Le président américain Donald Trump a fait trembler la scène internationale de la sidérurgie en déclarant la semaine dernière en voulant imposer aux importations d'acier une taxe douanière de 25%. Si les instances mondiales grincent des dents, les analystes locaux trouvent cette mesure loin de pouvoir troubler l'activité du sidérurgiste national. Détails «A priori, rien ne pourra perturber la performance de Sonasid...», souligne cet analyste. Une affirmation, en réponse aux dernières menaces du président américain Donald Trump concernant l'instauration d'une taxe douanière de 25% sur les importations en acier et ceci au risque de provoquer une guerre commerciale avec ses principaux partenaires commerciaux. «L'on sait tous que c'est la Chine qui est visée, et Sonasid n'a commencé que récemment à exporter une petite partie (20.000 tonnes au premier semestre 2017) vers les USA», avance cet analyste. Il est vrai que les Etats-Unis avaient appliqué, ces dernières années, des droits variables de 100% et dépassant les 200% sur les produits en acier provenant de l'empire du milieu. Celui-ci représente au moins 50% de la production mondiale d'acier et ceci malgré les tentatives des autorités chinoises de réduire leurs capacités de production. Ces efforts de réduction ont tout de même permis une remontée des cours à l'international et une meilleure valorisation des stocks pour les industriels de l'acier à travers le monde. Pour l'année 2018, les entreprises d'Etat chinoises administrées par les autorités centrales prévoient de réduire la capacité de production de charbon de plus de dix millions de tonnes. Une bouffée d'oxygène pour les sidérurgistes du reste du monde. Au niveau national, la situation vient conforter le marché marocain qui est, pour le moment, encore protégé par des mesures anti-dumping. En 2016, le ministère du Commerce extérieur avait prorogé pour 3 ans la protection commerciale contre les importations pour les ronds à béton et le fil machine. Depuis et dans un contexte sectoriel marqué par la hausse des prix du rond à béton et du fil machine au Maroc, Sonasid poursuit sa stratégie visant à consolider son leadership (40% de parts de marché) à travers notamment l'amélioration de sa compétitivité via la maîtrise des coûts des intrants, l'optimisation des coûts énergétiques (convention avec Nareva à l'horizon 2018) et l'intensification des investissements pour l'optimisation de son process industriel. Le management se penche également sur d'autres canaux de croissance. Le groupe entend également étoffer son offre de produits en visant d'autres secteurs d'activité (l'automobile, l'aéronautique ou encore l'agriculture) tout en développant son activité à l'international. Au-delà des Etats-Unis, Sonasid prospecterait également en Afrique de l'Ouest, notamment au Sénégal et en Côte d'Ivoire. En bourse, les investisseurs semblent bien accueillir les efforts de Sonasid face à la «guerre commerciale» mondiale engagée depuis quelques mois. Les analystes semblent également optimistes quant aux perspectives du groupe. En attendant la publication des résultats annuels, le titre s'échange actuellement à 828,50 DH, enregistrant une hausse de 18% depuis le début de cette année et un bond de 114% depuis janvier 2017. Fatma Haddad Analyste chez AlphaMena Sonasid continue le rallye entamé en 2017 avec une performance de 18,4% (au 28/02/2018) observée depuis le début de l'année 2018. Le marché semble avoir apprécié les réalisations respectables du sidérurgiste au terme du S1 2017 et le retour aux bénéfices prévu pour la fin de 2017. L'une des raisons qui ont également animé le marché est sans aucun doute l'annonce de l'exportation de 20.000 tonnes de fil machine vers les Etats-Unis suite à l'application de mesures anti-dumping sur les produits chinois de la part des autorités américaines. Les droits sur ces derniers vont de 100% à 200% et en février 2018, une taxe supplémentaire d'au moins 24% a été appliquée sur les importations d'acier. Les Américains semblent déterminés dans leur lutte contre le dumping chinois et Sonasid en a clairement profité. Good job ! Cependant, nous maintenons notre avis sur le fait que la montée du titre soit exagérée et chèrement payée. Sonasid, qui se paie 13,4x VE/EBITDA 2018e, est plus chère que son secteur (l'Egyptien Ezz Steel et le Saoudien Saudi Steel Pipe) qui se traite à une moyenne pondérée de 10,9x. Les niveaux de valorisation de Sonasid sont excessifs pour un acteur opérant dans un contexte toujours en difficulté : un marché surcapacitaire dans un secteur qui regorge d'incertitudes (secteurs BTP et immobilier toujours en berne). D'autant plus qu'au Maroc, les mesures anti-dumping engagées par l'Etat depuis 2014 ne seront pas prolongées puisque le droit additionnel sur les importations de rond à béton et de fil machine ne sera pas appliqué en 2018. La donne a donc changé pour Sonasid et les défis deviennent de plus en plus difficiles à relever.