Les performances macroéconomiques ont continué à se détériorer en raison de la situation fragile du pays et du niveau encore faible des cours mondiaux du pétrole. L'indépendance n'est pas encore synonyme de prospérité au Sud Soudan. Au contraire, plus de 6 ans après sa naissance, l'Etat du Sud Soudan peine à se mettre sur les rails du développement. La guerre civile qui a éclaté à peine deux ans après la proclamation de l'indépendance ; la forte chute de la production pétrolière et l'effondrement des cours mondiaux du pétrole ont fait rater à ce pays son départ. «Il s'ensuit que le gouvernement n'est pas en mesure de lever les ressources indispensables au financement des dépenses liées à la consolidation de la paix», ajoute la BAD dans ses perspectives économiques. En effet, dans ce pays né de la sécession avec le Soudan, le financement du budget ordinaire comme ce fut par exemple le cas durant les années 2015-2016, représente un défi considérable. Le pays n'a pas encore d'expérience assez large et significative du développement du secteur privé sur laquelle s'appuyer pour promouvoir une culture de l'entrepreneuriat. À la merci du baril Le Soudan du Sud est le pays le plus dépendant du pétrole au monde ; un produit qui représente la quasi-totalité de ses exportations, environ 60% de son produit intérieur brut (PIB) et plus de 95% des recettes publiques durant les exercices financiers précédents. Les cours mondiaux du pétrole se sont effondrés, tombant de 110 dollars en 2014 à 30 dollars pour ensuite remonter à environ 50 dollars le baril début 2017. En 2015/16, les recettes pétrolières nettes étaient estimées à à peine 17% de celles de l'exercice précédent, ce qui a eu un impact négatif sur les performances économiques. La croissance du PIB réel a reculé de 0,2% en 2015. Le déficit budgétaire et le déficit de la balance courante se sont considérablement creusés sous l'effet d'une forte chute des réserves de devises, d'une augmentation de l'endettement intérieur et extérieur, de la dépréciation du taux de change parallèle à la monnaie nationale et d'une inflation galopante des prix à la consommation. Le PIB était en chute libre (-13,1%) en 2016. Les perspectives économiques restent sombres et elles dépendront du succès de la mise en œuvre de l'accord de paix, d'une remontée significative des cours mondiaux du pétrole et de la concrétisation des mesures économiques et budgétaires annoncées en septembre 2016. Dialogue national Le 14 décembre 2016, le président Salva Kiir a annoncé le lancement d'une initiative de dialogue national dans le but de protéger et de préserver l'unité du peuple du Soudan du Sud, de mettre fin à ses souffrances, de relancer l'économie et de mettre au premier plan la construction de l'Etat et de la nation. Ce dialogue est à la fois un processus et une tribune à travers laquelle le peuple du Soudan du Sud est censé redéfinir les fondements de son unité nationale, mieux cerner les questions de citoyenneté et d'appartenance, contribuer à la restructuration de l'Etat, renégocier le contrat social et ranimer ses aspirations au développement en lien avec son nouveau statut de nation. Paix fragile Le dialogue national n'est pas contraire aux dispositions de l'Accord pour le règlement du conflit en République du Soudan du Sud. La situation politique reste tendue. En août 2015, les parties au conflit civil du Soudan du Sud ont signé un accord de paix négocié sous les auspices de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). Une étape clé de cet accord de paix a été la formation d'un gouvernement d'unité nationale, enfin annoncée le 29 avril 2016. Le 7 juillet de la même année, de nouveaux combats ont cependant éclaté entre l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et l'Armée populaire de libération du Soudan dans l'opposition (APLS-DO), ce qui a ouvert la voie à une nouvelle vague de violences. Depuis, il règne un calme précaire dans le pays. Fiche pays Sud Soudan Taille 12,5 millions de consommateurs Monnaie Livre soudanaise PIB/Hbt 790 dollars Région économique Afrique centrale Crise humanitaire La situation humanitaire globale continue de se détériorer de façon alarmante. En novembre 2016, l'effectif de déplacés internes était encore estimé à 1,67 million de personnes alors que plus d'un million de personnes avaient trouvé refuge dans des pays voisins et que 201.997 autres personnes cherchaient refuge auprès des Nations Unies. D'après un rapport desdites Nations Unies, de nombreuses régions sont au bord de la famine, en particulier certaines zones de l'Etat d'Unité. On estime que 4,8 millions de personnes sont au stade «crise» ou «urgence» sur l'échelle de l'insécurité alimentaire. Or, la crise alimentaire et les déplacements de populations ne peuvent que s'aggraver si l'insécurité persiste.