Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, n'a apparemment plus sa langue dans sa poche. L'homme, à chaque sortie médiatique, n'hésite pas à pointer du doigt les maux de l'économie nationale ou à dénoncer certains comportements. Il l'avait fait à l'encontre des banques, il y a quelques mois, quand le changement de mode de cotation du dirham a échoué; cette semaine, c'est au tour du gouvernement d'être sur la sellette. Jouahri remet en cause le modèle économique du pays qu'il croit, à raison, dépassé et prône des réformes urgentes. Ce qui l'irrite, c'est le comportement officiel face au facteur temps, et il le fait savoir aujourd'hui. Selon lui, plus les réformes prennent du retard, plus notre pays recule dans les ratings de compétitivité. Là, ce qui change, c'est le ton. Jouahri semble désespéré car ne voyant rien venir, notamment après le report sine die de l'application du nouveau modèle de fluctuation du dirham. D'aucuns diront «mieux vaut tard que jamais», car le wali de Bank Al-Maghrib n'a jamais réagi aux multiples warnings de la presse, y compris dans cet espace même, quant à l'inefficacité et aux limites du modèle économique marocain. Les réformes qui urgent, afin de libérer l'économie et de refaçonner la société marocaine, sont connues de tous: celles de l'éducation et de la moralisation. Sans cela, le pays continuera à s'inscrire dans un cercle vicieux, avec des «tirs» sporadiques en l'air comme celui de Jouahri. In fine, l'on se demande ce qui empêche le patron de la banque d'émission de communiquer directement avec le chef de l'Exécutif, et de lui relater, droit dans les yeux, le fond de sa pensée.