -1,7% pour les prêts personnels (45% du total). Aussi, en volume, 90% du marché du crédit à la consommation est contrôlé par des filiales de banques. Il s'agit d'un processus de rapprochement, comme le montre la fusion-absorption de Taslif par Salafin ainsi que le passage d'Eqdom sous le contrôle direct de la SGMB. Au même moment, le plus grand concurrent du secteur du crédit à la consommation est celui des banques. En effet, le secteur bancaire affiche à fin 2017 un encours de crédit à la consommation de 50,9 MMDH, contre 48,7 MMDH pour les sociétés de crédit. Ceci met d'autant plus la pression sur les sociétés de crédit à la consommation que, en plus de la filiation capitalistique, les banques font partie des principales sources de refinancement, surtout pour les indépendants. En effet, la défiance envers la dette privée a amené les sociétés de crédits indépendantes à privilégier le refinancement auprès des banques, qui est souvent plus coûteux. À titre d'exemple, la part des prêts bancaires dans le financement de Taslif a été de près de 40% en 2017 contre 15% pour Salafin du groupe BMCE. En particulier, les filiales des banques bénéficient de la signature de la maison mère, en plus de la plus grande aisance à démarcher les OPCVM gérés par le groupe. C'est dans ce contexte que Saham Assurance, qui contrôle 68,7% du capital de Taslif, a validé le projet de fusion-absorption de Taslif par Salafin qui s'accompagnera d'une augmentation de capital de Salafin réservée aux actionnaires de Taslif. Aussi, la SGMB a annoncé l'acquisition de 35% du capital d'Eqdom auprès de SG Financial Services Holding, ce qui a porté sa participation dans le capital d'Eqdom à 53,7%. La nouveauté dans ce renforcement de la SGMB dans le capital d'Eqdom est la conclusion d'un partenariat structurant conclu qui se traduira par un lancement commercial début 2019. Ce partenariat se matérialise par un statut de producteur pour Eqdom au niveau des crédits à la consommation commercialisés par la SGMB. Aussi, la SGMB renforcera son rôle de distributeur en proposant des crédits à la consommation à ses clients et en complétant le réseau d'intermédiaires d'Eqdom. Cette mutation s'explique aussi par les réalisations des sociétés de crédit à la consommation, qui ont été sous pression en 2017. Ainsi, le PNB de Wafasalaf a augmenté de 2% contre 2,9% pour Salafin et de 1,9% pour Taslif, quand celui d'Eqdom a diminué de 8,4%. Aussi, le résultat net de Salafin a augmenté de 1,2% contre 2,2% pour Wafasalaf et un retrait de 7,1% pour Eqdom et de 10,2% pour Taslif. Notons enfin que malgré un taux de créances en souffrance plus élevé, les sociétés de crédit à la consommation affichent un ROE supérieur à celui des banques. En effet, les sociétés de crédit présentent, au premier semestre 2017, un ROE de 17,9% contre 11,2% pour les banques et le leasing. En effet, les clients des sociétés de crédit sont essentiellement des personnes physiques avec un moindre pouvoir de négociation et un taux d'intérêt maximum de 13,6% contre 6,59% pour le taux moyen du crédit à la consommation octroyé par les banques. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO: Faut-il être optimiste concernant le crédit à la consommation? Farid Mezouar : Globalement, le mouvement actuel de mutation va dans le bon sens. En effet, la concentration et l'adossement aux banques vont permettre aux sociétés de crédit à la consommation d'être plus performantes et moins vulnérables. De plus, les défis prochains pour le secteur nécessitent un renforcement des investissements. C'est le cas, notamment, de la transformation digitale et de la concurrence potentielle des fintechs. Comment qualifier la stratégie des banques dans ce domaine? Les banques sont souvent tiraillées entre trois objectifs qui sont parfois difficilement conciliables. C'est la tentation de distribuer directement des crédits à la consommation aux clients prestigieux et sûrs, surtout au niveau des agences. Aussi, la direction des crédits peut vouloir favoriser l'exposition à ce secteur via le financement des sociétés spécialisées. De même, au niveau de la direction générale, le souhait est d'optimiser le cross-selling au niveau du réseau de distribution du groupe.