N'est pas journaliste qui veut. C'est ce que l'on peut retenir de la 46e édition des Assises de la presse francophone à Conakry qui a tenu toutes ses promesses. Investigation de qualité, respect de la déontologie, liberté d'expression...aujourd'hui, les médias ont de grands chantiers à mener pour rendre au métier de journaliste toute sa noblesse. Le rideau est tombé, samedi, sur les Assises internationales de la presse francophone, tenues à Conakry du 20 au 25 novembre. La cérémonie de clôture a été marquée par la présence du président de la république de Guinée Alpha Condé et des ambassadeurs du Maroc et de France, Driss Isbayene et Jean-Marc Grosgurin. Les travaux de cette 46e session se sont articulés autour du thème : «Journalisme, investigation et transparence». Un thème d'actualité qui a mobilisé plus de 300 journalistes et experts des médias issus d'une cinquantaine de pays. Durant cinq jours, les participants ont eu la possibilité d'échanger et de confronter leurs opinions sur les problématiques que rencontrent aujourd'hui les médias et les journalistes dans l'exercice de leur métier. Les assises sont une plateforme de dialogue qui laissent le champ libre à la liberté d'expression. D'ailleurs dans son discours de clôture, Madiambal Diagne, président de l'Union internationale de la presse francophone (UPF) n'a pas manqué de rappeler au président guinéen les «réactions hostiles» qui frappent les médias dans son pays. «Monsieur le président de la République, en votre qualité de président en exercice de l'Union africaine, l'UPF vous invite à faire un plaidoyer auprès de vos pairs, pour plus de liberté pour les médias et la mise en oeuvre de politiques propices à améliorer l'environnement ô combien difficile dans lequel évoluent certains de vos médias», a déclaré Diagne. Une déclaration opportune alors qu'un dur mouvement de grève lancé par des syndicats d'enseignants fait encore les choux gras de la presse locale. Les médias qui ont soutenu les syndicalistes ont été «rappelés à l'ordre». Prenant la parole, Alpha Condé a souligné «les avancées significatives» en matière de liberté de la presse en Guinée, la dépénalisation des délits de presse, la hausse des subventions et la défiscalisation future totale du matériel de presse. Il a, toutefois, haussé le ton en rappelant aux journalistes que s'ils ont des droits, ils ont aussi des devoirs. «La presse doit reposer sur la responsabilité. Il faut, à nos populations, une information ouverte, plurielle et responsable», a-t-il déclaré. Le président guinéen a salué le thème retenu pour ces assises. «L'investigation soutient la transparence, le devoir de recoupement de l'information par le journaliste. C'est cela le journalisme», faisant allusion aux «mercenaires» des médias qui font des fake news leur plat de résistance. Un sujet qui a largement été débattu durant les différents ateliers programmés durant ces assises. Il a été également questions de web journalisme, d'éthique et de déontologie, de liaisons incestueuses entre les médias et le monde des affaires ou de la politique, etc. La déclaration de Conakry devrait redéfinir les règles du journalisme car aujourd'hui et contrairement à ce que l'on peut croire, n'est pas journaliste qui veut. Plus que jamais, la formation des journalistes est au coeur des priorités. La formation des lecteurs aussi cruciale. Un lecteur avertit en vaut deux et c'est comme cela qu'il pourra faire le tri entre l'info juste et de qualité et l'intox ou la fausse nouvelle. Le chemin est long mais les membres de l'Union de la presse francophone se disent aujourd'hui déterminés à ne pas baisser les bras pour préserver leur métier. «Peut-être le plus beau métier du monde», a affirmé un journaliste ghanéen. Enfin, la section guinéenne de l'UPF, qui a été à plusieurs reprises saluée pour l'organisation sans fausse note de ces assises, a passé le flambeau à Zara Nazarian, présidente de l'UPF-Arménie. En effet, la 47e édition se tiendra à Erevan, en octobre 2018. Le thème des débats portera sur la migration.