Ciments du Maroc l'avait prédit: les ventes globales de ciment devraient, cette année, être au même niveau que l'année précédente. Si les autres opérateurs restent attentifs aux éléments conjoncturels, la filiale d'HeidelbergCement mise entre autres sur son dispositif industriel, son activité à l'export ainsi que sur une santé financière jugée solide par le marché. Pour les analystes de la place, le titre est à «conserver» dans les portefeuilles... Les ventes de ciment au Maroc tentent tant bien que mal de finir l'année au même niveau -au moins- que l'année précédente, soit 14,15 millions de tonnes. La profession devra encore écouler 2,7 millions de tonnes pour atteindre cet objectif. Sauf que celle-ci reste tributaire de la conjoncture, mais surtout des aléas climatiques. En effet, la pluie représente une des entraves aux ventes de ciment. Pour l'heure, les opérateurs croisent les doigts en espérant que les intempéries ne viendront pas troubler les chiffres de fin d'année. Selon le ministère de l'Habitat et de la politique de la ville, la consommation nationale de ciment a atteint 1,32 million de tonnes, soit 0,29% de croissance par rapport à octobre 2016. Pour certains analystes, cette petite forme du marché cimentier conjuguée à la poursuite du climat d'attentisme dans l'exécution des dépenses de la part des donneurs d'ordres peuvent affecter sensiblement les résultats des opérateurs de la place, et par conséquent de Ciments du Maroc. Le cimentier en est conscient. D'ailleurs, la société compte réaliser, en 2017, des résultats en ligne avec ceux de 2016, et ce, sous réserve de l'évolution du coût des combustibles et de l'orientation du marché national du ciment. Le management anticipe en effet une demande en ciment en légère baisse comparativement à l'exercice précédent en raison des fortes pluies enregistrées en début d'année. Dans ce contexte, et malgré la recrudescence de la concurrence dans sa région de prédilection –qui se traduirait in fine par une guerre des prix- le groupe devrait capitaliser sur le positionnement de son usine à Aït Baha d'une capacité de 2,2 millions de tonnes, ainsi que sur les centres de broyage à Dakhla et de Nador, en cours d'acquisition. À cela s'ajoute le potentiel de l'activité à l'export (dont le poids dans les revenus devrait être porté à 20% jusqu'à 30% courant 2017), en lien avec la forte présence de sa maison-mère HeidelbergCement sur le continent africain. De plus, si le coût énergétique reste plus ou moins stable, les analystes craignent en revanche une hausse du coût de production du ciment qui est plus sensible au prix du petcoke. Les opérateurs cimentiers seraient en effet contraints de répercuter en partie l'effet haussier du coût du petcoke sur les prix de vente du ciment. Malgré ces contraintes, Ciments du Maroc semble jouir d'une assise financière confortable. D'ailleurs, les analystes d'Upline ont revu certaines de leurs prévisions pour fin 2017. «Notre ajustement des revenus a été élaboré sur la base des hypothèses d'une atténuation au S2-2017 de la baisse des ventes en volume, d'un effet-prix positif et d'un renforcement des opérations d'exportation de clinker», souligne la société de Bourse. Il en ressort une anticipation à la hausse des revenus de la société de 1,3% à près de 3,915 MMDH, contre 3,854 MMDH enregistrés en 2016. La capacité bénéficiaire part du groupe devrait, quant à elle, s'établir à fin 2017 à 1,05 MMDH. «La projection du RNPG exclut de nouvelles dépréciations sur sa participation (11,7%) dans Suez Cement en Egypte», soulignent les professionnels du marché. Pour d'autres, ce positionnement en Egypte pourrait engendrer des provisionnements en «additional impairment test» pouvant atteindre jusqu'à 200 MDH. Fatma Charfi Analyste chez AlphaMena En dépit de la morosité du secteur BTP au Maroc, Ciments du Maroc (Vente, Maroc) a engrangé un gain à deux chiffres (36,1%) depuis le début de l'année 2017 sur le marché actions marocain, surperformant le MASI de 29,48%. Cependant, le titre CIMAR se traite à des niveaux de valorisation nettement plus élevés que ses comparables. Aux cours actuels, CIMAR se négocie à 12,1x 2017 VE/EBITDA vs. 11,6x pour ses pairs. Le titre se paie à 27,8x ses bénéfices attendus pour 2017 contre 19,2x pour ses comparables couverts par AlphaMena. Opérant dans un contexte se caractérisant par une demande atone et une industrie fortement concurrentielle, le cimentier marocain a réussi à faire valoir son pricing power. D'autre part, l'actif égyptien de CIMAR, Suez Cement, qui est détenu à hauteur de 11,7%, devrait tirer avantage d'un impact atténué du flottement de l'EGP à partir du dernier trimestre 2017 (soit une année depuis le flottement qui a été lancé au 03-11-2016). Il est utile de mentionner que sur la cote, le titre Suez Cement affiche une performance depuis le début de l'année s'élevant à 73%. Ainsi, nous tablons sur une croissance du chiffre d'affaires en 2017 de 1,36% et une marge d'EBITDA autour de 45,9%.