La justice a considéré ce matin que le retrait sud-africain de la Cour pénale internationale était illégal et allait à l'encontre de la Constitution du pays. Cependant, le parti du président Jacob Zuma, l'ANC, dispose d'une majorité suffisamment confortable au Parlement pour valider ce retrait. La Haute Cour de Pretoria a invalidé la décision de se retirer de la Cour pénale internationale (CPI). L'argumentaire juridique de la Cour s'est articulé autour de l'obligation de se référer au Parlement à qui revient le dernier mot pour se retirer ou non d'un traité international, et ce conformément à la Constitution sud-africaine. Or, le gouvernement avait annoncé son retrait de la CPI en 2015 après avoir refusé d'arrêter et d'extrader le leader soudanais Omar el-Béchir, présent sur son territoire, sous le coup d'un mandat d'arrêt international émis par la CPI. Le gouvernement, qui va probablement faire appel contre cette décision, pourra obtenir la confirmation de ce retrait puisque l'Africain National Congress (ANC), parti du président Jacob Zuma, est majoritaire au Parlement. Afrique vs la Haye La CPI n'est plus populaire en Afrique depuis quelques années. Et pour cause, la Cour située à la Haye s'est attiré les foudres d'une certaine classe politique africaine en lançant une chasse à l'homme et en condamnant certains leaders du continent noir au point de donner l'impression d'être une Cour spécialisée dans la punition des «méchants dictateurs africains». C'est le cas de Laurent Gbagbo et de son ancien ministre Charles Blé Goudé, dont le procès, toujours en cours à la Haye, nuit à la réconciliation nationale en Côte d'Ivoire et par ricochet au président Alassane Ouatara. En Centrafrique, le chef de guerre Jean-Pierre Bemba a été condamné à 18 ans de prison pour des meurtres commis par sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC) entre octobre 2002 et mars 2003. Profitant de ce ressentiment, l'Afrique du Sud, le Burundi et la Gambie ont annoncé leur intention de quitter la CPI, clouant au pilori Fatou Bensouda, la célèbre procureure de la Cour, accusée de faire une «fixation» sur les chefs africains et de regarder ailleurs quand il s'agit des crimes de guerre commis en Israël, en Irak, en Syrie, en Afghanistan ou au Yémen. Tags: Justice CPI Afrique du Sud