Ce mercredi, la 16e Chambre du tribunal correctionnel de Paris va se pencher sur le procès de Jawad Bendaoud, surnommé le «logeur de Daesh». Pas moins de 350 parties civiles seront représentées par 80 avocats. Du pain béni pour les médias, puisque 60 journalistes sont accrédités. Trois salles ont été réquisitionnées pour accueillir ce beau monde dans ce procès hors norme, même si son enjeu reste discutable. On rembobine. Le 13 novembre 2015, une vague d'attentats frappe Paris, faisant 130 morts. Le 18 novembre, les spectateurs découvrent, médusés, un dénommé Jawad Bendaoud qui déclare dans une interview, diffusée en direct sur BFM TV le 18 novembre 2015: «J'ai appris que les individus sont retranchés chez moi. Je n'étais pas au courant que c'était des terroristes, moi [...] on m'a dit d'héberger deux personnes pendant trois jours. J'ai rendu service, normalement...». Jawad Bendaoud sera interpellé en direct et mis en examen après six jours de garde à vue. Au milieu de tout le drame qui a ensanglanté le pays. Il devient le héros d'une vague sans précédent de trolls et sa déclaration fera l'objet de moqueries et de sketchs. Dans la corporation, Jawad est ce qu'on appelle un bon client. Les journalistes dissèquent sa correspondance avec le juge d'instruction où il se plaint d'être «bouquet missaire» et ajoute que s'il savait «il n'aurait pas offert de 'Coca cherry et de l'Oasis'» aux terroristes. Avouez qu'il a le sens de l'humour et le mérite de relancer le débat du «Peut-on rire de tout ?».