À l'issue de leur quatrième rencontre à Niamey le week-end dernier, les ministres africains du Commerce se sont mis d'accord sur les textes relatifs à la Zone de libre-échange continentale. Les chefs d'Etat se prononceront en janvier prochain, lors du sommet de l'Union Africaine. Une étape importante vient d'être franchie pour la concrétisation de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC). Le week-end dernier à Niamey, la capitale du Niger, les ministres africains du Commerce se sont mis d'accord sur les textes relatifs au lancement de la ZLEC à l'occasion de leur 4e réunion, sous la présidence du président nigérien Mahamadou Issoufou. C'est donc un grand pas en avant qui vient d'être réalisé, dans l'objectif de boucler le processus de négociations avant fin 2017. À présent, les textes vont être transmis au Comité spécial des ministres de la Justice de l'Union africaine pour approbation. Par la suite, la Commission de l'UA se chargera de les soumettre aux chefs d'Etat et de gouvernement, lors du prochain sommet de l'UA prévu en janvier 2018 à Addis-Abeba. Sauf imprévu, la Conférence des dirigeants africains, qui avait fixé fin 2017 comme deadline pour boucler les négociations, donnera son feu vert pour l'entrée en vigueur de la ZLEC. Toutefois, cette dernière phase de concrétisation risque d'être moins évidente, si l'on se base sur de nombreuses initiatives à vocation continentale qui demeurent dans les tiroirs après avoir pourtant reçu l'aval des plus hautes autorités africaines. Bingo pour Issoufou! Quoiqu'il en soit, pour le président nigérien Mahamadou Issoufou, l'accord obtenu à l'issue des travaux des 1er et 2 décembre à Niamey est synonyme d'un grand succès. Sous son impulsion, les pays africains sont parvenus à se mettre d'accord sur ce chantier gigantesque qui a suscité de nombreuses réserves de la part de certaines économies du continent. «La ZLEC induira une croissance forte de nos économies, elle est la clé du succès qui évitera à l'Afrique de continuer d'avoir des économies exiguës, faibles et vulnérables, qui n'arrivent pas à créer des emplois, à réduire la pauvreté, ou à sortir du cycle d'une croissance faible», a déclaré le chef d'Etat nigérien lors de la réunion des ministres africains du Commerce à Niamey. L'UA et la CEA engagées En tout cas, il n'est pas le seul à militer activement pour la concrétisation de la ZLEC. Signe que l'UA suit de près ce dossier, le président de sa commission, le Tchadien Moussa Faki Mahamat a indiqué que ce grand projet «ne s'agit pas seulement d'un choix de raison dicté par le constat qu'en Afrique, peut-être plus qu'ailleurs, développement rime avec intégration et économie d'échelle, mais aussi d'engagement politique et militant sous-tendu par le désir de répondre à l'aspiration de nos peuples à l'unité». De son côté, la nouvelle secrétaire exécutive de la Commission des Nations-Unies pour l'Afrique, la Camerounaise Vera Songwe, a réaffirmé le soutien et l'engagement de la CEA à ce processus qui cristallise tant d'attention et crée de l'espoir quant à l'intégration des économies africaines. 17% pour le commerce intra-africain Il est à noter que la ZLEC est censée supprimer les barrières douanières entre tous les pays africains. Son entrée en vigueur devrait permettre de hausser sensiblement le commerce intra-africain, qui se situe actuellement autour de 17%. Cette zone de libre-échange continentale est également censée lever les restrictions quantitatives à l'importation, tout en laissant libre cours à chaque pays d'adopter sa propre politique commerciale. Pour rappel, la décision de lancer le projet de zone de libre-échange continentale a été prise en janvier 2012, lors de la 18e session ordinaire de la conférence de l'Union africaine. Mahamadou Issoufou Président de la République du Niger La ZLEC induira une croissance forte de nos économies, elle est la clé du succès qui évitera à l'Afrique de continuer d'avoir des économies exiguës, faibles et vulnérables, qui n'arrivent pas à créer des emplois, à réduire la pauvreté, ou à sortir du cycle d'une croissance faible. Moussa Faki Mahamat Président de la Commission de l'Union africaine La ZLEC ne s'agit pas seulement d'un choix de raison dicté par le constat qu'en Afrique, peut-être plus qu'ailleurs, développement rime avec intégration et économie d'échelle, mais aussi d'engagement politique et militant sous-tendu par le désir de répondre à l'aspiration de nos peuples à l'unité. David Luke Coordinateur du Centre africain de politique commerciale à la Commission économique pour l'Afrique (CEA) La CEA préconise que la mise en œuvre de la ZLEC soit effective dès début 2018, sur la base du niveau d'ambition de la libéralisation tarifaire qui a été convenu et des règles d'origine provisoires, en attendant la finalisation des questions techniques en suspens.