La conférence «Opportunités pour tous» tenue les 29 et 30 janvier à Marrakech a été consacrée à la question de l'emploi des jeunes. Le FMI insiste sur le rôle du secteur privé, l'Etat n'étant pas en mesure de créer de l'emploi. En s'appuyant sur le lyrisme de Khalil Gabran et l'imaginaire orientaliste de Marrakech, Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international (FMI) a martelé les remèdes de son institution pour «la création de l'emploi et une croissance inclusive». Dans ses keynotes en ouverture du Forum, il a mis en exergue l'importance de l'enjeu de l'emploi et de la croissance dans la région et a salué les progrès «mais, nous pensons que ce n'est pas assez», déclare-t-elle. Recommandation phare : «S'éloigner du modèle de l'Etat employeur». Les priorités du FMI pour le Maroc Dans la région MENA où 27 millions de jeunes arriveront sur le marché de l'emploi dans les cinq prochaines années, le taux de chômage parmi les jeunes estimé à 25% est considéré comme l'un des plus élevés au monde. Résultat : «Il y a une pression sociale, des attentes et des aspirations, des pressions de la population», reconnaît Saâd-Eddine El Othamni, chef de gouvernement. Même constat au FMI. «Cette insatisfaction généralisée se traduit par un bouillonnement populaire dans plusieurs pays dans la région. Pour ces raisons, il devient urgent d'agir», prévient Christine Lagarde. La bonne nouvelle dans ce tableau peu reluisant, c'est que l'économie mondiale connaîtra un nouveau rythme de croissance «similaire à celui d'avant la crise de 2008», prévoit la patronne du FMI. «Cette conjoncture positive est une opportunité pour les réformes», propose-t-elle. Ces réformes, Lagarde les a résumées dans trois priorités. Il s'agit du soutien au secteur privé dynamique, le soutien aux groupes sociaux exclus et enfin utiliser la politique fiscale pour soutenir les personnes et les infrastructures. Ces chantiers de réformes reprennent les thèses du FMI en matière de réforme macro-économiques, tout en ajoutant une touche sociale, tirée du bilan des programmes d'ajustement structurel. Dans le périmètre de la 1re priorité, l'objectif visé serait de «créer un secteur privé dynamique pour une croissance plus forte et plus d'emplois». Et Lagarde livre le fonds de sa pensée à ce sujet : «:l'ancien modèle où l'Etat est l'employeur de premier recours n'est plus viable. Le secteur privé doit intervenir et intensifier et à certains égards les actions gouvernementales peuvent aider». Ceci se traduira par «uniformiser les règles du jeu en luttant contre la corruption pour que les entreprises privées renforcent leur concurrence et tirent parti du commerce mondial et des nouvelles technologies», propose Lagarde. La deuxième priorité dans la région devrait cibler «les jeunes, des femmes, des populations rurales et des réfugiés». Pour y arriver, il faut «des politiques ciblées», recommande la DG du FMI. Et d'ajouter : «Cela signifie préparer les gens à des emplois dans l'économie - grâce à une meilleure éducation et à des politiques actives du marché du travail qui aident les jeunes et les femmes à trouver un emploi intéressant». La priorité numéro trois est de l'usage du levier fiscal pour investir dans les personnes et les infrastructures. «Aujourd'hui, les dépenses sociales - sur les filets de protection sociale, les services de santé et d'éducation - représentent moins de 11% du PIB. Cela se compare à 19% dans les pays émergents d'Europe», compare Lagarde. «La question est alors de savoir comment augmenter les dépenses consacrées aux services sociaux et aux infrastructures lorsque les budgets sont si serrés. Une priorité clé est la construction de seuils et de bases d'imposition équitables. Tous doivent payer leur juste part, tandis que les pauvres doivent être protégés», recommande-t-elle. En conclusion, elle rappelle le leitmotiv de son discours : «Si les pays peuvent changer en s'éloignant du modèle de l'Etat en tant qu'employeur de premier recours, cela peut aussi aider à faire place à des dépenses sociales et d'infrastructure à haut rendement». Organisée à l'initiative du FMI, du Fonds monétaire arabe (FMA), du Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES) et du royaume du Maroc, cette conférence régionale cherchait à répondre aux défis qui entravent les politiques de croissance globale, à étudier les mesures à même d'étendre la portée des réformes afin de créer davantage d'opportunités pour les jeunes et les femmes et à examiner la contribution du FMI, du FMA et du FADES à la mise en œuvre des réformes. Les participants ont discuté également des politiques favorisant une croissance plus durable et plus intégrée, des opportunités pour tous et des moyens susceptibles de traduire ces mesures en actions pratiques et tangibles. Saâd-Edddine El Othmani Chef de gouvernement «Notre décision d'aller vers un système de change flexible est une décision nationale et réfléchie durant des années et après large consultation. Maintenant, nous n'avons aucun complexe a bénéficier des expériences des autres et des meilleures pratiques dans ce domaine.» Christine Lagarde dg du FMI «La transition vers un système de change flexible et intelligent du dirham est une très bonne décision du gouvernement marocain. Et les marchés apprécieront».