Les années fastes de la croissance africaine sont-elles derrière nous ? Dans l'immédiat, tout porte à le croire, tant l'économie du continent peine à se relever depuis le plongeon brusque des prix des matières premières. Alors qu'en 2016, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) ont plafonné la croissance africaine à respectivement 1,4 et 1,6%, ces deux institutions financières internationales tablent sur une probable légère reprise de l'activité sur le continent en cette année 2017. Plus optimiste, le FMI s'attend à un rebond à 3%, alors que la BM mise sur une progression du PIB africain de 2,9%. Menaces «Sous réserve que des réformes soient lancées rapidement pendant les prochains mois, la croissance pourrait remonter à près de 3% en 2017. Mais pour cela, les pays les plus touchés, en particulier les pays exportateurs de pétrole, doivent agir sans tarder», prévenait, dès fin octobre dernier, Abebe Aemro Selassie, directeur du Département Afrique au FMI. Pour ce responsable, «un effort d'ajustement global s'impose d'urgence dans trois domaines : un ajustement budgétaire vigoureux, un renforcement des mesures de protection sociale et des réformes structurelles pour améliorer la compétitivité et la diversification de l'économie». Du côté du FMI, on estime en effet que tout nouveau report des mesures nécessaires pour remédier aux déséquilibres macroéconomiques aura «inéluctablement pour résultat de compromettre davantage encore les perspectives de croissance et de retarder l'évolution vers une reprise robuste et créatrice d'emplois». Matières premières Du côté de la BM, on prédit que malgré ce léger rebond de la croissance, les cours des matières premières devraient «rester bien en deçà des niveaux record enregistrés entre 2011 et 2014», du fait d'une reprise mondiale fragile. Ainsi, dans son dernier rapport «Africa's Pulse», la BM indiquait qu'en 2017 les performances économiques des pays du continent continueraient d'être contrastées. «Si les plus grandes économies de la région et les autres pays exportateurs de matières premières devraient enregistrer une légère hausse de leur croissance, au fur et à mesure que les cours se stabiliseront, le reste de l'Afrique progressera à un rythme soutenu, notamment grâce aux investissements dans les infrastructures», note la BM. Encore des pas ? Par ailleurs, il est à noter que dans leurs perspectives de croissance, les institutions de Bretton Woods insistent sur la nécessité pour certains pays africains, de procéder à de nouveaux «ajustements structurels». Ceux-ci doivent être «plus importants» qu'ils ne le sont actuellement afin, disent-elles, de réduire les déficits budgétaires des économies concernées et de «mieux résister aux chocs économiques». Enfin, pour la BM, ces pays devront également réorienter leur politique macroéconomique et accélérer les réformes structurelles dans l'optique d'améliorer leurs perspectives de croissance à moyen terme. Abebe Aemro Selassie Directeur du Département Afrique au FMI Un effort d'ajustement global s'impose d'urgence dans trois domaines : un ajustement budgétaire vigoureux, un renforcement des mesures de protection sociale et des réformes structurelles pour améliorer la compétitivité et la diversification de l'économie». Albert Zeufack Economiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique. Les pays qui s'en sortent le mieux sont également ceux qui disposent d'un cadre de gestion macroéconomique plus solide et d'une réglementation plus favorable aux activités commerciales. Leurs exportations sont aussi plus diversifiées et leurs institutions plus efficaces». Punam Chuhan-Pole Economiste principale de la Banque mondiale pour l'Afrique Il est impératif d'améliorer la productivité des petits exploitants agricoles pour augmenter les revenus des populations rurales et réduire la pauvreté en Afrique subsaharienne».