L'Espagne verrouille ses frontières. Désormais, les saisonniers marocains ne seront plus aussi nombreux à participer à la récolte de fraises dans la province espagnole de Huelva. Durement touché par la crise, le marché espagnol de l'emploi accuse le taux de chômage le plus élevé d'Europe. Ainsi, à partir de la prochaine campagne en janvier 2010, et suite aux recommandations de la Commission espagnole des flux migratoires, la priorité sera donnée d'abord, aux Espagnols, ensuite aux étrangers en situation régulière résidant dans la province de Huelva. La quote-part de la main d'œuvre marocaine constituant une sorte de plan B. Quelle disponibilité de main d'œuvre ? L'enjeu n'est pas mince, la collecte de «l'or rouge» emploie chaque année pas moins de 60.000 saisonniers, en majorité des Marocaines, dans la seule province de Huelva. Toutefois, les entreprises s'interrogent sur la disponibilité de la main-d'œuvre locale et, surtout, sur sa compétence. Bien qu'adhérant en masse à la «nationalisation des saisonniers», les patrons de PME agricoles ont tout de même demandé des garanties au gouvernement central espagnol. Un plan de déploiement en deux phases a été élaboré. La première phase de récolte, en janvier, sera assurée exclusivement par la main d'œuvre locale. Quant à la seconde, elle débutera en février et sera ouverte aux saisonniers étrangers. En faveur du Maroc, la reformulation de l'accord de 2004 sur le travail saisonnier, qui est désormais exclusivement réservé à la main d'œuvre marocaine, alors qu'il était ouvert aux ressortissant africains dans sa première mouture. Mais, ce n'est pas un cadeau. D'abord, l'existence de conventions d'emploi entre les deux pays depuis 2001, ensuite, et c'est le plus important, les professionnels espagnols apprécient particulièrement les qualités de la main d'œuvre marocaine, et de leur grande capacité de travail, ces ouvriers agricoles ont une solide expérience en la matière, certains d'entre eux ayant participé à toutes les récoltes depuis 2004.