Ce week-end le meilleur de l'art contemporain d'Afrique s'est donné rendez-vous dans la ville ocre. Plusieurs galeries du monde entier ont mis leurs artistes en avant. Un week-end sublimé par l'ouverture du Musée d'art contemporain africain Al Maaden (MACAAL), le 24 février. Le week-end dernier, Marrakech grouillait de partout et respirait la créativité. La première édition de la foire d'art contemporain africain 1-54 à Marrakech a mis en avant le talent de plusieurs artistes africains dans plusieurs coins de la ville, de Guéliz à Jamâa El Fna en passant par la Mamounia. Un évènement artistique qui coïncide avec l'inauguration du Musée d'art contemporain africain Al Maaden (MACAAL), le 24 février. «Ce partenariat entre le MACAAL et 1-54, à l'origine d'une effervescence artistique inédite dans la ville, témoigne de l'énergie créative et de la diversité culturelle du continent africain». Pour rappel, le MACAAL est un musée indépendant à but non lucratif. L'un des premiers du genre en Afrique du Nord, le MACAAL est dédié à la promotion de l'art africain à travers un large éventail de médias et de divers programmes d'éducation et d'expositions. Par l'acquisition et l'exposition des œuvres d'artistes, qu'ils soient confirmés ou émergents, ledit musée favorise l'accès à l'art et à la culture et donne à voir l'énergie créatrice et la diversité culturelle caractéristiques du continent. Le MACAAL est né de la démarche philanthropique de la famille Lazraq et de la volonté de partager sa passion pour l'art en général et l'art contemporain africain en particulier. Sous l'impulsion d'Othman Lazraq, également président du musée, des œuvres puisées dans une des collections les plus éclectiques, sont et seront exposées à un large public. L'inauguration se fera avec une exposition intitulée «Africa is no Island» sous le commissariat de Jeanne Mercier et Baptiste de Ville d'Avray, fondateurs de la plateforme de photographie «Afrique in visu» et de la commissaire indépendante Madeleine de Colnet, l'exposition rassemble plus de quarante photographes émergents et établis. «À travers l'image, ces artistes réinvestissent l'imaginaire lié au continent africain et abordent des problématiques culturelles universelles telles que la tradition, la spiritualité, la famille et l'environnement dans le cadre d'expériences quotidiennes et actuelles». Des artistes au talent universel Sélectionnées autour des trois thèmes «Je suis ma représentation», «Dessiner des géographies» et «Recueillir l'histoire», les œuvres racontent la diversité des vécus en questionnant leurs symboles, leur rapport au temps et à l'espace. Les images multicouches d'Ishola Akpo, photographe ivoirien installé au Bénin, brouillent les frontières entre réalité et fiction. La série «L'essentiel est invisible pour les yeux», exposée lors du Festival de la photo de Lagos, nous emporte dans l'histoire familiale et les souvenirs du photographe en illustrant avec soin la dot de sa grand-mère (bouteilles de gin, habits et perles) pour mettre en lumière leur charge symbolique. Le travail photographique de l'artiste sud-africaine Lebohang Kganye, illustre son intérêt pour la sculpture, la performance et la démarche d'archivage de son histoire personnelle par des mises en scène singulières superposant autoportraits aux photographies de famille minutieusement collectées. Les questions écologiques liées aux déchets plastiques et électroniques reviennent fréquemment dans la série de Nyaba Léon Ouedraogo, «Les Fantômes du fleuve Congo», inspirée du livre «Au cœur des Ténèbres» de Joseph Conrad, datant de l'ère coloniale. Ses œuvres offrent un regard contemporain sur le fleuve Congo, artère symbolique de l'Afrique en exposant la vie l'entourant. Maïmouna Guerresi est une artiste multimédia qui associe photographie, sculpture, vidéo et installation dans son travail, créant des images imprégnées de spiritualisme en lien direct avec sa propre conversion au soufisme. À l'aide de motifs récurrents tels que le voile, ses portraits affirment et célèbrent la spiritualité féminine et la féminité africaine. Transformés par le cabinet franco-marocain Lazraq Bret, pour une meilleure immersion du visiteur, les espaces du musée, bien différents de ceux qu'il offre originellement, font écho à l'architecture traditionnelle des médinas marocaines. Dès le début du parcours, des arches marquent l'entrée d'un univers clos et mystérieux. Cette configuration dédalique, presque contraignante, invite le visiteur à découvrir les œuvres petit à petit, ne laissant rien présager de la richesse que le parcours recèle. L'exposition est accompagnée d'un dispositif reproduisant le paysage sonore de Marrakech réalisé par Anna Raimondo ainsi que d'une installation de photomontages clôturant le parcours de l'exposition, qui illustre les œuvres d'autres artistes mis en avant par «Afrique in visu».