À l'issue d'un débat franc qui a duré plusieurs heures, plusieurs recommandations et pistes de réforme ont émergé pour relancer l'investissement dans la région. Tour d'horizon. Eriger Nador en 2e pôle méditerranéen «Le trafic maritime en méditerranée connait une croissance à deux chiffres. Et grâce à Nador West Med, il y a lieu d'ériger un deuxième pôle économique sur la méditerranée, après celui de Tanger», estime Mohamed Mbarki. Pour lui, cela permettrait d'attirer de grands investissements, complémentaires aux industries qui se développement à Tanger. «Rappelez-vous au moment du lancement de Tanger Med, plusieurs acteurs étrangers, y compris la Banque mondiale, n'y croyaient pas. Et aujourd'hui, le succès est spectaculaire», conclut le directeur général de l'Agence de développement de l'Oriental. Concéder un avantage fiscal à la Région «On ne peut être taxé au même niveau que Casablanca ou Rabat, du moins tant que les frontières avec l'Algérie sont fermées car depuis lors l'activité économique est en berne», clame un investisseur de la région. Un autre chef d'entreprise va plus loin encore : «On ne peut pas parler de concurrence entre les régions tant que nous n'avons pas les mêmes chances. Tanger et les provinces du Sahara ont une fiscalité spéciale, pourquoi pas l'Oriental», demande-t-il. Pour Mohamed Mrabet, vice-président de la CGEM Oriental, il faut une vraie réflexion sur la question de la fiscalité. «C'est l'un des outils que peut faire jouer l'Etat pour donner un coup de pouce à la région et stimuler les investissements», poursuit-il. Prioriser les PME, TPE et le développement humain «Le développement ne vient pas seulement des grands projets. Il y a aussi les PME, les TPE, les stratégies de proximité qui ciblent le développement humain...», précise Mohamed Mbarki. C'est ce qui explique, selon lui, les disparités qui persistent entre les composantes de la même région. C'est d'ailleurs l'un des défis majeurs que doivent relever tous les acteurs de l'Oriental : mettre Oujda, Figuig, Bouarfa et les autres provinces et communes sur un pied d'égalité. Mohamed Sabri, directeur du Centre régional d'investissement, a rappelé que l'Oriental est la seule région du royaume qui dispose d'un fonds dédié au soutien des PME. Rendre effectif la déconcentration C'est un passage obligé pour réussir le chantier de la régionalisation avancée. «Le vrai problème qu'on doit résoudre est celui de la concentration administrative. On ne réussira pas la régionalisation si, pour chaque décision ou projet, on doit attendre la validation du ministère de l'Intérieur», précise le vice-président régional de la CGEM Oriental. Dans la nouvelle configuration, le Conseil de la région est doté de pouvoirs élargis. Mais dans l'attente de plusieurs décrets d'application, ces pouvoirs restent lettre morte. Ouvrir une ligne maritime avec l'Algérie «Les frontières terrestres sont fermées avec l'Algérie, mais rien n'empêche l'ouverture d'une ligne maritime directe». C'est la proposition d'un industriel et ancien président de l'Association marocaine de conserves de poisson pour contourner la fermeture des frontières avec le voisin de l'Est. «Les échanges commerciaux par voie maritime se font à partir de Casablanca ou Tanger. Nous sommes donc obligés de passer par cette voie pour exporter vers l'Algérie, ce qui réduit notre compétitivité», poursuit-il. Réduire le poids de l'informel La région de l'Oriental a souffert de ce fléau pendant longtemps. Et, on le sait, ceci n'aide pas à attirer les investissements. Certains journalistes locaux ont dénoncé l'omerta qui entoure ce sujet et l'absence de données sur son ampleur. «Nous avons besoin d'une connaissance précise de l'informel et de ses contours pour pouvoir agir efficacement. Les dernières études réalisées sur le sujet remonte à 2012 avec des recommandations factuelles et donc dépassées», explique Mohamed Sabri, directeur du Centre régional d'investissement de l'Oriental. Attirer des «locomotives » «La région a besoin d'un grand projet, à l'image de Renault à Tanger, pour enclencher une vraie dynamique». L'idée est revenue en boucle lors du débat. «On est passé d'un modèle d'appui aux entreprises à celui de l'accélération. Et ceci nécessite un grand investisseur qui joue le rôle de locomotive, permet un emploi de masse et crée un effet psychologique salutaire», estime Mohamed Sabri. Le Conseil régional y travaille d'arrache-pied avec, à la clé, plusieurs avantages et facilités pour attirer un gros calibre (foncier gratuit, aide à la formation et à l'emploi...). Davantage de promotion Tous les acteurs de la région le disent en chœur : l'Oriental dispose de grands potentiels sur plusieurs domaines. Ouverture sur la méditerranée, oasis, infrastructures de qualité... «Mais malgré cela, il y a un manque cruel de commercialisation et de promotion des atouts de la région, aussi bien sur le plan national qu'international », déplore le représentant de la Wilaya de l'Oriental. Le constat, partagé par plusieurs intervenants, est que l'on ne communique pas assez sur la région. «Nous n'avons pas réussi, pour plusieurs raisons, à accompagner la dynamique que connait la région par une couverture médiatique importante», estime pour sa part Mohamed Mbarki, DG de l'Agence de développement de l'Oriental.