Deux banques qataries ont déposé des demandes d'agréments pour créer des banques participatives au Maroc : Qatar International Islamic Bank (QIIB) en association avec CIH et Masraf Al Rayan. Le marché marocain offre de grandes perspectives pour les investisseurs qui lorgnent aussi vers l'Afrique. Dernière ligne droite pour l'entrée sur le marché marocain des banques participatives. Bientôt les agréments seront accordés aux banques ayant fait la demande. Parmi elles, deux banques qataries: Qatar International Islamic Bank (QIIB) et Masraf Al Rayan. Le Qatar dispose d'une grande expérience en matière de finance islamique. En effet, les banques islamiques sont en tête du peloton dans ce pays. Sur les 18 banques que comptent l'émirat, quatre sont islamiques et détiennent une grande part du marché national, comme le souligne Adel Mohammed Abdulla Al-Baker, directeur adjoint des affaires bancaires de la Banque centrale qatarie, rencontré en marge du séminaire tenu à Rabat sur les vulnérabilités et politiques extérieures. Conscientes de la manne financière que la finance participative peut rapporter, les banques islamiques qataries visent le marché mondial. Elles ont les moyens financiers de concrétiser leurs ambitions. Le secteur qui pèse 2.000 milliards de dollars est prometteur malgré des chiffres en berne pour l'année 2016. En ce qui concerne le marché marocain, le royaume offre de grandes perspectives pour les investisseurs d'autant plus que le Maroc affiche une ambition particulière en matière de coopération Sud-Sud. «Casablanca Finance City permet de drainer le financement participatif pour l'orienter vers le marché domestique mais aussi vers les pays africains», assure le ministre de l'Economie et des finances, Mohamed Boussaïd. Qatar International Islamic Bank (QIIB), rappelons-le, entend s'associer avec le Crédit immobilier et hôtelier (CIH). Les deux banques ont signé en 2015 un accord pour la création d'une banque participative au Maroc dans le cadre de la stratégie d'investissement de QIIB à l'étranger et de la diversification de son portefeuille. En vertu de ce partenariat, QIIB va prendre une participation de 40% dans la future banque qui sera lancée après l'obtention de l'agrément. Quant à Masraf Al Rayan, cette banque est en pleine expansion. Elle détient Al Rayan Bank au Royaume-Uni ; un pays européen qui connaît un succès de la finance islamique, laquelle n'intéresse pas uniquement les musulmans. Abdeslam Ballaji Président de l'Association marocaine d'économie islamique Les Inspirations ECO : Quel regard portez-vous sur l'expérience qatarie en matière de finances islamiques ? Abdeslam Ballaji : L'expérience qatarie est l'une des premières en matière de finance islamique. À l'instar des Emirats arabes unis et du Koweït, cette expérience a été entamée au Qatar au milieu des années 70. Par la suite, elle s'est développée au Qatar. En 2014, l'Etat du Qatar a été classé huitième voire sixième en matière de finance islamique sur le plan international. Cette finance touche plusieurs domaines (les assurances, les «sukuk», les banques islamiques, Zakat, le waqf...). Elle ne concerne pas uniquement les banques. Comment le Maroc peut-il bénéficier de l'expérience qatarie ? Le Maroc pourra largement bénéficier de l'expérience qatarie en la matière. L'expérience et les ressources humaines sont indispensables. Qatar International Islamic Bank (QIIB) et Al Rayan qui misent sur le Maroc font partie des banques ayant de l'expérience et des ressources humaines expérimentées en matière de conformité avec les principes de la shariaa. Au sein de ces banques, des cadres marocains travaillent dans ce domaine. Il ne faut pas négliger le côté financier. La participation de QIIB va dépasser les 40% avec le CIH. Ce qui va drainer des devises au Maroc et contribuer à la formation et l'encadrement du personnel. L'emploi ne sera pas en reste dans le cadre de cette nouvelle expérience au Maroc. Quels sont les moyens qu'offre le marché marocain en matière de finance islamique ? Les moyens sont grands car le marché marocain est nouveau. On s'attend à atteindre de 7 à 8% du PIB. À cela, il faut ajouter les «sukuk» et l'assurance solidaire. Le bénéfice est ainsi grand d'autant plus que les banques marocaines ont un rayonnement au niveau du marché africain. On s'attend à ce que l'expérience des banques participatives, qui sera entamée au Maroc ait un impact au niveau africain. Outre le volet financier, les Africains prennent le Maroc en tant que modèle en matière de shariaa. Ce sera un levier de développement du partenariat tripartite.