L'entreprenariat au Maroc demeure majoritairement masculin. Un constat déploré lors de la deuxième édition du SEWI, organisée par l'AFEM, vendredi dernier à Rabat. L'entreprenariat féminin n'a pas encore atteint le niveau escompté au Maroc. La situation actuelle demeure en deçà des aspirations, selon la ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, Bassima El Hakkaoui, qui s'exprimait lors de l'édition du South Economic Women Initiative, organisée vendredi dernier par l'Association des femmes chefs d'entreprises du Maroc, sur le thème : «Entreprendre demain, les clés de réussite». Le choix de ce sujet n'est pas fortuit. La présidente de l'AFEM, Asmaâ Morine Azzouzi, estime que l'idée est d'identifier les voies et prérequis qui mènent vers les business models d'avenir permettant aux entrepreneurs de percer, grandir et durer. À ce titre, l'enjeu de la digitalisation est de taille. «L'entreprise de demain sera complètement connectée, voire virtuelle», précise Asmaâ Morine. Tout entrepreneur, qu'il soit homme ou femme, est appelé à prendre en considération cette donne. Le vice-président de l'Asmex, Mohamed H'midouch, abonde dans la même veine, indiquant que l'entreprise au Maroc doit construire son avenir dans le digital. Le message est, ainsi, on ne peut plus clair. Outre ce point déterminant, la promotion de l'entreprenariat féminin, qui est un levier de croissance, passe par la lutte contre plusieurs obstacles persistants. Le Conseil économique, social et environnemental a déjà soulevé plusieurs contraintes. Le CESE a pointé un secteur d'activité limité par l'accès au financement et dominé par l'auto-emploi. Le nombre de femmes marocaines entrepreneures, possédant ou dirigeant une société, se situe entre 9.000 à 10.000, soit seulement 10% du nombre total des entrepreneurs. Sur le plan du financement, des efforts ont été entrepris au cours des dernières années pour booster l'entreprenariat féminin à travers notamment les microcrédits et le soutien de l'Initiative nationale pour le développement humain aux activités génératrices de revenu. Néanmoins, il reste beaucoup à faire en la matière. L'accès des femmes au financement est considéré comme l'un des principaux freins à l'entreprenariat féminin. Le taux de bancarisation des femmes est inférieur à 30% et enregistre un écart de plus de 25%, par rapport à celui des hommes. 50% des entreprises féminines sont autofinancées et seulement un tiers du financement provient des ressources externes. Le développement du monitoring dans l'entreprenariat s'avère une nécessité car il n'est pas développé au Maroc, alors qu'il a permis dans d'autres pays d'atteindre des résultats très intéressants en matière de développement d'entreprises de femmes. À ce niveau, l'AFEM qui a été constituée en 2000 essaie de soutenir la femme dans sa volonté d'entreprendre et l'accompagner dans l'amélioration de la performance de son entreprise. D'autres acteurs sont appelés à s'impliquer dans la promotion de l'entreprenariat féminin à commencer par les pouvoirs publics. Par ailleurs, la sensibilisation est un élément important pour vaincre les facteurs sociaux et culturels et les mentalités archaïques qui empêchent les femmes de s'épanouir dans ce domaine. Une enquête du Haut-commissariat au Plan a relevé que seul un tiers de l'échantillon estimait que «les femmes gèrent les entreprises aussi bien que les hommes». À cela s'ajoute, la marge de manœuvre limitée des femmes à cause de leur statut social. Le CESE note que les femmes elles-mêmes, à cause de leurs engagements familiaux, ne trouvent pas suffisamment de temps et d'opportunités pour développer des réseaux et faire le lobbying indispensable à la création et le développement des entreprises.