La décision du Mouvement populaire de rejoindre de répondre favorablement à la demande de Benkirane, apportera un baume au cœur des responsables du PJD. La nouvelle coalition dispose, désormais, de la visibilité nécessaire pour entamer les discussions sur la formation du prochain cabinet gouvernemental et cela sans même attendre la réponse du PPS attendue ce weekend. Forte, en effet, de ses 199 sièges, la coalition dispose d'une «majorité in extremis» qui constituera l'ossature de la majorité gouvernementale. Prochaine étape, donc, pour Benkirane, la formation du gouvernement dont il aura la charge. Une étape qui risque de s'avérer aussi compliquée que celle de la constitution de la majorité au vu des prétentions, non seulement, du PJD galvanisé par sa victoire et ses 107 sièges, mais aussi de l'allié en second, l'Istiqlal dont les dirigeants monnayeront certainement leur participation au plus fort. Un objectif que partage le MP qui n'a, jusque là, donné que son accord de principe en attendant de connaître «l'offre du prétendant». Des exigences sur lesquelles le PJD devrait forcément faire des concessions pour maintenir la cohésion au sein de sa majorité, sans pour autant prendre le risque de céder sur des ministères, essentiels à la concrétisation des engagements qu'il aura pris avec les citoyens. L'illustration la plus parfaite peut se lire dans la remise en cause de certains critères mis en avant par le PJD notamment un «gouvernement restreint et surtout rajeuni». Le cabinet de Benkirane qui devrait tourner autour de 25 postes ministériels sera donc réparti, non seulement, en fonction du poids des alliés mais également, en tenant compte de certaines considérations propres à chaque formations politiques. Ce qui est sûr, c'est que les trois partis qui composent l'échine dorsale de la coalition, et qui seront éventuellement rejoints par d'autres, se tailleront la part du lion dans le partage du gâteau. Difficile partage du gateau La commission politique du PJD est, déjà, à pied d'œuvre pour la première mouture des propositions qui seront présentés aux différents alliés. Celle de l'Istiqlal se réunira, ce weekend, pour se positionner sur l'offre du chef du gouvernement. Selon les premières informations qui commencent à circuler, le Parti de l'Istiqlal vise une dizaine de postes ministériels dans le prochain gouvernement et pas des moindres, en plus de la présidence de la chambre des représentants que lorgne également le MP. Il est vrai que dans cette étape, les partis jouent plus la politique de «viser plus pour avoir plus», ce qui suppose que le parti d'Abass El Fassi ne descendra pas au-dessus des 8 strapontins ministériels, dont certains biens ciblés. «L'Istiqlal cherche l'un des portefeuilles qu'il a dû céder en 2007 en faveur de ses anciens alliés», témoigne un député du parti de la balance. Les Finances, l'Agriculture, mais aussi la Justice sont en ligne de mire «même s'il sera difficile de les décrocher tous à la fois». Pour leur part, plusieurs membres influents au sein du parti de la lampe tentent de «sortir du cadre du gouvernement de Abbas El Fassi et aboutir à un nouveau gouvernement qui marquera le changement attendu et permettra au PJD d'assumer ses responsabilités», explique un député du parti. «Plusieurs départements devront normalement être sous la responsabilité du parti, ce qui mettra en avant la majorité obtenue durant les élections», souligne-la même source. Le nœud qui risque de bloquer au niveau des répartitions des postes tient à la «générosité» que pourra faire preuve le PJD sur certains secteurs qui constitue le cheval de bataille de son engagement électoral. Le parti du nouveau chef du gouvernement ne pourra s'en passer de certains portefeuilles à caractère social, qu'il s'agisse de l'Education, l'Emploi ou encore la Santé et le Transport. Les départements déjà occupés par l'Istiqlal au cours du mandat précédent devraient, en principe et selon cette logique, dans cette logique revenir au PJD qui cherchera aussi à occuper des postes de responsabilité directe sur les Finances et le Commerce. Du côté du troisième allié du PJD, à savoir le MP, il s'agira de viser une présence plus honorifique que dans le gouvernement sortant. Où les harakis n'ont eu que deux ministres sortants. En plus des affaires étrangères, le parti pense aussi à celui de l'Agriculture et de la pêche, entre autres. En tout cas, sa position de 3e force de la majorité lui donne droit à « un appétit d'ogre». Pourparlers en parallèle Si la nouvelle opposition dispose, constitutionnellement, de la présidence de deux commissions et dispose de la majorité requise pour la formation des commissions d'enquête, les trois partis au gouvernement auront le contrôle du bureau qui centralisera dorénavant les projets de lois au lieu du SGG, mais ne disposent pas encore de la majorité absolue nécessaire pour le vote de confiance. «La majorité obtenue permettra au gouvernement d'avoir le contrôle des commissions, à l'exception des commissions dont la présidence sera réservée à l'opposition et qui ne peuvent en aucun cas dépasser deux», explique un coordonnateur des députés du parti de la lampe au sein de la Chambre des représentants. L'opposition, quant à elle, et en vertu de ses sièges qui atteignent actuellement 138 députés, sera habilitée à former toute commission d'enquête pendant le mandat gouvernemental. En attendant la formation du bureau de la nouvelle chambre qui a lieu à la représentation proportionnelle des groupes, l'alliance avec le MP permettra au PJD d'adopter les nouvelles règles relatives à la participation effective des membres aux travaux des commissions et des séances plénières, y compris aux sanctions applicables aux absences. «Le nombre, l'organisation des commissions permanentes seront parmi les grandes questions que l'ensemble des 395 députés devraient régler, parallèlement à celle de la formation du gouvernement», constate-t-on auprès du parti vainqueur aux élections. La présidence de la commission en charge de la législation à la Chambre des représentants, prévue constitutionnellement par l'article 10 de la nouvelle Constitution, n'est pas en effet interprétée de la même manière. La seule commission qui était sous l'égide de l'ancien règlement intérieur en charge de la législation était celle des droits de l'Homme, alors que les autres commissions étaient de caractère sectoriel et leurs lois n'avaient pas de portée générale. Ce qui pousse à dire que les tractations pour la formation du nouveau gouvernement seront prolongées à l'occasion de la nouvelle rentrée parlementaire...