La nouvelle décision du conseil supérieur de la communication audiovisuelle appelle les opérateurs à donner des informations fiables sur la qualité, les qualifications scientifiques des médecins ainsi que leur domaine de qualification. Face à la pléthore d'émissions portant sur les maladies et les interventions des médecins via les moyens audiovisuels sans normes précises, la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a réagi durant la fin du mois sacré du ramadan, où les seuils record de ce genre d'émissions a été atteint par les médias publics et privés. Le conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) semble surtout cibler les émissions destinées aux personnes qui souffrent de troubles mentaux ou psychologiques, à côté des différents programmes qui traitent de la santé physique des personnes. La liste visée par la HACA englobe les émissions en studio, les programmes de débat, les émissions interactives avec le public via le téléphone, les messages électroniques ou les réseaux sociaux, ainsi que les émissions spéciales. La HACA avait déjà réagi en 2014 sur un aspect très précis de ce genre d'émissions en décrétant l'interdiction de prescrire des traitements durant les émissions, et vient de tracer de nouvelles limites à l'occasion de sa nouvelle décision qui a été dictée par la multiplication en nombre et en volumes horaire dans les grilles des programmes diffusés par les médias publics et privés. Les recommandations du CSCA La nouvelle décision du conseil a été justifiée par le souci de «de renforcer l'encadrement des programmes traitant de la santé par une recommandation définissant un certain nombre de règles précisant la qualité des intervenants, les contenus des programmes et des discours publicitaires sur ce sujet». Le gendarme du secteur appelle d'abord les opérateurs à veiller dans leurs programmes à s'assurer que « les médecins intervenants sont inscrits sur la liste de l'ordre national des médecins et de veiller aussi à ce que les intervenants respectent le domaine de leur spécialité». La HACA insiste aussi sur le respect par les médias publics et privés du principe de la diversité des opinions exprimées, sans oublier le respect par les intervenants «des dispositions juridiques et déontologiques propres à la médecine», comme le précise la nouvelle décision. En ce qui concerne le contenu des programmes diffusés, la HACA reste intransigeante à propos de l'interdiction «d'établir des diagnostics relatifs à l'état de santé des auditeurs qui les appellent pour demander conseil» et de veiller à ce que les intervenants dans les émissions évitent de prescrire des traitements et d'inciter les auditeurs à solliciter l'avis d'un spécialiste. Parmi les recommandations importantes qui ont été formulées figurent l'obligation d'éviter «de s'apitoyer sur les malades et de les stigmatiser, notamment ceux atteints de maladies mentales et psychologiques, et de fournir des informations et des données vraies et crédibles tout en mentionnant les sources des chiffres et des statistiques diffusées». Les remarques de la HACA n'ont pas omis de mentionner d'autres dispositions qui doivent être prises par les opérateurs. Il s'agit notamment de permettre aux auditeurs de faire la différence entre les informations médicales des intervenants et leurs avis personnels ainsi que d'éviter à ce que les émissions ne se transforment pas en des publicités clandestines au profit des professionnels de la santé, «ni pour attirer la clientèle à leur profit». Les messages publicitaires recadrés La nouvelle décision du régulateur du marché audiovisuel a porté aussi sur les discours publicitaires diffusés par les médias publics et privés et qui s'intéresse au domaine de la santé. «Les opérateurs sont tenus de respecter, dans les émissions de santé, les dispositifs législatifs et réglementaires régissant les discours publicitaires dans leur rapport avec la santé», indique la HACA qui pointe du doigt plusieurs manquements et lacunes à combler. Il s'agit essentiellement du fait de s'abstenir « de diffuser des spots publicitaires portant des incitations à des comportements nuisibles à la santé et à la sécurité des citoyens, ainsi que des discours publicitaires se rapportant à la sorcellerie». La liste des interdictions comprend aussi la publicité des produits ou services «dont la consommation requiert la consultation d'un professionnel spécialisé en la matière, notamment dans le cas des médicaments», précise la HACA. À rappeler que le jeune public forme la frange la plus importante des spectateurs et des auditeurs, et achète et consomme plus facilement des produits ou services qui sont susceptibles de porter atteinte à la santé.