La vague de contestation ayant touché les pays de l'Afrique du Nord a porté un grand préjudice à leur économie, à l'exception d'un seul. Le Maroc est l'unique Etat qui tire son épingle du jeu avec brio. C'est la conclusion d'une étude réalisée par le think tank espagnol Real Instituto Elcano. L'auteur, Gonzalo Escribano, chercheur et fin connaisseur de l'économie marocaine, a analysé les raisons de cette exception marocaine. Intitulée «Le Maroc dans la nouvelle carte économique méditerranéenne», l'étude accorde d'emblée au Maroc le statut de pays au dynamisme économique incontesté. «Cela lui octroie une fenêtre d'opportunités pour se positionner dans la nouvelle carte économique méditerranéenne», peut-on lire dans le document en question. Dans ce contexte de confusion politique et économique, le Maroc, et contrairement à ses voisins, «est le seul pa:ersitaire brosse tout de même un tableau peu reluisant sur les indices de développement du Maroc où, à titre d'exemple, le Maroc occupe la 130e place dans le classement du développement humain réalisé par le PNUD, loin derrière l'Algérie (96e), la Tunisie (94e ) et la Libye, la mieux lotie (64e). «La situation de précarité et d'inégalité sociale dont souffre le Maroc se traduit par la difficulté d'accès à l'emploi, aux services publics et au financement», estime l'auteur. Autre boulet entravant la marche de l'économie marocaine, celui du taux élevé du chômage des jeunes, l'un des plus hauts dans la région. À cela s'ajoute le poids du «sous-emploi» dans les secteurs agricole et informel, souligne t-on. Du côté des performances, Gonzalo Escribano a fait l'éloge de l'entrepreneuriat au royaume et de la création d'entreprises. «Le Maroc a doublé le taux de création de nouvelles entreprises durant la deuxième partie de la décennie écoulée». Ce constat nous place en haut du podium au niveau régional, en termes de création d'entreprises, partageant ainsi cette place avec la Tunisie et la Jordanie et atteignant même des niveaux proches de ceux de la Turquie. Les avancées précitées et la nouvelle place qu'occupe Maroc, l'auteur se refuse de les attribuer au hasard ou à la situation d'incertitude que traversent ses voisins. «C'est grâce, essentiellement, à un effort personnel de la part du Maroc», reconnaît-il. Ainsi en témoigne, ajoute t-il, la bonne croissance réalisée durant la décennie écoulée, principalement celle enregistrée dans les périodes critiques comme l'année 2007. Cela fait dire à l'auteur que le Maroc est «mûr» pour avancer, à un rythme plus soutenu que le reste des pays de la région, dans le processus d'intégration économique le reliant à l'UE. D'ailleurs, dans ce sens, l'analyse estime qu'au niveau du secteur agricole, le retard dans l'aboutissement à un modèle basé sur la complémentarité au lieu de la concurrence ralentit l'essor du partenariat maroco-européen. L'étude estime que les déclarations européennes appelant à garantir un meilleur accès des exportations agricoles marocaines au marché européen sont peu suivies d'actes. D'où d'ailleurs ce désagrément exprimé par l'auteur quant à la faiblesse des avantages commerciaux accordés par l'UE à son partenaire de choix. «Les encouragements se contentent d'élargir les contingents des produits sensibles, sans pour autant varier les prix d'entrée ni les calendriers d'importation», regrette t-il. Gonzalo, partisan d'un partenariat hispano-marocain élargi, a lancé un appel aux deux pays voisins, afin qu'ils valorisent au mieux leurs atouts et reconsidèrent les obstacles qui freinent le développement de leur complémentarité dans les secteurs où les intérêts des deux pays se croisent. C'est un appel en filigrane aux professionnels espagnols de l'agriculture, pour qu'ils enterrent la hache de guerre et qu'ils emploient leur énergie positivement, de telle sorte que cela profite aux deux partenaires. S'adressant à l'UE, le document exhorte la communauté européenne à mettre en place «un modèle crédible» d'intégration du Maroc dans l'espace et le marché européens. Ce modèle, recommande l'analyste, devrait offrir de larges perspectives, permettant d'avancer à pas de géant dans les dossiers et thèmes toujours en «suspens». En résumé, le schéma d'intégration qu'offre le partenaire européen au Maroc à l'heure actuelle, reste fragmenté et très peu, voire pas du tout, promoteur. Pour changer cela, «il est nécessaire de reconsidérer les obstacles freinant l'intégration du Maroc au marché européen, dans une approche qui tend vers le long terme». En effet, d'après le think tank espagnol, le Maroc peut se positionner, dans un avenir proche, comme l'associé de l'UE le plus solide de la région.