Après leur victoire lors des élections régionales, les partis séparatistes devraient rester au pouvoir en Catalogne. Une victoire en forme de désaveu pour le pouvoir de Madrid, qui espérait que ce scrutin affaiblirait les séparatistes et mettrait fin à la crise qui agite la région la plus riche d'Espagne depuis l'automne. Après dépouillement de la totalité des bulletins de vote, les trois listes indépendantistes ont obtenu 70 sièges sur 135, soit deux de plus que la majorité absolue. La liste Junts Per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne) du président catalan destitué Carles Puigdemont conserve sa position de principale force indépendantiste avec 34 sièges. Le parti unioniste Ciudadanos (Citoyens), arrivé en tête des suffrages, a obtenu 37 sièges mais ne pourra pas diriger le gouvernement catalan car les autres forces unionistes ont obtenu de mauvais résultats. Le Parti populaire (PP) du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy n'a obtenu que trois sièges malgré le soutien du premier ministre, qui a effectué plusieurs voyages en catalogne pour encourager le candidat de son parti. «La République catalane a gagné sur l'Etat espagnol», a déclaré Carles Puigdemont de Bruxelles juste après l'annonce des résultats. Ce dernier a décidé de s'exiler à Bruxelles après la destitution de son gouvernement décidé par Madrid fin octobre à la suite de la déclaration unilatérale d'indépendance du Parlement catalan. Mariano Rajoy avait espéré que la «majorité silencieuse» porterait un coup décisif au mouvement séparatiste lors du scrutin de jeudi devenu un référendum de facto sur le soutien dont bénéficiait le mouvement séparatiste. Les résultats ont surpris les instituts de sondage et devraient permettre le retour de Carles Puigdemont. Il reste accusé de sédition et risque d'être arrêté s'il rentre chez lui. «Ou Rajoy change de recette ou nous changeons de pays», a déclaré Carles Puigdemont, dont le discours était retransmis à la télévision. Il était entouré de quatre anciens membres de son gouvernement qui ont fui avec lui en Belgique. Signe de l'enjeu du scrutin, la participation a connu un niveau record, de 82%, contre 75% lors des précédentes élections en 2015. Mariano Rajoy a prévu d'annuler la mise sous administration directe imposée à la Catalogne quel que soit le résultat du scrutin, mais a indiqué qu'il pourrait l'instaurer à nouveau si le nouveau gouvernement catalan recherche l'indépendance de façon illégale.