Après avoir adopté l'acte constitutif de l'Union africaine et déclaré avoir obtenu le nombre de soutiens requis, le Maroc devrait être logiquement réadmis au sein de l'instance panafricaine. Toutefois, à Addis-Abeba, le royaume devrait s'expliquer sur sa future attitude envers un autre Etat membre de l'UA, la «RASD». Ce devait être une simple formalité, mais la réalité est tout autre. Depuis le dépôt officiel de la candidature du Maroc pour adhérer à l'Union africaine en septembre dernier, c'est quasiment le silence radio du côté d'Addis-Abeba. La Commission de l'UA, dirigée par la sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma n'a quasiment pas fait signe de vie, hormis un communiqué diffusé récemment pour nier des accusations de blocage portée à son encontre par le royaume. La procédure d'admission devait, en principe, ne durer que trois mois, et ainsi permettre au Maroc de participer aux travaux du 28e sommet, qui ont démarré le dimanche 22 janvier dans la capitale éthiopienne, siège de l'Union africaine. Mais jusque-là, rien ne filtre du côté de l'UA, hormis l'inclusion, dans l'ordre du jour du sommet, de la question relative à l'adhésion du Maroc. Clarifications Rabat estime avoir obtenu plus que le nombre de soutiens requis, soit au-delà des 2/3 des 54 Etats membres. Certaines sources avancent même le chiffre de 40 pays qui ont donné leur feu vert au retour du Maroc. Sur cette base, la réintégration du royaume au sein de sa famille africaine ne devrait (enfin) être qu'une simple formalité. Le sommet des chefs d'Etats permettra d'avoir le compte-rendu de la présidente de la Commission sortante. À cette occasion, Nkosazana Dlamini-Zuma donnera les chiffres sur le nombre de soutiens en faveur du Maroc, et éventuellement les réserves émises par certains Etats. En parlant de réserves, il y a lieu de clarifier que c'est à ce niveau que le bât blesse. Si la majorité des Etats sont favorables au retour du Maroc, certains appellent à un respect des frontières actuelles comme elles sont définies du point de vue de l'UA. Autrement dit, même si le Maroc obtient son retour, il ne devrait nullement être question pour Rabat d'exiger l'exclusion de la «RASD» de l'UA. Ce qui est du reste, loin d'être gagné, au regard de la motion déposée lors du 27e sommet de l'UA à Kigali par 28 pays exigeant la suspension de la «RASD». Mohammed VI à Addis-Abeba... En tout cas, du côté du royaume, l'on se prépare activement à vivre un moment historique lors de ce sommet qui cristallise toutes les attentions. Une centaine de responsables marocains sont d'ores et déjà annoncées à Addis-Abeba. À en croire le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, même le roi Mohammed VI devrait faire le déplacement pour assister à la réadmission du Maroc au sein de l'instance panafricaine.