L'année 2016 a connu l'ouverture de nouveaux chantiers stratégiques et ambitieux qui ont un impact direct sur la TPME. Si la conjoncture macro-économique promet d'être relativement meilleure, certains nouveaux agencements devront permettre à cette catégorie d'entreprises d'y voir plus clair quant à son activité 2017. Retour sur les chantiers structurant de la nouvelle année et sur les points de vue des acteurs de la scène TPME. La fin d'année rime traditionnellement avec «bilan», «résolutions et perspectives». Les TPME (Très petites et moyennes entreprises) n'échappent pas à cette règle incontournable qui permet, au-delà de cette période de festivités, de dessiner les contours du business et de la conjoncture pour l'année qui démarrera dans quelques jours. Si 2016 a été riche en réalisation, maintenant le trend de développement des TPME, désormais au cœur de toutes les stratégies nationales, il n'en demeure pas moins que cette fin d'année a été marquée par un attentisme. Et pour cause, le contexte politique a imposé une période jugée «creuse», dans l'attente d'une nouvelle formation gouvernementale. La nouvelle année devra tout de même connaître un «déblocage» sur ce plan, selon les observateurs, pour une reprise très attendue au démarrage de 2017. Le projet de Loi de finance (PLF), feuille de route de l'économie nationale, dresse déjà les budgets d'investissements sectoriels qui donnent plus de visibilité au secteur privé. Ainsi, l'investissement public sera réparti pour soutenir l'activité de différents secteurs, comme l'agriculture qui voit une enveloppe de 9 milliards exclusivement dédiés au Plan Maroc Vert. Le Plan d'accélération industrielle et les énergies renouvelables s'accapareront, respectivement, 3,7 et 11,7 milliards de dirhams. L'enseignement devra, quant à lui, bénéficier d'un investissement de 3,8 milliards, 2,4 milliards seront dédiés à la santé et 2,5 milliards au logement. Outre les perspectives globales de l'année 2017, certains chantiers, annoncés en 2016 pour exécution en 2017, devraient également donner plus de visibilité quant aux activités des TPME, notamment sur certains secteurs précis. Une Charte de l'investissement pour démarrer l'année Un nouveau code des investissements devrait être dévoilé en début d'année. L'annonce a été faite, en octobre dernier, par Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique. La future Charte d'investissement du Maroc devrait en effet être effective dès les premiers mois de 2017. Elle concernera selon le responsable, l'ensemble des secteurs économiques et intégrera également les dispositions territoriales qui doivent permettre «le rattrapage des zones situées à l'extérieur de l'axe Casa-Rabat-Tanger». Elle se déclinera en 5 principaux axes qui concernent, pour le secteur industriel, une exonération d'impôts de cinq ans pour les nouvelles entreprises. Pour les sociétés exportatrices, une zone franche sera construite dans chaque région. Par ailleurs, un statut «d'exportateur indirect» devra également être créé, répondant ainsi à une demande souvent formulée par les entreprises, notamment sous-traitantes, qui se verront ouvrir toutes les zones franches déployées sur le territoire. Mise en œuvre de l'AMDIE 2017 devrait également marquer la mise en œuvre de l'Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE). Cette super structure qui sera issue de la fusion de 3 agences sous la tutelle du ministère de l'Industrie, à savoir l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI), Maroc Export et l'Office des foires et des expositions de Casablanca (OFEC), devrait fédérer les énergies des acteurs et des organismes en charge de la promotion des investissements et des exportations pour de meilleures synergies dans la promotion de l'offre Maroc. En effet, l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX) avait, au nom des entreprises exportatrices, relevé de nombreux chevauchements dans le mode de promotion de l'offre Maroc, ce qui n'était pas pour aider les entreprises marocaines à mieux se «marketer» sur des marchés stratégiques. Cette nouvelle agence aura pour mission de «rassembler les plans d'action qui concernent la promotion de l'ensemble des ministères, en assurant la conception et la mise en œuvre d'une stratégie de communication et d'influence pour asseoir la marque Maroc à l'international, tout en déployant une offre intégrée de services qui réponde, au plus près, à l'ensemble des problématiques des professionnels et des entreprises actives à l'international. 