Bonne nouvelle pour la campagne d'exportation qui démarre. La saison, qui s'étend de novembre à fin juin, promet de bons résultats. Le ciel a semble-t-il été clément, avec un niveau de précipitations satisfaisant l'année dernière. Les chiffres dévoilés par le ministère de l'Agriculture annoncent une production en hausse de 6% par rapport à la saison précédente, avec une quantité estimée à 1,86 million de tonnes. La production d'oranges est estimée cette année à 975.000 tonnes, ce qui représente 52,3% de la production totale d'agrumes. En termes de prévisions, il est prévu de produire 496.000 tonnes de la variété Maroc late et 375.000 tonnes de la variété nombril, soit respectivement 44 et 35,5% de la production nationale. Les petits agrumes ne sont pas non plus en reste, puisqu'ils occupent une part de marché conséquente, avec 764.000 tonnes, dont 509.000 dans la catégorie des clémentines. Sur le plan géographique, cette production est répartie entre différentes régions, le Souss en tête. Cette région du Sud occupe en effet la première place en termes de production d'agrumes, avec plus de 740.000 tonnes, soit une part de 40% de la production nationale. (cf www.lesechos.ma). Cap sur l'exportation Selon l'Association des producteurs d'agrumes du Maroc (ASPAM), l'augmentation de l'offre cette année se traduira par une augmentation de 8% à l'export. Si le Maroc n'a exporté que 110.000 tonnes (principalement les clémentines) jusqu'au 1e décembre, contre 160.000 tonnes à la même période l'année dernière, la situation serait loin d'être alarmante. Pour Ahmed Derab, secrétaire général de l'ASPAM, il n'y aurait aucune inquiétude à se faire quant au contexte de crise internationale ou encore à une éventuelle baisse de la demande provenant des marchés traditionnels. Les agrumes marocains trouveront vraisemblablement d'autres destinations, en mettant le cap sur de nouveaux marchés, tels que l'Amérique du Nord, qui accapare déjà plus de 12% des exportations. Le secteur cible également d'autres nouveaux marchés en Europe de l'Est, tout en mettant l'accent sur la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, ou encore la Lituanie. Cependant, le plus surprenant reste la disponibilité des agrumes nationaux dans les supermarchés de Shanghai. La Chine ne semblerait plus rebuter les exportateurs, qui osent investir désormais ce marché porteur. D'autre part, les marchés traditionnels ne seraient pas pour autant marginalisés. Le cap des exportations y serait maintenu, en «rectifiant l'offre proposée à des marchés jusque là assez négligés comme la Grande Bretagne, l'Allemagne et le Benelux». Une nouvelle région est également dans la visée des exportateurs d'agrumes marocains. Il s'agit de la Russie, qui vient d'acheter plus de la moitié des exportations totales avec une quantité estimée à plus de 1,3 million de tonnes, dont 200.000 tonnes de clémentines. La distribution, maillon faible de la chaîne Avec toutes ces perspectives d'export, les producteurs veulent rassurer les consommateurs locaux auxquels une grande partie de leur production est réservée. Cependant, les professionnels du secteur rencontreraient de nombreuses difficultés aussi bien sur le plan fiscal que logistique. Ils seraient, de fait, contraints de verser des «taxes», sans raison valable, au marché de gros. Cette surtaxation risque d'entraver le bon fonctionnement de l'offre locale, puisque celle-ci pourrait bien pâtir des répercussions des charges fiscales sur le prix de la marchandise. Le pan logistique pourrait également constituer un goulot d'étranglement. Les producteurs se plaignent en effet des marchés non structurés et de l'augmentation du nombre d'agents. «Contrairement à ce qu'on croit, la grande distribution au Maroc ne supporte pas plus de 15.000 tonnes au total par an», explique Ahmed Derab. Malgré toutes ces difficultés, les producteurs tentent de maintenir la balance des prix à un niveau «raisonnable». Les clémentines sont aujourd'hui vendues entre 0,49 et 0,81 DH/kg et l'orange entre 0,25 et 0,57 DH/kg et la production nationale ne risque pas de connaître de pénurie, puisque les perspectives restent teintées d'optimisme. Le Maroc s'attend à une production d'agrumes de plus de 2,9 millions de tonnes en 2020. Le contrat-programme porte ses fruits Dans le cadre de la stratégie Maroc Vert, un contrat-programme avait été signé entre l'Etat, représenté par les ministères de l'Agriculture, de l'économie, de l'intérieur et les professionnels de la filière agrumicole. Ce dernier, conclu en 2009, prévoyait, avec un investissement global de 9 milliards de DH, de remettre à niveau l'agriculture marocaine. Aujourd'hui, certains objectifs de ce contrat commencent à apparaître. C'est à juste titre ce qui ressort de ces résultats encourageants. Quatre des principales mesures auraient été bien menées pour parvenir à cette récolte, à savoir l'accélération du rythme de renouvellement des vieilles plantations et de l'extension dans les régions favorables, l'encadrement technique des producteurs, l'équipement des vergers en irrigation goutte à goutte ou encore la promotion des exportations. Cependant, beaucoup de choses restent à concrétiser pour espérer parvenir aux 2,9 millions de tonnes de production à l'horizon 2009. L'assainissement des circuits de commercialisation reste encore en état d'avancement, puisqu'il est actuellement même difficile d'instituer un schéma de distribution clair au regard de la forte proportion d'informel qui subsiste. L'amélioration des conditions de logistique demeure encore une nécessité, à en croire les producteurs qui peinent encore à acheminer leurs récoltes.