Le faible développement d'instruments spécifiques pour la couverture contre les multirisques en aquaculture et l'absence des opérateurs bancaires ont été au centre du débat lors de la journée portes-ouvertes, initiée par l'ANDA sur les opportunités d'investissement en aquaculture dans la Région Souss-Massa. Contamination, aléas climatiques, mort accidentelle ou vandalisme... les limites de la couverture des risques en aquaculture n'ont pas manqué de susciter, ce lundi, à Agadir, l'intérêt des participants à la journée portes-ouvertes, initiée par l'ANDA sur les opportunités d'investissement en aquaculture dans la Région Souss-Massa où les appels à manifestation d'intérêt, ont été lancés, le 27 novembre 2017, pour le développement de projets d'aquaculture, à partir de septembre 2018 (date de publication de résultats). Il va sans dire que le délai de récupération de capital en comparaison avec la taille de l'investissement initial pour la réalisation de fermes aquacoles varient selon l'ANDA entre 5 à 6 MDH pour la conchyliculture et 6 à 7 MDH pour l'algoculture, alors que la pisciculture qui ne figure pas encore dans l'appel à manifestation d'intérêt du plan aquacole de la région, mobilisera 30 MDH. Ce qui explique les inquiétudes des professionnels devant le faible développement d'instruments spécifiques pour la couverture contre les multirisques en aquaculture et l'absence des opérateurs bancaires lors de cette réunion présidée par Mbarka Bouaida, Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, chargée de la pêche maritime. Du côté de l'ANDA, «plusieurs compagnies proposent des offres d'assurance pour les fermes aquacoles, mais d'autres classifications de risques telles que les maladies ne figurent pas dans ces instruments qui peuvent être créés après le développement de cette filière au Maroc», indique-t-elle. Dans le détail, si les risques liés à l'environnement de production sont prépondérants, les investisseurs sont également exposés à d'autres types de risques inhérents aux activités économiques, telles que les pollutions ou ceux du marché ou les risques institutionnels, en l'occurrence le changement de politique ou de régulation. Sur ce dernier point, la Loi de finances 2018 apporte des mesures incitatives spécifiques à l'aquaculture afin d'améliorer l'attractivité du secteur aquacole, alors qu'en 2014, il n'y avait aucune mesure fiscale dédiée à cette filière. À cet égard, le Maroc dispose de trois mesures phares, notamment les droits de douane sur l'aliment qui sont passés de 25% en 2014 à 2,5% en 2016 dans la limite d'un contingent de 15.000 t / an, alors que la déductibilité de la TVA sur l'aliment, les alevins et les naissains est effective. Selon une simulation de l'impact des mesures proposées sur le taux de rentabilité interne (TRI) sur 10 ans, en ce qui concerne la conchyliculture (Cas d'une ferme d'élevage des huîtres qui produit 380 t/20 ha ), l'impact de ces mesures permettra l'amélioration du TIR du projet à hauteur de 5% et une baisse de coût de production de 8% avec une amélioration du résultat net de 12% et un allégement de la pression fiscale de 14%. S'agissant de la pisciculture (cas d'une ferme piscicole qui produit 2.000 t/25ha), les répercussions entraîneront l'amélioration du TIR de projet à hauteur de 25% et une baisse de coût de production de 16% avec un doublement du résultat net et un adoucissement de la pression fiscale de 85%, à partir de la 4e année. Mais au-delà de ces aspects économiques, «les difficultés ne peuvent être surmontées qu'à travers le rapprochement entre les professionnels et les institutions qui assurent l'encadrement technique et scientifique avec l'adhésion des opérateurs bancaires», explique Abderrahmane Sarroud, président de la Chambre des pêches maritimes de l'Atlantique Centre Agadir. Selon cette entité, les prévisions en termes d'investissement sont estimées à 1,5 MMDH, alors que le développement de cette activité permettra aussi d'attirer les opérateurs d'équipement dans la région. Du côté de l'ANDA, qui a déjà réalisé les études nécessaires en fonction des facteurs physicochimiques, géobiologiques et biologiques, «il faut prendre en considération les espèces à élever dans le milieu marin où la ferme sera développée en plus des techniques déjà identifiés en relation avec le marché et la logistique», explique Abdelkoddous Morchid, chef de développement de l'ingénierie aquacole au sein de l'ANDA. Par ailleurs, l'aquaculture est la meilleure alternative au déficit de la pêche maritime, alors que la majorité des moules présentées dans les étalages des GMS provient de l'importation. Au titre de l'année 2015, le Maroc a importé 171 tonnes de moules, dont plus de la moitié provient du Chili. «L'aquaculture croît plus rapidement que les autres secteurs de production de chaires animales et sa contribution à l'offre mondiale de poissons est passée de 3,9% en 1970 à 55% en 2017», précise Mohamed Bouayad, président du pôle de compétitivité Agadir Haliopôle (AHP).