La croissance de l'économie mauricienne, exposée aux effets du Brexit devrait rester stable en 2017, autour de 4%. En 2018, le pays espère récolter les fruits de sa progression fulgurante dans le Doing Business. Le champion de la compétitivité en Afrique conserve jalousement son fauteuil ! L'île Maurice est une nouvelle fois sur le toit de l'Afrique dans le Doing Business (édition 2018), en plus d'une très belle 25e place mondiale, contre la 49e un an plus tôt. L'économie de ce pays insulaire de l'Océan indien est organisée autour de quatre secteurs clés (tourisme, textile, sucre, finance). Elle est dominée par les services (plus de 70% du PIB). En dépit des efforts de diversification destinés à attirer les voyageurs d'autres pays, l'activité de l'île est très dépendante de celle des pays européens, d'où sont originaires plus de 60% des touristes, en particulier de France (plus de 20%) et du Royaume-Uni (plus de 10%). Les flux de touristes (+3,6% au premier trimestre 2017) devraient ralentir en comparaison avec 2015 (+9,6%) et 2016 (+10,7%) alors que la croissance européenne et particulièrement britannique est modérée. Croissance stable L'activité dans le secteur des services associés au tourisme devrait en conséquence peu progresser. Le secteur de la construction, qui s'est contractée en 2016, pèsera probablement encore sur la croissance en 2017. L'amendement des dispositions de l'accord de non double imposition conclu avec l'Inde en mai 2016 en alourdissant la fiscalité pour les investisseurs indiens pourrait peser sur les flux d'investissements, en particulier dans le secteur financier. Les exportations (- 6% au T1 2017) devraient continuer à souffrir d'une demande faible au Royaume-Uni limitant la contribution des échanges extérieurs à la croissance. Une politique budgétaire relativement expansionniste devrait cependant soutenir l'activité en ciblant des secteurs spécifiques dans le cadre d'un programme de diversification de l'économie (Vision 2030). En conséquence, la croissance en 2017 devrait rester stable. L'inflation devrait augmenter en raison de la hausse des prix du pétrole importé et de l'alimentation. Effet du Brexit Le système financier de Maurice est robuste et a montré sa résilience après la chute du groupe BAI en 2015. La capitalisation est satisfaisante, mais le ratio de prêts non performants bien qu'encore peu élevé tend à augmenter (8% en 2016 contre 5% en 2015). Les conséquences du Brexit et les modifications apportées à l'accord de non double imposition avec l'Inde pourraient peser sur le secteur sans toutefois remettre en cause sa stabilité. La politique budgétaire devrait être relativement expansionniste pour tenter de dynamiser l'économie mauricienne. L'Etat devrait intervenir dans la réalisation de projets d'infrastructures, en particulier dans le domaine des transports et soutenir le développement de nouveaux secteurs (industrie cinématographique) dans le cadre de son programme de diversification économique. Cette hausse des dépenses ne devrait pas être compensée par une progression des recettes puisque le gouvernement a annoncé des baisses d'impôts, notamment en faveur des sociétés dans le budget 2017. Déficit maîtrisé Les PME verront, par exemple, la taxe sur les profits de leurs exportations passer de 15% à 3%. Avec une croissance stable, les revenus fiscaux ne devraient progresser que modestement. Toutefois, des dons, notamment de l'Inde (une ligne de crédit de 500 millions de dollars notamment), devraient participer au financement de certains projets. Le déficit budgétaire devrait ainsi légèrement se creuser, tout en restant maîtrisé. L'endettement public devrait continuer à augmenter, mais le profil de la dette, majoritairement concessionnelle, limite fortement le risque de surendettement. Fiche pays Île Maurice Taille 1,2 million de consommateurs Monnaie Roupie mauricienne PIB/Hbt 9.141 dollars Croissance 3,8% (2017) Région économique Afrique australe Note Coface A4 Doing business 2018 25e/189 Un nouveau gouvernement affaibli par des controverses L'île Maurice est une démocratie installée. Les élections législatives de décembre 2014 ont conduit au retour au poste de premier ministre de Sir Anerood Jugnauth (86 ans), qui avait déjà occupé cette fonction à plusieurs reprises. Néanmoins, la coalition tripartite qu'il représente, l'Alliance Lepep qui disposait d'une confortable majorité à l'Assemblée, a été affaiblie après la démission du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) du gouvernement en décembre 2016. Le mois suivant, la décision de A. Jugnauth de se désister au profit de son fils Pravind Jugnauth, bien que légale, a enhardi l'opposition et déclenché des manifestations. La contestation est d'autant plus vive que le nouveau premier ministre a choisi de nommer son père au poste de ministre de la Défense. Sans menacer la stabilité politique de Maurice, l'affaiblissement du gouvernement est réel et pourrait ralentir la mise en œuvre de réformes pourtant nécessaires pour atteindre l'objectif de devenir un pays à haut-revenu à l'horizon 2023.