2017, année de l'IT ? La tant attendue stratégie numérique nationale est enfin sortie de terre en 2016 et vise à positionner le Maroc en hub régional dans ce domaine. Pour y parvenir un soutien marqué est annoncé pour les entreprises du secteur et plus précisément les PME. La mise en place de l'Agence marocaine de développement du digital (AMDD) est également prévue en 2017 pour soutenir ce plan stratégique. L'AMDD devra, également, pour le compte de l'Etat, assurer l'application de la stratégie de développement, de promotion et d'incitation à l'investissement dans le secteur numérique; sans oublier l'accompagnement et l'assistance des différents organes publics qui en formulent la demande, pour la conception et la réalisation de projets structurants. Toute cette feuille de route devra essentiellement s'articuler autour de l'écosystème startup qui prend forme ces deux dernières années. Les dossiers qui reviennent... Outre les nouveautés attendues pour 2017, certains dossiers et chantiers entamés lors des années précédentes devraient s'inviter dans le cadre d'une politique de continuité. Il s'agit en l'occurrence de la mise en œuvre du statut de l'auto-entrepreneur qui prévoyait, en termes d'objectifs de 2016, d'atteindre les 20.000 auto-entrepreneurs. Le bilan n'a pour l'heure pas encore été rendu public, mais il y a fort à parier que le déploiement de ce dispositif se poursuive pour la prochaine année. Idem pour le grand chantier des écosystèmes industriels. Chantier structurant pour les ambitions industrielles nationales, celui-ci se poursuit, notamment dans son volet développement des écosystèmes et intégration des TPME dans la dynamique industrielle. Cet effort est d'autant plus relevable à travers la feuille de route déployée par Maroc PME et qui place ce volet au cœur de sa stratégie en faveur des TPME. Même tendance du côté de la problématique du financement. Les bras armés de l'Etat qui veillent au soutien des TPME, dans leur accès au financement, poursuivront leurs actions dans ce sens pour 2017, à l'instar de la Caisse centrale de garantie qui déploiera, dès le début de l'année, une nouvelle feuille de route qui promet, selon ses responsables, d'être ambitieuse. Enfin, et pas des moindres, la persistante problématique des délais de paiement continuera d'alimenter les débats pour 2017. En effet, les PME continuent de militer pour une amélioration des délais de paiement, sans quoi leur trésorerie continue de pâtir et, pour nombre d'entre elles, finit par atteindre la crise cardiaque. Entre réalisations et nouveaux chantiers ouverts, l'année 2016 aura, donc, tracé la voie à une année 2017 qui sera vraisemblablement marquée par la «concrétisation», soit une perspective encourageante que les PME auront à observer les premiers mois de la nouvelle année. Zineb Midafi Membre du conseil d'administration de la CGEM et représentante de la startup A mon sens, les start-ups ont la chance aujourd'hui de pouvoir évoluer dans un écosystème en ébullition avec de nombreuses initiatives déployées, des associations actives, des entrepreneurs engagés, des mentors de plus en plus impliqués et un secteur public et privé qui affichent tous deux une volonté claire d'être acteur de la dynamique de développement de ces structures. Cependant, pour une meilleure efficacité, les contributeurs gagneraient à fédérer leurs énergies pour espérer transformer les plans et les visions en réalités terrain pour un meilleur impact sur notre société. En un mot, l'heure est à l'action et elle devra être fédératrice et collective. Il en va de l'avenir de notre économie». Hicham Zanati Serghini DG de la Caisse centrale de garantie (CCG) En 2017, le premier événement majeur sera la mise en production de notre offre en faveur des startups innovantes prévus par le fonds Innov Invest, ce qui nous permettra de toucher davantage ce marché qui est caractérisée par une rareté de l'offre. Par ailleurs, nous finalisons actuellement notre nouveau plan de développement pour la période 2017-2021 qui constituera la nouvelle feuille de route de la CCG pour les cinq prochaines années. Les perspectives ne peuvent être que prometteuses avec la poursuite de la croissance de l'activité de la CCG dédiée au financement des TPME. » Amine Diouri Inforisk 2017 sera, à mon sens, une année transitoire. Les premiers effets de la nouvelle mouture de la loi sur les délais de paiement ne se feront sentir qu'à partir de 2018. Les TPME, catégories les plus touchées, devront encore patienter. Nous attendons également une stabilisation des défaillances d'entreprises du fait en grande partie du redressement du PIB, qui devrait avoisiner les 3,5%. Un point crucial à surveiller sur les TPE et qui commence à devenir critique: la dégradation continue de leurs marges depuis 2012. Bref, comparativement à 2016, nous attendons en 2017 plus de bonnes nouvelles du coté des entreprises».