Le marché s'était habitué à voir le titre SONASID stagner autour de 400 DH. Depuis le mois de juillet, beaucoup de choses ont changé, notamment dans la conjoncture mondiale qui a un regain d'intérêt pour les sidérurgistes. SONASID, filiale partielle du géant ArcelorMittal, n'est pas en reste. Le titre de SONASID s'échange désormais à plus de 800 DH et la hausse se poursuit... Tout comme les sidérurgistes du monde entier, le titre SONASID connaît une ascension fulgurante cet été. Après un début d'année en quasi-stagnation (le cours s'est stabilisé autour de 400 DH sur les six premiers mois), le titre a repris de la hauteur dès début juillet, porté par le rebond des prix du minerai de fer et de l'acier. Tous les regards se portent aujourd'hui sur la Chine qui détient aujourd'hui la clé de l'orientation des prix des matières premières pour les prochains mois. La production chinoise en acier a atteint 491 millions de tonnes pour les 7 premiers mois de l'année, soit 30% de la production mondiale en 2016. Le pays, qui produit environ la moitié de l'acier consommé dans le monde, est également considéré comme le premier acheteur de minerai. D'un autre côté, la World Steel Association -organisme qui observe les tendances du secteur au niveau mondial- estime que la demande d'acier va mieux se porter en 2017. Celle-ci devrait croître de 0,5 % à 1.510 millions de tonnes. Pour les sidérurgistes du monde entier, cela se traduit ainsi: une nette amélioration de la consommation d'acier cette année, alors qu'elle s'était tassée en 2016. Le sidérurgiste historique du Maroc devrait donc profiter d'un marché revigoré et «assaini», ainsi que de la reprise de la croissance mondiale, très attendue. Autre bonne nouvelle pour SONASID : les indicateurs du secteur local BTP sont au vert. Ce secteur, longtemps sinistré, s'inscrit aujourd'hui –selon les derniers chiffres du DEPF- en hausse comparé à l'exercice précédent. Une embellie jamais connue ces cinq dernières années. Par conséquent, une grande partie des analystes révisent à la hausse leurs attentes quant à la valeur. Un optimisme porté également par le repli significatif des importations de rond à béton (RAB) au Maroc de 71% et la hausse des prix à l'import de 29% durant le premier trimestre 2017. Profitant des mesures de sauvegarde –qui ont encore été prorogées de 3 ans en 2016- le sidérurgiste sort enfin la tête de l'eau. Pour certains analystes, SONASID devrait clôturer le premier semestre 2017 sur un recouvrement de ses marges. Quelques traders affirment : «nous assistons aujourd'hui au démarrage d'un processus solide de rattrapage des marges au profit des sidérurgistes intégrés». Selon les estimations d'Attijari Intermediation, la marge d'EBE de l'opérateur évoluerait de 6,3% en 2016 à 13,8% en moyenne sur la période 2017e-2019e. «Ce niveau de profitabilité demeure en cohérence avec celui observé sur le marché sidérurgique à l'international». Le marché s'attend actuellement à ce que SONASID renoue -dès cette année- avec une politique de distribution généreuse, soit un payout de 100%. À cet effet, le D/Y moyen du titre sur la période prévisionnelle 2017e-2019e reste assez attractif (8,1%). Un scénario optimiste porté par un faible besoin en investissement conjugué à une trésorerie récurrente de 600 MDH ainsi qu'un rattrapage en termes de distribution des bénéfices après deux années successives de déficit. Dans la dernière note publiée par Attijari Intermédiation, ses analystes valorisent Sonasid à 995 DH avec recommandation à l'achat. Le titre s'échange actuellement (08/09) à 828 DH. Le cours enregistre une performance annuelle de 114%. Fatma Haddad Analyste au sein d'Alpha Mena La performance affichée par le titre Sonasid depuis le début de l'année 2017 (+118% YTD au 05-09-2017) a suscité l'intérêt du marché. Ce dernier semble miser sur un redressement de la rentabilité du sidérurgiste local à partir de 2017, s'attendant à un résultat net au vert. De notre côté, nous sommes plutôt sceptiques et réitérons notre prudence quant aux réalisations de Sonasid au vu d'un contexte local encore morose. Le problème majeur de la société réside dans sa forte dépendance de son environnement: un secteur BTP marocain encore en difficulté, caractérisé par une demande en berne, et des mesures anti-dumping engagées par l'Etat contre une offre chinoise surabondante qui tardent à porter leurs fruits. Nous nous attendons à ce que cette tendance se prolonge sur le moyen terme. D'ailleurs, nous estimons que c'est une recovery qui est chèrement payée, d'autant plus que le titre Sonasid se traite à des niveaux de valorisation nettement plus chers que ceux de ses comparables : 15,2x EV/EBITDA 2017e vs. une moyenne de 8,04x pour ses peers (3 grands acteurs internationaux dans l'industrie métallurgique ainsi que le leader égyptien Ezz Steel). Toutefois, Sonasid demeure une valeur qui a une position bilancielle confortable, avec un gearing négatif à partir de 2014 (et qui a prévu de le rester pendant les 3 prochaines années) et une capacité de génération de cash qui reste solide. Nous pensons que la valorisation actuelle (840 MAD au 05-09-2017) serait justifiée par une éventuelle reprise du secteur BTP.