À l'issue d'un débat qui a duré plusieurs heures, opérateurs économiques, élus et responsables régionaux ont émis diverses recommandations pour donner un coup de boost à l'investissement dans la région. Tour d'horizon des principales propositions. Export Création d'un port sec Béni Mellal-Khénifra est l'une des principales régions exportatrices de produits agricoles, notamment les agrumes. Pour ce faire, les opérateurs sont obligés de transporter leurs marchandises jusqu'au port de Casablanca pour effectuer les formalités de dédouanement. Une opération à haut risque: retard de livraison, détérioration des marchandises... À cela s'ajoutent les problèmes d'embarquement et de débarquement dus à l'entassement des conteneurs. Les opérateurs locaux revendiquent un port sec qui sera une plateforme intégrée de dédouanement permettant d'effectuer in situ les procédures liées aux opérations d'import-export. Financement Renforcer la présence des banques Les tracasseries liées au financement ont été décriées par plusieurs opérateurs. Les demandes de crédits sont examinées au niveau central, ce qui allonge les délais de traitement des dossiers. Au-delà de cette question d'ordre organisationnel, les investisseurs de la région évoquent plusieurs difficultés liées au financement. Il en va ainsi des taux des crédits jugés chers. «Le taux directeur est à 2,25%, alors que les taux des banques dépassent les 7%», tonne un chef d'entreprise membre de la CGEM régional. Produits agricoles Créer des stations de conditionnement Béni Mellal est connu pour sa production importante de produits agricoles, particulièrement les agrumes. Seulement, les stations de conditionnement, pièce-maîtresse dans l'opération de l'export, manquent cruellement au niveau de la région. De l'aveu même de Mohamed Derdouri, wali de la région de Béni Mellal-Khénifra, c'est l'un des maillons faibles de la filière. Traçabilité, sécurité alimentaire...Autant de conditions sine qua non pour se conformer aux normes des pays importateurs et particulièrement l'Union européenne. Développement Réduire les disparités entre les provinces «En termes de PIB, la région est la cinquième au niveau national. Mais au niveau du PIB par habitant, nous reculons à la 8e place. Cela est dû aux disparités entre les différentes provinces et communes de la région. À titre d'exemple, nous avons un médecin pour 10.000 habitants à Fqih Ben Salah». C'est ainsi que Rachid Chafik, vice-président du conseil régional, a décrit l'un des principaux défis de la région. Pour réduire le gap, le Plan de développement régional (PDR) a pris en charge la réduction des disparités. «Nous nous sommes basés sur les indicateurs économiques et sociaux pour élaborer notre stratégie. L'objectif est de mettre toutes les composantes de la région sur un pied d'égalité», indique Rachid Chafik. Phosphates Un écosystème régional autour d'OCP L'OCP est un acteur économique qui contribue au développement de la région. Dans son programme de développement, le groupe table sur une capacité d'extraction de ses unités à Khouribga et environ de 38 millions de tonnes par an contre 18 millions de tonnes actuellement. Pour ce faire, plusieurs projets miniers de développement sont programmés pour un investissement de près de 18 MMDH. Pour plusieurs opérateurs, il faut profiter de la dynamique que crée l'OCP pour tirer le tissu économique de la région. «Il faut créer un écosystème régional autour des activités d'OCP. Maintenance des matériels, matériaux de construction... plusieurs filières peuvent se développer autour de l'activité du groupe», estime Noureddine Darmouch, directeur du Centre régional d'investissement (CRI). Tourisme Améliorer la capacité et la qualité d'accueil La région de Béni Mellal-Khénifra, avec sa situation stratégique, sur le grand axe touristique FèsMarrakech-Casablanca mais également proche de l'Atlas et sa richesse en sites naturels et historiques, possède des atouts majeurs pour le développement des activités touristiques. Une multitude de sites touristiques, dont les cascades d'Ouzoud et le lac Bine El Ouidane ainsi que des vallées d'altitude (les plus célèbres étant la vallée des Aït Bouguemaz et celle de l'Oued Ahensal) qui offre diverses formes de tourisme. Mais l'activité touristique demeure très faible: la région accueille quelque 125.000 touristes par an. Pis encore, la moyenne de nuitées passées par un touriste est de 1,5, ce qui fait de Béni Mellal-Khénifra un lieu de transit plutôt qu'une destination touristique. Pour remonter la pente, les opérateurs du secteur insistent sur deux points: l'amélioration de la capacité et la qualité de l'accueil, ainsi que la promotion pour faire connaître les atouts touristiques de la région. Agro-industrie Renforcer le positionnement de la région L'agriculture est sans conteste le secteur le plus important de la région. Béni Mellal-Khénifra dispose en effet d'une superficie agricole utile de plus de 959.000 Ha, produisant 10% à 30% de la production agricole nationale, selon les filières. «Mais la valorisation de ces produits et leurs transformation demeure faible», estime le directeur du CRI. Pour lui, la région doit renforcer son positionnement sur l'agro-industrie. Plusieurs atouts plaident pour ce positionnement: l'installation de grandes unités agro-industrielles (Cosumar, Centrale Danone...) l'Agropole de Béni Mellal, qui est une plateforme industrielle intégrée (P2I), offrant aux investisseurs des lots industriels aménagés selon des standards internationaux.... Energies renouvelables Un secteur à promouvoir L'un des secteurs qui commencent à monter en puissance au niveau de la région est celui des énergies renouvelables. «La région a réalisé, durant les trois dernières années, un montant d'investissement dépassant les 3 MMDH, alors qu'elle dispose déjà d'un stock important de ressources renouvelables, lui permettant de se positionner comme l'un des principaux pôles de production de l'énergie propre, notamment dans l'énergie hydroélectrique», indique Noureddine Darmouch, directeur du Centre régional d'investissement. Plusieurs sites de production hydroélectriques commencent en effet à se développer, notamment à Tillouguit, Ahançal et Boutferda. Formation Investir dans le capital humain C'est une nécessité pour accompagner le développement économique de la région. Le capital humain est en effet l'un des critères retenus par les investisseurs pour choisir le lieu d'implantation. Béni Mellal-Khénifra a déjà une assise importante avec l'Université Moulay Slimane, qui offre plus de 140 programmes de formation dans différentes filières. Mieux encore, à en croire Amine El Houssaini, des écoles d'ingénieur devront bientôt s'installer dans la région, ce qui devrait renforcer les qualités des ressources humaines des jeunes de la région.