Mikael Naciri, Directeur général du Centre monétique interbancaire Les indicateurs du 1er semestre montrent une accélération de l'activité du paiement en ligne. En effet, sur les 6 premiers mois de l'année, les transactions via internet ont augmenté en nombre et en volume, avec un montant global d'1,3 MMDH pour 3,1 millions d'opérations. Mikael Naciri, directeur général du Centre monétique interbancaire nous éclaire sur l'activité et les habitudes de paiement des consommateurs. Les Inspirations ECO : Comment évolue le paiement par carte bancaire au Maroc ? Mikael Naciri : Le paiement sur TPE continue de progresser de plus de 20% par an; il ne cède pas de terrain bien au contraire. La croissance des paiements en ligne est certes plus importante (52%), mais en valeur l'e-commerce ne représente que 10% des montants réglés par cartes bancaires. Il existe sur le marché une multitude de sites d'achats en ligne (et affiliés CMI) mais combien de sites sont-ils vraiment actifs ? Nous avons environ 850 sites affiliés au CMI pour le paiement par cartes bancaires, environ la moitié sont actifs et génèrent des transactions quotidiennement. Le reste est soit en cours de mise en œuvre, soit à l'arrêt pour différentes raisons (faible CA, inadéquation par rapport à la demande, activité saisonnière...). Il y a aussi beaucoup de sites qui ne proposent pas du tout de paiement par cartes, c'est ceux-là que nous essayons d'affilier au système du paiement bancaire. Quelle serait la fréquence des opérations ? Nous enregistrons en moyenne autour de 150.000 transactions par jour. Les pics de transactions ont lieu entre 11h et 13h (achats au niveau de la grande distribution et restauration). Nous avons également un autre pic de transactions vers 19h, puis en soirée jusqu'à 22h. Certains sites proposent uniquement le paiement à la livraison . Quelle serait leur proportion par rapport à l'ensemble des sites d'achats en ligne ? Pas de chiffres disponibles, mais il est clair qu'une majorité des sites d'e-commerce ne proposent pas de paiement par cartes bancaires. Ils y viennent progressivement après avoir compris et évalué le coût du cash et après avoir essuyé les problématiques des retours de marchandises (à peu près 20% des commandes payables cash à la livraison ne sont pas acceptées par les clients, engendrant des coûts importants). Y a-t-il, donc une offre dédiée à cette catégorie pour les rediriger vers le paiement en ligne ? Non. Le métier d'acquéreur vous permet d'équiper les commerçants en TPE alors que votre filiale Maroc Telecommerce opère dans le paiement en ligne. Il y a un an, CMI a changé son positionnement pour devenir acquéreur à 100%. Cela a-t-il un impact sur l'activité de la filiale Maroc Telecommerce ? Le CMI exerçait historiquement 2 activités : l'acquisition et le switching. Le métier d'acquéreur nous permet de traiter des transactions provenant de paiements par cartes bancaires, que ces paiements soient réalisés sur des TPE, sur internet, en call center, par mobile...Le changement de positionnement du CMI concerne le fait que nous avons cédé notre activité de switching en 2016. Auparavant, le CMI était acquéreur et switch. Désormais, le switching (routage technique des transactions entre les banques) est opéré par HPS switch. Maroc Telecommerce qui a été absorbé par le CMI devient un canal d'acquisition qui nous permet, outre de traiter les transactions de paiement sur les sites marchands, de prendre en charge également les paiements multicanal, provenant des applications mobiles de banques, des e-banking, des GAB et des agences bancaires ou de réseaux de proximité. Dans quelle mesure la cession de l'activité Switch a impacté le CMI ? Il n'y a pas d'impact pour le moment, le CMI continue de gérer l'activité de Switching pour le compte de HPS Switch, en attendant la finalisation de la construction de leur plateforme. Comment se porte l'activité d'acquisition avec une volonté manifeste d'entrer pour certains opérateurs étrangers ? L'activité d'acquisition se porte bien, elle progresse de 20% par an en moyenne. Il reste un formidable potentiel de croissance. Cette croissance viendra de l'augmentation de l'usage des cartes bancaires par les porteurs – et nous travaillons avec les banques pour améliorer le taux d'activité des cartes - mais aussi par l'extension du réseau de TPE auprès des commerces de proximité. C'est sur ce dernier segment que les nouveaux entrants devraient faire leurs armes, en tout cas c'est ce que la Banque Centrale a souhaité en attribuant de nouvelles licences à des opérateurs marocains. On comprendrait mal que les nouveaux entrants s'attaquent aux clients déjà équipés avec une offensive sur les prix qui serait dommageable pour tout l'écosystème. Nous n'avons pas connaissance d'opérateurs étrangers qui souhaiteraient se lancer dans l'acquisition. Le marché marocain est un petit marché, nous pensons qu'il n'y pas de place pour beaucoup d'opérateurs – pour le moment. Nous verrons si le réforme des établissements de paiement et le lancement du paiement mobile apporteront une nouvelle dynamique dans le paiement électronique.