L'étude d'impact du système marocain de garantie en faveur des PME a démontré que ce système a bénéficié non seulement à la cible, à savoir les TPME, à travers la facilitation de l'accès au financement, mais également aux autres acteurs du système. Les projets garantis offrent, en moyenne, un taux de rendement interne de 32%. Le point avec Hicham Zanati Serghini, Directeur général de la Caisse centrale de garantie. Finances News Hebdo : D'après l'étude d'impact que vous venez de réaliser, quels sont les principaux effets d'additionnalité économique et financière de la garantie institutionnelle pour toutes les parties prenantes essentiellement les PME ? Hicham Zanati Serghini : L'étude d'impact du système de garantie a permis de ressortir des données quantifiées qui renseignent sur l'additionnalité économique et financière de la garantie sur les différents agents économiques que sont les PME, les banques et l'Etat. Ainsi, les TPME (Très petites et moyennes entreprises) garanties ont pu bénéficier d'un accès facilité au financement: l'étude a montré que 8 projets sur 10 agréés par la CCG n'auraient pas été financés par les banques sans la garantie de la Caisse et que près des 2/3 des crédits avalisés ont été consentis grâce à son intervention. Le secteur bancaire a pu développer son portefeuille clients tout en optimisant ses risques car l'intervention de la CCG a permis d'encourager les banques à augmenter leurs engagements envers les TPME, une catégorie d'entreprises perçue comme plus risquée. La garantie institutionnelle a en outre favorisé l'ouverture de nouvelles opportunités d'affaires (crédits de fonctionnement, cautions...) qui accompagnent les prêts d'investissement garantis par la CCG. L'Etat a, pour sa part, bénéficié de retombées positives au niveau macroéconomique, notamment en termes de créations d'emplois et de ressources financières supplémentaires. L'étude a montré que la garantie contribue annuellement à hauteur de 0,11% au PIB et de 1,47% à la formation brute du capital fixe. Chaque dirham de dotation allouée par le Trésor public à la CCG permet de mobiliser des crédits bancaires de 15 DH qui financent des investissements de 22 DH. La garantie a, en outre, permis de générer des recettes fiscales directes et indirectes au titre des opérations bancaires et des activités des PME garanties. Les retombées globales sont estimées à 2,8 DH de recettes pour chaque dirham de dotation débloquée. F. N. H. : A quelle hauteur le taux de rendement couvre le coût d'opportunité des garanties ? H. Z. S. : Le fonctionnement du système de garantie s'appuie sur l'emploi de ressources financières allouées pour mobiliser, avec effet de levier, le plus de crédits possibles en faveur des TPME. L'évaluation du taux de rendement interne (TRI) consiste, à l'image d'un projet classique, à comparer les flux financiers générés aux dépenses nécessaires à la réalisation des activités. Dans le cas du système de garantie porté par la CCG, l'étude a montré que le TRI, évalué sur des bases très prudentes, se situe à 32%, nettement supérieur au coût d'opportunité ne dépassant guère 6%. Il est évident que la garantie institutionnelle, du fait de l'effet multiplicateur qu'elle offre et du non décaissement systématique et immédiat des engagements, produit un effet largement supérieur à des mesures comme les subventions et les ristournes d'intérêts. F. N. H. : Vu la faible contribution des PME au PIB et à l'investissement national, comment peut-on rehausser l'impact macroéconomique de la garantie institutionnelle du financement des PME ? H. Z. S. : Comme vous le savez, la faible contribution des PME au PIB et à l'investissement est due à un certain nombre de limites inhérentes à la structure même de cette catégorie d'entreprises : gouvernance, capitalisation, prédominance de l'informel.... Il faut rappeler que durant ces trois dernières années, l'activité de garantie en faveur des TPME a connu une réelle montée en puissance, atteignant plus de 2 Mds de DH d'engagement annuel en 2012. Le rapport des encours des crédits garantis en faveur de cette catégorie d'entreprises, au PIB s'élève quant à lui à 0,7%. Ces indicateurs témoignent de l'importance de la contribution de la garantie institutionnelle à la création de valeur. Pour améliorer davantage cette contribution, la CCG a élargi son périmètre d'intervention et s'est fixée des objectifs de production ambitieux. F. N. H. : Quelle est votre feuille de route après l'évaluation du plan de développement 2009-2012 ? H. Z. S. : La mise en œuvre des axes stratégiques du plan de développement 2009-2012 a permis à la CCG de consolider l'ancrage de la garantie dans le système financier national à travers des réalisations qui ont été multipliées par quatre en l'espace de quatre ans. En 2013, nous avons adopté un nouveau plan stratégique (pour la période 2013-2016) qui consacre les acquis et apporte un certain nombre d'innovations et d'améliorations, notamment au niveau du développement de l'offre-produits en faveur des TPME et de la poursuite du déploiement régional. Pour ce qui est de l'offre-produits, nous avons consolidé l'offre générique à travers la garantie du crédit-bail ainsi que des crédits à la transmission d'entreprises. Nous avons également mis en place de nouveaux produits spécifiques pour le soutien aux entreprises exportatrices et la création des TPME. Ce plan sera également marqué par une stratégie d'ancrage régional à travers la création de pas moins de 6 centres d'affaires. En termes chiffrés, le plan 2013-2016 vise notamment à mobiliser un volume de crédits de 18 Mds de DH en faveur de 8.600 TPME. F. N. H. : Vous avez signé récemment avec le ministère de l'Economie et des Finances et le GPBM, des accords qui visent à réduire en partie le coût de financement des entreprises exportatrices, à quel niveau la CCG intervient-elle, et quelles sont les premières retombées de ces accords ? H. Z. S. : La CCG propose une offre dédiée aux secteurs exportateurs qui englobe d'une part, un appui au financement des investissements, à travers le produit «Mezzanine Export» qui est un cofinancement entre les banques et la Caisse centrale de garantie. Notre intervention se fait via un prêt participatif permettant de cofinancer jusqu'à 40% du programme d'investissement à un taux de 2%. Nous garantissons d'autre part, les crédits de fonctionnement accordés par les banques aux entreprises exportatrices à hauteur de 70%. Enfin, nous appuyons la conquête de marchés à l'international à travers «le cautionnement des marchés à l'export» qui vise la garantie des financements bancaires accordés au titre des cautionnements exigés aux entreprises marocaines soumissionnaires ou titulaires de marchés de travaux, de fournitures ou de services à l'étranger. Les premières retombées de ces mesures sont positives puisque nous avons déjà agréé les premiers dossiers de TPME exportatrices qui ont pu bénéficier des différents instruments mis à leur disposition.